Isabelle et Jean-Robert nous ont acceuilli pour un Festiv'books ( pique-nique et lecture) dans leur magnifique et luxuriant jardin.Il a fait beau à Blacqueville, le 26 juin, il a fait chaud, très chaud...
photos©Voyelle
et pourtant les mets et mots ont circulés sous les pommiers ...
photos©Voyelle
mises en bouche de quelques auteurs et présentation de sublimes albums de photographies...
"Rosa Candida" de Audur Ava Ólafsdóttir
Editions Zelma 2010
Roman traduit de l'islandais par Catherine Eyjólfsson
Chez l'éditeur...
En route pour une ancienne roseraie du continent, avec dans ses bagages deux ou trois boutures de Rosa Candi, Arnljotur part sans le savoir à la rencontre d'Anna et de sa petite fille, là-bas, dans un autre éden oublié du monde et gardé par un moine cinéphile.
Prix Page des Libraires 2010 (Europe)
Prix des libraires du Québec (Roman hors Québec)
Prix des Amis du Scribe 2011
Pour en savoir plus...
L’Islande, qui signifie « terre de glace », est aussi une terre de feu, avec ses
volcans et son tellurisme. Le roman d’Audur Ava Ólafsdóttir commence dans un paysage crépusculaire de laves couvertes de lichens. Très vite, nous subjugue cette vertu première de toute fiction
qui est de suspendre en nous toute réticence, de nous mettre dans cet état de grâce de la lecture. L’empathie pour le narrateur nous met corps et âme à sa place, dans sa peau même, avec une sorte
de sentiment provisoire de délivrance. Accueilli dans l’intimité d’un mode de vie guère éloigné du notre, nous faisons vite connaissance avec le garçon des roses, jeune protagoniste qui
nous raconte son aventure australe avec une désopilante candeur, un naturel séraphique.
Arnljotur va quitter la maison de naissance, son frère jumeau autiste et son vieux père octogénaire. De vingt ans plus jeune, la mère
est morte récemment dans un accident de voiture. Mourante dans le tas de ferraille, elle a trouvé la force de téléphoner aux siens depuis son portable et de donner quelques tranquilles
recommandations à son fils qui, le premier à décrocher, aura écouté sans s’en rendre compte les dernières paroles d’une mère adorée, sans doute un tantinet new age, portée sur les
sagesses orientales. Un lien les unissait : le jardin et la serre où celle-là, horticultrice émérite, cultivait dans sa roseraie une espèce rare de rosa candida à huit pétales. Le
narrateur, depuis l’enfance, partageait cette passion des graines, des boutures et des surgissements floraux. Le jardin est bien pour lui une figure de l’éden, du paradis perdu, avec une mère en
Eve tutélaire (et un père plutôt en saint Joseph). C’est dans cette serre que le jeune Arnljotur aura aimé Anna une amie d’un ami, un petit bout de nuit, et l’aura mis innocemment enceinte. Anna,
étudiante en biologie, vit sa vie et se rappelle à lui. Notre candide qui s’interroge tellement sur le corps, la mort et les roses reverrait volontiers le bébé et sa mère. Prêt à aimer
toute manifestation de vie en saint François des fleurs. C’est qu’il ne connaît pas la faute et cherche seulement la chaleur des choses.
Tout commence à vrai dire avec un départ. D’une simplicité de cœur adamique, le jumeau
dépareillé pourtant doué pour les études ne rêve que d’une vie de jardinier de l’éden. Et sur le continent, dans un pays hyperboréen voisin, il y a une roseraie légendaire rattachée à un
ermitage qui demande à être sauvée de l’abandon. En route pour cette destination, avec dans ses bagages deux ou trois rosa candida de sa mère en pots, Arnljotur part sans le savoir à la
rencontre d’Ana et de sa petite fille, là-bas, dans un autre éden oublié du monde et gardé par un moine cinéphile. D’une tendre cocasserie qui surprend par l’étonnante justesse de ton donnée à la
narration d’un jeune homme infiniment naïf, lequel semble n’avoir aucunement hérité des valeurs viriles, ce roman de l’Islandaise Audur Ava Olafsdottir offre une immersion onirique dans un
univers comme dédramatisé par la toute présence des fleurs, des roses en particulier, de cette merveille florale qui s’empare de la narration et s’étend aux êtres et aux lieux.
Le héros candide de cette histoire, si affectueux avec ses roses et son nourrisson conçu comme elles dans une serre, se vit avec une étrange plénitude féminine, à l’image de sa mère morte,
peut-être, dans l’accueil et l’acquiescement. D’un réalisme sans affèterie, tout l’art d’Audur Ava Ólafsdóttir réside dans le décalage du personnage, si
éloigné des clichés du héros mâle dépressif à la mode, jeune homme pétri d’une sensibilité d’ordinaire attribuée aux femmes. Cette insolite justesse psychologique, étrange comme le jour
austral, s’épanouit dans un road movie en forme d’initiation à la vie adulte dont notre héros sort plus ingénu que jamais, avec son angelot sur le dos.
Petit lexique thématique de Rosa candida
Arbre
« Est-ce qu’un homme élevé dans les profondeurs obscures de
la forêt, où il faut se frayer un chemin au travers de multiples épaisseurs d’arbres pour aller mettre une lettre à la poste, peut comprendre ce que c’est que d’attendre pendant toute sa jeunesse
qu’un seul arbre pousse ? »
Biologie végétale
« Nous devions sans doute causer de biologie végétale et avant que j’aie pu m’en rendre compte, nous étions en train de nous déshabiller.
Tout le reste est resté flou dans ma mémoire. Il m’a semblé pourtant voir brièvement une lueur dans la nuit, étrangement près, comme s’il faisait jour au niveau de la congère. Cela a donné
l’espace d’un instant une clarté aveuglante dans la serre, la lumière s’est frayé un chemin à travers les plantes et a dessiné un motif de feuilles sur le corps de mon amie. J’ai écarté les
pétales de rose de son ventre et au même instant, nous avons senti nettement tous les deux un courant d’air, comme le bruit d’un ventilateur qu’on aurait allumé. »
Corps
« Ma perception des passants en tant que corps me dérange et
si je n’y mets pas bon ordre, elle pourrait m’empêcher d’avoir des relations normales avec les gens et d’apprendre leur idiome comme j’en ai l’intention. Je prends toutefois bien soin de ne
heurter personne, car je ne saurais demander pardon dans cette nouvelle langue. Maman était d’ailleurs comme ça, tout axée sur le contact physique, elle me tenait toujours quelque part quand nous
nous parlions. J’avais du mal à rester tranquille quand j’étais enfant, j’avais la bougeotte. »
Destin
« Et s’il m’arrivait, à moi aussi, de croiser mon destin sur
la même route ; disons que je rentrerais dans un arbre et bousillerais la voiture ; le pare-brise se briserait sur l’actrice et moi et nous péririons ensemble, côte à côte. À quoi penserait Anna,
la mère de mon enfant, quand elle apprendrait la nouvelle ? On retrouverait peut-être un petit quelque chose dans la forêt, la scène finale, détrempée, de la Maison de poupée ; les sauveteurs
oublient toujours quelque chose. Ou bien, ce qui serait tout aussi vraisemblable, quelqu’un mettrait les feuillets dans mon sac en plastique et papa recevrait ces papiers mystérieux qu’il ne
comprendrait pas. »
Épilobe
« — Il y a des épilobes roses qui poussent, par-ci par-là,
sur la grève de sable noir. Je trouve qu’il est important qu’une personne élevée au milieu de la forêt comprenne précisément cela, qu’une fleur puisse pousser ça et là, toute seule sur une dune
de sable noir et parfois dans le canyon d’une rivière, toute seule là aussi. Dès que je nomme l’épilobe, je deviens un peu sentimental.
— Est-ce qu’on les cueille, ces fleurs-là ? »
Hasard
« Ce que moi j’appelle hasard ou occasion, selon le cas, est
pour papa un élément d’un système complexe. Trop de coïncidences, ça n’existe pas, une à la rigueur, mais pas trois ; pas de coïncidences qui se répètent en série, dit-il : l’anniversaire de
maman, la date de naissance de sa petite-fille et le jour de la mort de maman, tout ça le même jour du calendrier, le sept août. Pour ma part, je ne comprends pas les calculs de papa ; d’après
mon expérience, c’est justement quand on se met à escompter quelque chose de précis, que toute autre chose arrive. Je n’ai rien contre la marotte d’un électricien à la retraite à condition que
ses calculs n’aient rien à voir avec ma négligence en matière d’utilisation des préservatifs. »
Infini
« Comment dit-on infini ? Si je pouvais dire infini, je
pourrais mener la conversation vers des domaines abstraits. La comédienne me tend la perche.
— Intemporel ?
— Non, pas tout à fait.
— Immortel ?
— Oui, je crois, dis-je, immortel.
— Cool, dit-elle.
Il me vient alors à l’idée que je pourrais aussi évoquer l’effet d’imprimer dans la neige craquante les premiers pas du jour. »
Mousse
« — Parle-moi de quelque chose de ton pays.
— Mousse.
— C’est gentil.
À peine ai-je prononcé le mot mousse, que je sais me trouver dans le pétrin. Ce n’est pas possible d’étirer la mousse en sujet de conversation. Je pourrais tout au plus énumérer les espèces de
mousses, mais ça ne serait guère un échange.
— Elle est comment, la mousse ?
Si j’avais accès aux mots, je dirais à cette étoile montante du cinéma que la mousse est une éponge filandreuse, qu’on met du temps à parcourir car si les dix premiers pas se font sans peine,
quand il s’agit de traverser un vaste champ de lave couvert de mousse, c’est comme marcher toute la journée sur un tapis de gymnastique. Ça fait mal au tendon d’Achille de s’enfoncer dans la
mousse pendant quatre heures d’affilée, ça peut représenter plus de courbatures que de grimper en haut d’une montagne. Si l’on arrache de la mousse, une plaie se forme dans le sol et la terre
s’envole en poussière. Je serais tout disposé à lui dire quelque chose d’inhabituel, que personne ne lui aurait dit avant moi, mais mes capacités linguistiques ne permettent pas le moindre
panache et si je mentionnais les nuances de la mousse et son odeur après l’averse, je serais dans le registre des sentiments, comme un homme qui va se fiancer. Je ne vais pas me laisser aller à
lui avouer quoi que ce soit, c’est pourquoi je n’en dis pas plus que ce que je maîtrise en grammaire :
— Une plante qui est comme un tapis de gymnastique. »
Rose
« — Rosa gallica, rosa mundi, rosa centrifolia, rosa
hybrida, rosa multiflora, rosa candida, énumère frère Matthias.
Tandis que je le parcours avec lui, « Le Merveilleux Jardin des Roses Célestes », tel qu’il est nommé dans les vieux livres, prend corps peu à peu dans mon esprit. Il va falloir commencer par arracher les mauvaises
herbes et tailler les plantes — ce qui pourrait prendre deux semaines en travaillant dix heures par jour ; ensuite il faudra élaguer et planter à nouveau. Je choisis déjà un endroit abrité et
ensoleillé pour la nouvelle espèce de rose que je vais ajouter. Elle ne sera peut-être pas très visible au début et ne fleurira pas tout de suite, mais ici sont justement réunies les conditions
et la lumière pour qu’une nouvelle variété de rose inconnue se mette à pousser dans le terreau fertile. Il n’est pas possible de s’en remettre plus longtemps aux fioles de l’hôpital, on ne peut
cultiver éternellement la vie dans du coton. Je décide de ne pas tarder davantage à mentionner la rose à huit pétales qui se trouve sur la tablette de la fenêtre de la pension, et je sors la
photo d’une rose épanouie dans une serre. »
Roseraie
« La plus célèbre roseraie du monde n’est plus que l’ombre de
ce qu’elle était, comme frère Thomas me l’avait répété d’ailleurs trois fois. Dalles et sentiers sont ensevelis sous les mauvaises herbes, les rosiers des plates-bandes se sont emmêlés
inextricablement. Il y a eu jadis une pièce d’eau au milieu du jardin, avec de la pelouse et des bancs. Bien que la négligence et l’abandon sautent aux yeux partout, je reconnais le jardin
aussitôt, d’après les dessins. »
Serre
« Je suis bien obligé de me demander comment deux personnes,
qui ne se connaissent pas, ont pu faire pour fabriquer un enfant aussi divin dans des conditions aussi primitives et inadéquates que celles d’une serre. Il s’en faut de peu que je n’éprouve du
remords. Plein de gens ont tout juste, se courtisent de manière constructive, accumulent peu à peu les biens du ménage, fondent un foyer, ont la maturité nécessaire pour résoudre leurs
différends, paient leurs traites à échéance et n’arrivent quand même pas à fabriquer l’enfant dont ils rêvent. »
Trou
« Une fois dans mon lit, entre les draps propres, avec un
livre sur la langue que l’on parle autour de moi, je me sens terriblement seul. À vrai dire, je ne comprends pas ce qui m’a pris de venir ici, dans ce trou perdu. J’arrange l’oreiller et
m’allonge de manière à pouvoir regarder par la fenêtre dans la nuit noire. Si je ne m’abuse, c’est la pleine lune. J’inspecte mieux le firmament ; il n’y a pas à s’y tromper, la lune est d’une
grosseur inquiétante et elle est beaucoup trop proche ; quant à mes étoiles natales, elles ont disparu de la carte, elles ne luisent nulle part ; on voit à leur place d’autres astres hostiles,
une configuration stellaire inconnue, un schéma nouveau, indéchiffrable, inscrit sur la noire voûte céleste. »
Arno Fischer: The garden. Le Jardin
Photographs by Arno Fischer. Photographies par Arno Fischer. Texte deThomas Martin. Texte de Thomas Martin. Edited by TO Immisch and Bernd Heise.
Edité par AU Immisch et Bernd Heise.
Hatje Cantz, Ostfilbern, 2007. Hatje Cantz, Ostfilbern, 2007
Description de l'éditeur
En 1978, le photographe Arno Fischer emménagé dans l'un des originaux de la planète vivent-espaces de travail, une maison de ferme. Il aménagea un jardin, un étang et des volières, et a commencé à photographier les visiteurs ailés avec un Polaroid SX70.Les triptyques qui en résultent sont publiées ici pour la première fois.
Publisher's Description
In 1978, photographer Arno Fischer moved into one of the world's original live-work spaces, a farmhouse. He laid out a garden, a pond and aviaries, and began to photograph winged visitors with a Polaroid SX70. The resulting triptychs are published here for the first time.
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"Pas facile de voler des chevaux" de Per Petterson
Editions Folio -2006
Traduit du norvégien par Terje Sinding
Résumé de l'éditeur
L'été 1948, Trond a quinze ans, et il est heureux d'être seul avec son père en vacances, dans un village près de la
frontière suédoise. Il y retrouve son camarade Jon qui lui propose un matin d'aller «voler des chevaux». Il s'agit en réalité d'emprunter les chevaux d'un propriétaire terrien pour une petite
échappée. Trond accepte, malgré une certaine appréhension, et l'aventure se termine mal pour lui : il tombe de cheval et se blesse, puis assiste, impuissant, à une étrange explosion de rage et de
violence chez son ami. Son père lui apprend alors que la veille, un effroyable accident est survenu dans la famille de Jon qui quitte le village peu après. Trond passe alors le reste de l'été en
compagnie de son père, dont il se sent de plus en plus proche. Quand un voisin lui révèle que ce dernier a été un membre actif de la Résistance pendant l'Occupation de la Norvège, il ne se doute
pas encore que les événements dramatiques survenus pendant la Seconde Guerre mondiale vont jeter leur ombre sur sa propre famille et lui ravir son père.
Plus de cinquante ans après, Trond décide de se retirer à la campagne au nord-est de la Norvège. Il a le sentiment que
son rêve de quiétude est en passe de se réaliser mais un soir, il fait la connaissance de son voisin Lars, en qui il reconnaît le petit frère de Jon.
Pas facile de voler des chevaux est un livre d'une intensité dramatique rare, habilement construit autour des
secrets des personnages principaux. Les réminiscences d'un narrateur au soir de sa vie et son évocation d'un été inoubliable sont tout simplement bouleversantes.
L'œuvre de Jean Marc Tingaud s’identifie à une série photographique, initiée en 1985 et rassemblée sous le titre “Intérieurs”. D’emblée, elle a été remarquée et référencée par la critique et figure dans le très sélectif "Photo Book" de Phaïdon, parmi les 500 œuvres les plus marquantes de l'histoire de la photographie internationale.
Depuis, inlassablement, l’auteur continue à parcourir le monde à la recherche des traces de l'intime. Enrichie de nouvelles séries inédites, la compilation de ces “portraits”, témoins de destinées singulières, nous renvoie à l’universel de la condition humaine, et résonne, immanquablement en chacun de nous.
Jean Marc Tingaud prépare une nouvelle édition, revue et augmentée, du livre “Intérieurs” paru en 1992, et une exposition internationale des photographies produites entre 1985 et 2010. Agence sb
Intérieurs - jean-Marc Tingaud.pdf
"Les oliviers du Négus" de Laurent Gaudé
Editions Actes Sud - mai 2011
4ème de couverture
"Les oliviers de Négus" Un vieil homme croit entendre chevaucher Frédéric II dans le royaume des Enfers."Le bâtard du bout du monde" Un centurion marche vers une Rome gangrénée dont il devance l'agonie."Je finirai à terre" Un soldat des tranchées fuit le "golem" que la terre a façonné pour punir les hommes."Tombeau pour Palerme"Un juge anti-mafia tient le compte à rebours de sa propre exécution...
Dans la proximité de la guerre ou de la mort surgissent ces quatre récits où les héros - certes vaincus, mais non déchus - prononcent d'ultimes paroles. Ils veulent témoigner, transmettre, ou sceller des adieux. Minuscules fantassins de la légende des siècles, ils affrontent une Histoire lancée dans sa course aveugle. Et ils profèrent la loi tragique - celle de la finitude - qui, au-delà de toute conviction, donne force et vérité à leur message. D'où la dimension orale de ces textes qui revisitent la scène de l'oeuvre romanesque et, de Cris à La Porte des Enfers, réorchestrent des thèmes chers à Laurent Gaudé, auxquels la forme brève donne une singulière puissance.
EXTRAIT "Les oliviers de Négus"
La mort convoque. C'est ainsi. Elle nous écarte pour un temps du rythme du monde et nous met en arrêt. Je veux être là-bas, avec ceux qui me sont chers. Je veux me pencher sur le vide que laisse la mort comme on le fait en haut d'une cascade, les oreilles bourdonnant du fracas des eaux, essayant en vain d'apercevoir l'abîme, plein d'un respect peureux face à la beauté des choses et leur caractère immuable. Je veux être à Peschici, sur ces terres qu'il a tant aimées et qui l'ont, elles, tant humilié. Si la terre peut cracher, elle le fit sur cet homme qui n'aimait rien tant que le silence des champs d'oliviers. Le Négus est mort. Je repense à son visage strié de rides, à sa voix rauque de fumeur de tabac, à ses yeux bleus qui illuminaient son visage lorsqu'il riait ou qui lui donnaient un air d'oiseau de proie quand il serrait les mâchoires. Je repense à ce vieil homme de quatre-vingt-douze ans qui vient de mourir et je me hâte comme si, en me pressant, je pouvais espérer arriver au village à temps pour sentir encore quelque chose de lui, un parfum, un souvenir, avant que tout ce qu'il a été ne s'évanouisse définitivement, dans la chaleur hébétée du mois d'août.
Je roule sur l'autoroute, dépassant Avellino et Candela. Dans la grande plaine de Foggia, c'est à nouveau à ces deux personnages que je pense : Zio Négus et Frédéric II. Ils sont liés. Tous deux ont parcouru ces terres. Tous deux ont été fous au point de faire trembler les hommes qu'ils croisaient. Zio Négus parlait sans cesse de Frédéric II. Il le faisait avec fièvre comme si ce nom excitait en lui une joie nerveuse. Il le faisait en pointant du doigt les rues alentour et les places. "Tout s'est passé là, disait-il sans cesse. Chaque pierre porte la trace de son passage."
EXTRAIT lu par Laurent Gaudé "Tombeau pour Palerme"
Editions Steidl - 2008
Résumé de l'éditeur
«J'ai
commencé comme photographe de mode. On ne peut pas dire que j'ai réussi, mais il y avait suffisamment de travail pour me tenir occupé. J'ai collaboré avec le HARPER'S BAZAAR et d'autres magazines. J'étais constamment conscient du fait que ceux qui m'ont embauché aurait préféré travailler avec une star comme Richard Avedon. Mais il n'avait pas d'importance. J'ai eu du travail et j'ai fait un séjour. Dans le même temps, j'ai pris mes propres photos. Bizarrement, je savais exactement ce que je voulais et ce que j'ai aimé. "
Saul Leiter est un peintre et seulement lorsqu'il est devenu un photographe photographie couleur pourrait englober la palette de couleurs distinctes qu'il voulait inclure dans ses images. Depuis les années 1940, cette invétérés Walker a chalutage dans les rues de New York, capturant ses couleurs et l'esprit. Son goût pour le désordre, la solitude et insaisissable font de lui un artiste unique, complètement indifférentes rejoindre la foule.
«J'ai passé une grande partie de
ma vie d'être ignoré. J'ai toujours été très heureuse de cette façon. Etre ignoré est un grand privilège. Voilà comment je crois que j'ai appris à voir ce que les autres ne voient pas et à réagir aux situations différemment. J'ai simplement regardé le monde, pas vraiment prêt à tout. "
Ce livre contient plusieurs images en couleur inédites et ses premières photos en noir et blanc.
“I started out as a fashion photographer. One cannot say that I was successful but there was enough work to keep me busy. I collaborated with Harper’s Bazaar and other magazines. I was constantly aware that those who hired me would have preferred to work with a star such as Avedon. But it didn’t matter. I had work and I made a living. At the same time, I took my own photographs. Strangely enough, I knew exactly what I wanted and what I liked.”
Saul Leiter was a painter and only became a photographer when color photography could encompass the distinct color palette he wanted to include in his images. Since the 1940s, this inveterate walker has trawled the streets of New York, capturing its colors and spirit. His liking for disarray, solitude and elusiveness make him a unique artist, quite unconcerned about joining the throng.
“I spent a great deal of my life being ignored. I was always very happy that way. Being ignored is a great privilege. That is how I think I learnt to see what others do not see and to react to situations differently. I simply looked at the world, not really prepared for anything.”
This book contains several previously unpublished color pictures and his early black and white pictures.
Saul Leiter, fils d'un rabbin, est né à Pittsburgh en 1923.. Son travail est dans les collections du Museum of Fine Arts de Houston, The Art Institute of Chicago; Le Musée d'Art de Baltimore, le Victoria and Albert Museum, Londres, et d'autres collections publiques et privées.
Saul Leiter was born in Pittsburgh in 1923, the son of a rabbi. His work is in the collections of The Museum of Fine Arts, Houston; The Art Institute of Chicago; The Baltimore Museum of Art; the Victoria and Albert Museum, London; and other public and private collections.
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"Moumine Le Troll" de Tove Jansson
Editions Nathan - 1968
Les Moumines, ou Moomins (en suédois Mumintroll ; en suomi Muumi) sont des personnages créés par la Finlandaise suédophone Tove Jansson. Il s'agit d'une famille de gentils trollsressemblant à des hippopotames.
Les Moumines vivent dans la vallée des Moumines, vallée imaginaire donnant sur le golfe de Finlande. Ils semblent se réduire à une seule famille, composée de Papa Moumine, Maman Moumine et leur fils Moumine.
Ce dernier est le héros de plusieurs livres de Tove Jansson, qui commence à s'intéresser à lui en 1945 lorsqu'elle en fait le héros d'Une comète au pays de Moumine, le premier volume de la série: lorsqu'unecomète s'approche, il part avec son ami Snif dans les Collines sauvages pour rallier l'observatoire et suivre la progression de la comète. Ils rencontrent tous deux le Renaclerican, qui devient l'un des personnages récurrents de la série.
Les trois amis découvrent le chapeau d'un magicien dans Moumine le troll
"Les aventures de Moomin, Moomin et la mer " de Tove Jansson
Editions Le Petit Lézard - 2008
Présentation de l'éditeur
Cet ouvrage est le deuxième tome traduit en français des uvres de bandes dessinées de Tove Jansson, après l'excellent accueil réservé au premier tome Ces huit aventures sont originellement parues en langue anglaise, sous forme de strips, dans les pages du London Evening News dans les années 50. Fleuron de la culture populaire scandinave, nous retrouvons Moomin, sa famille bohème et toute une galerie de créatures étonnantes -maniaco-dépressifs, obsédés acariâtres, égoïstes, rêveurs ou philosophes et plus que jamais, dans ces nouvelles aventures qui moquent notre nature humaine versatile, Moomin nous offre une leçon de savoir vivre... ensemble et heureux. Les histoires, qui sont racontées avec un humour à froid mais pas glacé, s adressent aux enfants comme aux adultes. Malgré l aspect patrimonial de cette édition, la bande dessinée de Moomin n en demeure pas moins d une rare modernité.
"La bouche pleine, Poèmes pressés" de Bernard Friot
Editions Milan jeunesse - 2008
4ème de couverture
A consommer de préférence avant la date indiquée sur le dessus du paquet. A stocker dans un endroit sec. A déguster avec une noix de beurre. A sucer sans croquer. A diluer dans un verre d'eau sucrée. A renifler prudemment avant d'avaler. A prendre avec des pincettes. A planquer sous son lit pour ne pas se le faire piquer par le petit frère. A jeter vite fait bien fait dans la bouche d'égout. A recracher immédiatement en cas d'absorption par inadvertance. A laisser reposer en paix pour toujours. Un livre à consommer sans modération et à mettre à toutes les sauces.
Le recueil se compose de courts poèmes souvent drôles et percutants mis en page avec audace. Les textes sont regroupés autour de quatre thèmes : « J’ai faim de vocabulaire » où l’auteur explore le langage : rythmes, assonances, expressions, métaphores… ; « Allez, à table… » : autour des codes du bien manger, « J’ai envie de te croquer » sensualité, désir… entre gourmandise, amour, et dévoration ; « J’ai un poids sur l’estomac », liaison étroite entre les sens et les émotions. Syndicat National Unitaire des Instituteurs, Professeurs des écoles et PEGC.
EXTRAIT
mousse
Sur ta bouche le mot bulle et pétille
Dis-le encore
mousse mousse
Tes lèvres s’ouvrent sur le m
Le s est un long soupir
Je ferme les yeux
Je verse le mot dans un verre et si je le bois
Ça piquera un peu
mousse
Sur ta bouche le mot roule et s’attendrit
Dis-le encore
mousse mousse
M tes lèvres font la moue
S ta langue caresse tes dents
Je ferme les yeux
Je prends le mot à la petite cuillère
Et si j’avale
Je saurai quel goût tu as