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3 juillet 2011 7 03 /07 /juillet /2011 10:15

Isabelle et Jean-Robert nous ont acceuilli pour un Festiv'books ( pique-nique et lecture) dans leur magnifique et luxuriant jardin.Il a fait beau à Blacqueville, le 26 juin, il a fait chaud, très chaud...

 

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photos©Voyelle

 

et pourtant les mets et mots ont circulés sous les pommiers ...

 

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photos©Voyelle

 

 

 

mises en bouche de quelques auteurs et présentation de sublimes albums de photographies...

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"Rosa Candida" de Audur Ava Ólafsdóttir

Editions Zelma 2010

Roman traduit de l'islandais par Catherine Eyjólfsson

 

Chez l'éditeur...

En route pour une ancienne roseraie du continent, avec dans ses bagages deux ou trois boutures de Rosa Candi, Arnljotur part sans le savoir à la rencontre d'Anna et de sa petite fille, là-bas, dans un autre éden oublié du monde et gardé par un moine cinéphile.


Prix Page des Libraires 2010 (Europe)
Prix des libraires du Québec (Roman hors Québec)
Prix des Amis du Scribe 2011


Pour en savoir plus...


L’Islande, qui signifie « terre de glace », est aussi une terre de feu, avec ses volcans et son tellurisme. Le roman d’Audur Ava Ólafsdóttir commence dans un paysage crépusculaire de laves couvertes de lichens. Très vite, nous subjugue cette vertu première de toute fiction qui est de suspendre en nous toute réticence, de nous mettre dans cet état de grâce de la lecture. L’empathie pour le narrateur nous met corps et âme à sa place, dans sa peau même, avec une sorte de sentiment provisoire de délivrance. Accueilli dans l’intimité d’un mode de vie guère éloigné du notre, nous faisons vite connaissance avec le garçon des roses, jeune protagoniste qui nous raconte son aventure australe avec une désopilante candeur, un naturel séraphique.
   
Arnljotur va quitter la maison de naissance, son frère jumeau autiste et son vieux père octogénaire. De vingt ans plus jeune, la mère est morte récemment dans un accident de voiture. Mourante dans le tas de ferraille, elle a trouvé la force de téléphoner aux siens depuis son portable et de donner quelques tranquilles recommandations à son fils qui, le premier à décrocher, aura écouté sans s’en rendre compte les dernières paroles d’une mère adorée, sans doute un tantinet new age, portée sur les sagesses orientales. Un lien les unissait : le jardin et la serre où celle-là, horticultrice émérite, cultivait dans sa roseraie une espèce rare de rosa candida à huit pétales. Le narrateur, depuis l’enfance, partageait cette passion des graines, des boutures et des surgissements floraux. Le jardin est bien pour lui une figure de l’éden, du paradis perdu, avec une mère en Eve tutélaire (et un père plutôt en saint Joseph). C’est dans cette serre que le jeune Arnljotur aura aimé Anna une amie d’un ami, un petit bout de nuit, et l’aura mis innocemment enceinte. Anna, étudiante en biologie, vit sa vie et se rappelle à lui. Notre candide qui s’interroge tellement sur le corps, la mort et les roses reverrait volontiers le bébé et sa mère. Prêt à aimer toute manifestation de vie en saint François des fleurs. C’est qu’il ne connaît pas la faute et cherche seulement la chaleur des choses.

  
Tout commence à vrai dire avec un départ. D’une simplicité de cœur adamique, le jumeau dépareillé pourtant doué pour les études ne rêve que d’une vie de jardinier de l’éden. Et sur le continent,  dans un pays hyperboréen voisin, il y a une roseraie légendaire rattachée à un ermitage qui demande à être sauvée de l’abandon. En route pour cette destination, avec dans ses bagages deux ou trois rosa candida de sa mère en pots, Arnljotur part sans le savoir à la rencontre d’Ana et de sa petite fille, là-bas, dans un autre éden oublié du monde et gardé par un moine cinéphile. D’une tendre cocasserie qui surprend par l’étonnante justesse de ton donnée à la narration d’un jeune homme infiniment naïf, lequel semble n’avoir aucunement hérité des valeurs viriles, ce roman de l’Islandaise Audur Ava Olafsdottir offre une immersion onirique dans un univers comme dédramatisé par la toute présence des fleurs, des roses en particulier, de cette merveille florale qui s’empare de la narration et s’étend aux êtres et aux lieux.
  
Le héros candide de cette histoire, si affectueux avec ses roses et son nourrisson conçu comme elles dans une serre, se vit avec une étrange plénitude féminine, à l’image de sa mère morte, peut-être, dans l’accueil et l’acquiescement. D’un réalisme sans affèterie, tout l’art d’Audur Ava Ólafsdóttir
réside dans le décalage du personnage, si éloigné des clichés du héros mâle dépressif  à la mode, jeune homme pétri d’une sensibilité d’ordinaire attribuée aux femmes. Cette insolite justesse psychologique, étrange comme le jour austral, s’épanouit dans un road movie en forme d’initiation à la vie adulte dont notre héros sort plus ingénu que jamais, avec son angelot sur le dos.

 

Petit lexique thématique de Rosa candida  


Arbre
« Est-ce qu’un homme élevé dans les profondeurs obscures de la forêt, où il faut se frayer un chemin au travers de multiples épaisseurs d’arbres pour aller mettre une lettre à la poste, peut comprendre ce que c’est que d’attendre pendant toute sa jeunesse qu’un seul arbre pousse ? »

 

Biologie végétale
« Nous devions sans doute causer de biologie végétale et avant que j’aie pu m’en rendre compte, nous étions en train de nous déshabiller. Tout le reste est resté flou dans ma mémoire. Il m’a semblé pourtant voir brièvement une lueur dans la nuit, étrangement près, comme s’il faisait jour au niveau de la congère. Cela a donné l’espace d’un instant une clarté aveuglante dans la serre, la lumière s’est frayé un chemin à travers les plantes et a dessiné un motif de feuilles sur le corps de mon amie. J’ai écarté les pétales de rose de son ventre et au même instant, nous avons senti nettement tous les deux un courant d’air, comme le bruit d’un ventilateur qu’on aurait allumé. »

 

Corps
« Ma perception des passants en tant que corps me dérange et si je n’y mets pas bon ordre, elle pourrait m’empêcher d’avoir des relations normales avec les gens et d’apprendre leur idiome comme j’en ai l’intention. Je prends toutefois bien soin de ne heurter personne, car je ne saurais demander pardon dans cette nouvelle langue. Maman était d’ailleurs comme ça, tout axée sur le contact physique, elle me tenait toujours quelque part quand nous nous parlions. J’avais du mal à rester tranquille quand j’étais enfant, j’avais la bougeotte. »

 

Destin
« Et s’il m’arrivait, à moi aussi, de croiser mon destin sur la même route ; disons que je rentrerais dans un arbre et bousillerais la voiture ; le pare-brise se briserait sur l’actrice et moi et nous péririons ensemble, côte à côte. À quoi penserait Anna, la mère de mon enfant, quand elle apprendrait la nouvelle ? On retrouverait peut-être un petit quelque chose dans la forêt, la scène finale, détrempée, de la Maison de poupée ; les sauveteurs oublient toujours quelque chose. Ou bien, ce qui serait tout aussi vraisemblable, quelqu’un mettrait les feuillets dans mon sac en plastique et papa recevrait ces papiers mystérieux qu’il ne comprendrait pas. »

 

Épilobe
« — Il y a des épilobes roses qui poussent, par-ci par-là, sur la grève de sable noir. Je trouve qu’il est important qu’une personne élevée au milieu de la forêt comprenne précisément cela, qu’une fleur puisse pousser ça et là, toute seule sur une dune de sable noir et parfois dans le canyon d’une rivière, toute seule là aussi. Dès que je nomme l’épilobe, je deviens un peu sentimental.
— Est-ce qu’on les cueille, ces fleurs-là ? »

 

Hasard
« Ce que moi j’appelle hasard ou occasion, selon le cas, est pour papa un élément d’un système complexe. Trop de coïncidences, ça n’existe pas, une à la rigueur, mais pas trois ; pas de coïncidences qui se répètent en série, dit-il : l’anniversaire de maman, la date de naissance de sa petite-fille et le jour de la mort de maman, tout ça le même jour du calendrier, le sept août. Pour ma part, je ne comprends pas les calculs de papa ; d’après mon expérience, c’est justement quand on se met à escompter quelque chose de précis, que toute autre chose arrive. Je n’ai rien contre la marotte d’un électricien à la retraite à condition que ses calculs n’aient rien à voir avec ma négligence en matière d’utilisation des préservatifs. »

 

Infini
« Comment dit-on infini ? Si je pouvais dire infini, je pourrais mener la conversation vers des domaines abstraits. La comédienne me tend la perche.
— Intemporel ?
— Non, pas tout à fait.
— Immortel ?
— Oui, je crois, dis-je, immortel.
— Cool, dit-elle.
Il me vient alors à l’idée que je pourrais aussi évoquer l’effet d’imprimer dans la neige craquante les premiers pas du jour. »

 

Mousse
« — Parle-moi de quelque chose de ton pays.
— Mousse.
— C’est gentil.
À peine ai-je prononcé le mot mousse, que je sais me trouver dans le pétrin. Ce n’est pas possible d’étirer la mousse en sujet de conversation. Je pourrais tout au plus énumérer les espèces de mousses, mais ça ne serait guère un échange.
— Elle est comment, la mousse ?
Si j’avais accès aux mots, je dirais à cette étoile montante du cinéma que la mousse est une éponge filandreuse, qu’on met du temps à parcourir car si les dix premiers pas se font sans peine, quand il s’agit de traverser un vaste champ de lave couvert de mousse, c’est comme marcher toute la journée sur un tapis de gymnastique. Ça fait mal au tendon d’Achille de s’enfoncer dans la mousse pendant quatre heures d’affilée, ça peut représenter plus de courbatures que de grimper en haut d’une montagne. Si l’on arrache de la mousse, une plaie se forme dans le sol et la terre s’envole en poussière. Je serais tout disposé à lui dire quelque chose d’inhabituel, que personne ne lui aurait dit avant moi, mais mes capacités linguistiques ne permettent pas le moindre panache et si je mentionnais les nuances de la mousse et son odeur après l’averse, je serais dans le registre des sentiments, comme un homme qui va se fiancer. Je ne vais pas me laisser aller à lui avouer quoi que ce soit, c’est pourquoi je n’en dis pas plus que ce que je maîtrise en grammaire :
— Une plante qui est comme un tapis de gymnastique. »

 

Rose
« Rosa gallica, rosa mundi, rosa centrifolia, rosa hybrida, rosa multiflora, rosa candida, énumère frère Matthias.
Tandis que je le parcours avec lui,
« Le Merveilleux Jardin des Roses Célestes », tel qu’il est nommé dans les vieux livres, prend corps peu à peu dans mon esprit. Il va falloir commencer par arracher les mauvaises herbes et tailler les plantes — ce qui pourrait prendre deux semaines en travaillant dix heures par jour ; ensuite il faudra élaguer et planter à nouveau. Je choisis déjà un endroit abrité et ensoleillé pour la nouvelle espèce de rose que je vais ajouter. Elle ne sera peut-être pas très visible au début et ne fleurira pas tout de suite, mais ici sont justement réunies les conditions et la lumière pour qu’une nouvelle variété de rose inconnue se mette à pousser dans le terreau fertile. Il n’est pas possible de s’en remettre plus longtemps aux fioles de l’hôpital, on ne peut cultiver éternellement la vie dans du coton. Je décide de ne pas tarder davantage à mentionner la rose à huit pétales qui se trouve sur la tablette de la fenêtre de la pension, et je sors la photo d’une rose épanouie dans une serre. »

 

Roseraie
« La plus célèbre roseraie du monde n’est plus que l’ombre de ce qu’elle était, comme frère Thomas me l’avait répété d’ailleurs trois fois. Dalles et sentiers sont ensevelis sous les mauvaises herbes, les rosiers des plates-bandes se sont emmêlés inextricablement. Il y a eu jadis une pièce d’eau au milieu du jardin, avec de la pelouse et des bancs. Bien que la négligence et l’abandon sautent aux yeux partout, je reconnais le jardin aussitôt, d’après les dessins. »

 

Serre
« Je suis bien obligé de me demander comment deux personnes, qui ne se connaissent pas, ont pu faire pour fabriquer un enfant aussi divin dans des conditions aussi primitives et inadéquates que celles d’une serre. Il s’en faut de peu que je n’éprouve du remords. Plein de gens ont tout juste, se courtisent de manière constructive, accumulent peu à peu les biens du ménage, fondent un foyer, ont la maturité nécessaire pour résoudre leurs différends, paient leurs traites à échéance et n’arrivent quand même pas à fabriquer l’enfant dont ils rêvent. »


Trou
« Une fois dans mon lit, entre les draps propres, avec un livre sur la langue que l’on parle autour de moi, je me sens terriblement seul. À vrai dire, je ne comprends pas ce qui m’a pris de venir ici, dans ce trou perdu. J’arrange l’oreiller et m’allonge de manière à pouvoir regarder par la fenêtre dans la nuit noire. Si je ne m’abuse, c’est la pleine lune. J’inspecte mieux le firmament ; il n’y a pas à s’y tromper, la lune est d’une grosseur inquiétante et elle est beaucoup trop proche ; quant à mes étoiles natales, elles ont disparu de la carte, elles ne luisent nulle part ; on voit à leur place d’autres astres hostiles, une configuration stellaire inconnue, un schéma nouveau, indéchiffrable, inscrit sur la noire voûte céleste. »

 

 

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Arno Fischer: The garden. Le Jardin
Photographs by Arno Fischer. Photographies par Arno Fischer. Texte deThomas Martin. Texte de Thomas Martin. Edited by TO Immisch and Bernd Heise. Edité par AU Immisch et Bernd Heise.
Hatje Cantz, Ostfilbern, 2007. Hatje Cantz, Ostfilbern, 2007

 

Description de l'éditeur

En 1978, le photographe Arno Fischer emménagé dans l'un des originaux de la planète vivent-espaces de travail, une maison de ferme. Il aménagea un jardin, un étang et des volières, et a commencé à photographier les visiteurs ailés avec un Polaroid SX70.Les triptyques qui en résultent sont publiées ici pour la première fois.

 

Publisher's Description

 In 1978, photographer Arno Fischer moved into one of the world's original live-work spaces, a farmhouse.  He laid out a garden, a pond and aviaries, and began to photograph winged visitors with a Polaroid SX70.  The resulting triptychs are published here for the first time.  

 

Tourner les pages : CLICK

  Le site d' Arno Fischer 

 

 

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"Pas facile de voler des chevaux" de Per Petterson 

Editions Folio -2006

Traduit du norvégien par Terje Sinding

 

Résumé de l'éditeur

L'été 1948, Trond a quinze ans, et il est heureux d'être seul avec son père en vacances, dans un village près de la frontière suédoise. Il y retrouve son camarade Jon qui lui propose un matin d'aller «voler des chevaux». Il s'agit en réalité d'emprunter les chevaux d'un propriétaire terrien pour une petite échappée. Trond accepte, malgré une certaine appréhension, et l'aventure se termine mal pour lui : il tombe de cheval et se blesse, puis assiste, impuissant, à une étrange explosion de rage et de violence chez son ami. Son père lui apprend alors que la veille, un effroyable accident est survenu dans la famille de Jon qui quitte le village peu après. Trond passe alors le reste de l'été en compagnie de son père, dont il se sent de plus en plus proche. Quand un voisin lui révèle que ce dernier a été un membre actif de la Résistance pendant l'Occupation de la Norvège, il ne se doute pas encore que les événements dramatiques survenus pendant la Seconde Guerre mondiale vont jeter leur ombre sur sa propre famille et lui ravir son père.
Plus de cinquante ans après, Trond décide de se retirer à la campagne au nord-est de la Norvège. Il a le sentiment que son rêve de quiétude est en passe de se réaliser mais un soir, il fait la connaissance de son voisin Lars, en qui il reconnaît le petit frère de Jon.


Pas facile de voler des chevaux est un livre d'une intensité dramatique rare, habilement construit autour des secrets des personnages principaux. Les réminiscences d'un narrateur au soir de sa vie et son évocation d'un été inoubliable sont tout simplement bouleversantes.

 

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L'œuvre de Jean Marc Tingaud s’identifie à une série photographique, initiée en 1985 et rassemblée sous le titre “Intérieurs”. D’emblée, elle a été remarquée et référencée par la critique et figure dans le très sélectif "Photo Book" de Phaïdon, parmi les 500 œuvres les plus marquantes de l'histoire de la photographie internationale.

 

Depuis, inlassablement, l’auteur continue à parcourir le monde à la recherche des traces de l'intime. Enrichie de nouvelles séries inédites, la compilation de ces “portraits”, témoins de destinées singulières, nous renvoie à l’universel de la condition humaine, et résonne, immanquablement en chacun de nous.

 

Jean Marc Tingaud prépare une nouvelle édition, revue et augmentée, du livre “Intérieurs” paru en 1992, et une exposition internationale des photographies produites entre 1985 et 2010. Agence sb

Intérieurs - jean-Marc Tingaud.pdf

 


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"Les oliviers du Négus" de Laurent Gaudé

Editions Actes Sud - mai 2011

 

4ème de couverture

"Les oliviers de Négus" Un vieil homme croit entendre chevaucher Frédéric II dans le royaume des Enfers."Le bâtard du bout du monde" Un centurion marche vers une Rome gangrénée dont il devance l'agonie."Je finirai à terre" Un soldat des tranchées fuit le "golem" que la terre a façonné pour punir les hommes."Tombeau pour Palerme"Un juge anti-mafia tient le compte à rebours de sa propre exécution...

Dans la proximité de la guerre ou de la mort surgissent ces quatre récits où les héros - certes vaincus, mais non déchus - prononcent d'ultimes paroles. Ils veulent témoigner, transmettre, ou sceller des adieux. Minuscules fantassins de la légende des siècles, ils affrontent une Histoire lancée dans sa course aveugle. Et ils profèrent la loi tragique - celle de la finitude - qui, au-delà de toute conviction, donne force et vérité à leur message. D'où la dimension orale de ces textes qui revisitent la scène de l'oeuvre romanesque et, de Cris à La Porte des Enfers, réorchestrent des thèmes chers à Laurent Gaudé, auxquels la forme brève donne une singulière puissance.

 

EXTRAIT "Les oliviers de Négus"

 

La mort convoque. C'est ainsi. Elle nous écarte pour un temps du rythme du monde et nous met en arrêt. Je veux être là-bas, avec ceux qui me sont chers. Je veux me pencher sur le vide que laisse la mort comme on le fait en haut d'une cascade, les oreilles bourdonnant du fracas des eaux, essayant en vain d'apercevoir l'abîme, plein d'un respect peureux face à la beauté des choses et leur caractère immuable. Je veux être à Peschici, sur ces terres qu'il a tant aimées et qui l'ont, elles, tant humilié. Si la terre peut cracher, elle le fit sur cet homme qui n'aimait rien tant que le silence des champs d'oliviers. Le Négus est mort. Je repense à son visage strié de rides, à sa voix rauque de fumeur de tabac, à ses yeux bleus qui illuminaient son visage lorsqu'il riait ou qui lui donnaient un air d'oiseau de proie quand il serrait les mâchoires. Je repense à ce vieil homme de quatre-vingt-douze ans qui vient de mourir et je me hâte comme si, en me pressant, je pouvais espérer arriver au village à temps pour sentir encore quelque chose de lui, un parfum, un souvenir, avant que tout ce qu'il a été ne s'évanouisse définitivement, dans la chaleur hébétée du mois d'août. 

Je roule sur l'autoroute, dépassant Avellino et Candela. Dans la grande plaine de Foggia, c'est à nouveau à ces deux personnages que je pense : Zio Négus et Frédéric II. Ils sont liés. Tous deux ont parcouru ces terres. Tous deux ont été fous au point de faire trembler les hommes qu'ils croisaient. Zio Négus parlait sans cesse de Frédéric II. Il le faisait avec fièvre comme si ce nom excitait en lui une joie nerveuse. Il le faisait en pointant du doigt les rues alentour et les places. "Tout s'est passé là, disait-il sans cesse. Chaque pierre porte la trace de son passage." 

 

EXTRAIT lu par Laurent Gaudé  "Tombeau pour Palerme"

 

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Editions Steidl - 2008

 

Résumé de l'éditeur

«J'ai commencé comme photographe de mode. On ne peut pas dire que j'ai réussi, mais il y avait suffisamment de travail pour me tenir occupé. J'ai collaboré avec le HARPER'S BAZAAR et d'autres magazines. J'étais constamment conscient du fait que ceux qui m'ont embauché aurait préféré travailler avec une star comme Richard Avedon. Mais il n'avait pas d'importance. J'ai eu du travail et j'ai fait un séjour. Dans le même temps, j'ai pris mes propres photos. Bizarrement, je savais exactement ce que je voulais et ce que j'ai aimé. "

Saul Leiter est un peintre et seulement lorsqu'il est devenu un photographe photographie couleur pourrait englober la palette de couleurs distinctes qu'il voulait inclure dans ses images. Depuis les années 1940, cette invétérés Walker a chalutage dans les rues de New York, capturant ses couleurs et l'esprit. Son goût pour le désordre, la solitude et insaisissable font de lui un artiste unique, complètement indifférentes rejoindre la foule.

«J'ai passé une grande partie de ma vie d'être ignoré. J'ai toujours été très heureuse de cette façon. Etre ignoré est un grand privilège. Voilà comment je crois que j'ai appris à voir ce que les autres ne voient pas et à réagir aux situations différemment. J'ai simplement regardé le monde, pas vraiment prêt à tout. "

Ce livre contient plusieurs images en couleur inédites et ses premières photos en noir et blanc.

 

“I started out as a fashion photographer. One cannot say that I was successful but there was enough work to keep me busy. I collaborated with Harper’s Bazaar and other magazines. I was constantly aware that those who hired me would have preferred to work with a star such as Avedon. But it didn’t matter. I had work and I made a living. At the same time, I took my own photographs. Strangely enough, I knew exactly what I wanted and what I liked.”

Saul Leiter was a painter and only became a photographer when color photography could encompass the distinct color palette he wanted to include in his images. Since the 1940s, this inveterate walker has trawled the streets of New York, capturing its colors and spirit. His liking for disarray, solitude and elusiveness make him a unique artist, quite unconcerned about joining the throng.

“I spent a great deal of my life being ignored. I was always very happy that way. Being ignored is a great privilege. That is how I think I learnt to see what others do not see and to react to situations differently. I simply looked at the world, not really prepared for anything.”

This book contains several previously unpublished color pictures and his early black and white pictures.

 

Saul Leiter, fils d'un rabbin, est né à Pittsburgh en 1923.. Son travail est dans les collections du Museum of Fine Arts de Houston, The Art Institute of Chicago; Le Musée d'Art de Baltimore, le Victoria and Albert Museum, Londres, et d'autres collections publiques et privées.

 

Saul Leiter was born in Pittsburgh in 1923, the son of a rabbi. His work is in the collections of The Museum of Fine Arts, Houston; The Art Institute of Chicago; The Baltimore Museum of Art; the Victoria and Albert Museum, London; and other public and private collections.

 

 

en savoir plus ?!  CLICK


 

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"Moumine Le Troll" de Tove Jansson

Editions Nathan - 1968

 

Les Moumines, ou Moomins (en suédois Mumintroll ; en suomi Muumi) sont des personnages créés par la  Finlandaise suédophone Tove Jansson. Il s'agit d'une famille de gentils trollsressemblant à des hippopotames. 

Les Moumines vivent dans la vallée des Moumines, vallée imaginaire donnant sur le golfe de Finlande. Ils semblent se réduire à une seule famille, composée de Papa Moumine, Maman Moumine et leur fils Moumine.

Ce dernier est le héros de plusieurs livres de Tove Jansson, qui commence à s'intéresser à lui en 1945 lorsqu'elle en fait le héros d'Une comète au pays de Moumine, le premier volume de la série: lorsqu'unecomète s'approche, il part avec son ami Snif dans les Collines sauvages pour rallier l'observatoire et suivre la progression de la comète. Ils rencontrent tous deux le Renaclerican, qui devient l'un des personnages récurrents de la série.

Les trois amis découvrent le chapeau d'un magicien dans Moumine le troll

 

 

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"Les aventures de Moomin, Moomin et la mer " de Tove Jansson

Editions Le Petit Lézard - 2008

 

Présentation de l'éditeur 

Cet ouvrage est le deuxième tome traduit en français des uvres de bandes dessinées de Tove Jansson, après l'excellent accueil réservé au premier tome Ces huit aventures sont originellement parues en langue anglaise, sous forme de strips, dans les pages du London Evening News dans les années 50. Fleuron de la culture populaire scandinave, nous retrouvons Moomin, sa famille bohème et toute une galerie de créatures étonnantes -maniaco-dépressifs, obsédés acariâtres, égoïstes, rêveurs ou philosophes et plus que jamais, dans ces nouvelles aventures qui moquent notre nature humaine versatile, Moomin nous offre une leçon de savoir vivre... ensemble et heureux. Les histoires, qui sont racontées avec un humour à froid mais pas glacé, s adressent aux enfants comme aux adultes. Malgré l aspect patrimonial de cette édition, la bande dessinée de Moomin n en demeure pas moins d une rare modernité.

 

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"La bouche pleine, Poèmes pressés" de Bernard Friot

Editions Milan jeunesse - 2008

 

4ème de couverture

A consommer de préférence avant la date indiquée sur le dessus du paquet. A stocker dans un endroit sec. A déguster avec une noix de beurre. A sucer sans croquer. A diluer dans un verre d'eau sucrée. A renifler prudemment avant d'avaler. A prendre avec des pincettes. A planquer sous son lit pour ne pas se le faire piquer par le petit frère. A jeter vite fait bien fait dans la bouche d'égout. A recracher immédiatement en cas d'absorption par inadvertance. A laisser reposer en paix pour toujours. Un livre à consommer sans modération et à mettre à toutes les sauces.

 

Le recueil se compose de courts poèmes souvent drôles et percutants mis en page avec audace. Les textes sont regroupés autour de quatre thèmes : « J’ai faim de vocabulaire » où l’auteur explore le langage : rythmes, assonances, expressions, métaphores… ; « Allez, à table… » : autour des codes du bien manger, « J’ai envie de te croquer » sensualité, désir… entre gourmandise, amour, et dévoration ; « J’ai un poids sur l’estomac », liaison étroite entre les sens et les émotions. Syndicat National Unitaire des Instituteurs, Professeurs des écoles et PEGC.

 

EXTRAIT

 

mousse

Sur ta bouche le mot bulle et pétille

Dis-le encore

mousse mousse

Tes lèvres s’ouvrent sur le m

Le s est un long soupir

Je ferme les yeux

Je verse le mot dans un verre et si je le bois

Ça piquera un peu

 

mousse

Sur ta bouche le mot roule et s’attendrit

Dis-le encore

mousse  mousse

M tes lèvres font la moue

S ta langue caresse tes dents

 

Je ferme les yeux

Je prends le mot à la petite cuillère

Et si j’avale

Je saurai quel goût tu as

 


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2 juillet 2011 6 02 /07 /juillet /2011 16:44

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"Des corps en silence" de Valentine Goby

Editions Gallimard - 2010

 

Résumé chez l'éditeur
« Elle imagine possible un mari fidèle, pour ça elle est prête à faire sa fille des rues, sa prostituée, sa courtisane. Tout plutôt que ça : qu'il couche ailleurs. Elle dit tout, elle pense tout, elle l'aime à se tuer. »
Deux femmes en résistance contre la fin du désir amoureux. À un siècle d'écart leurs chemins se croisent, se confondent, se séparent : l'une tente l'impossible pour reconquérir l'homme qu'elle aime, l'autre imagine une rupture radicale. Toutes deux refusent le silence des corps.

Extrait : CLICK

 

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"Lettres à Yves" de Pierre Bergé

Edition Gallimard - 2010

 

Résumé de l'éditeur

 « 5 juin 2008
Comme le matin de Paris était jeune et beau la fois où nous nous sommes rencontrés ! Tu menais ton premier combat. Ce jour-là, tu as rencontré la gloire et depuis, elle et toi, ne vous êtes plus quittés. Comment aurais-je pu imaginer que cinquante années plus tard nous serions là, face à face, et que je m'adresserais à toi pour un dernier adieu ? C'est la dernière fois que je te parle, la dernière fois que je le peux. Bientôt, tes cendres rejoindront la sépulture qui t'attend dans les jardins de Marrakech. »

 

Cette Histoire-là, nombreux la connaissent déjà, d’où l’importance de lire ces 108 pages de correspondance – à une voix – de Pierre Bergé à Yves. Si on connaissait Yves Saint Laurent, on apprend qui est Yves. On fouille son histoire d’amour avec Pierre. On en comprend les ressorts. On appréhende sa sexualité, ses déviances (alcool & drogues), ses violences, celles faites à autrui comme lui-même, son rapport aux femmes, ses sources d’inspiration… Mais surtout on déconstruit – un peu mieux – la mécanique d’un esprit iréellement brillant.

 

EXTRAITS

Page 32 : « 17 janvier 2009

Hier, je t’ai écrit que tu avais placé très haut la barre de ton métier. En fait, j’ai toujours pensé que ce métier n’était pas à ton niveau, que tu méritais mieux que ça, que tu as toujours souffert de son côté éphémère. Tu as toujours su que la mode n’était pas un art, même s’il fallait être un artiste pour la créer. C’est bien pour cela que tu t’es imposé une telle rigueur. Tu aurais du être un artiste à part entière, mais en avais-tu le talent ? »

 

Page 44 : « 2 mars 2009

Kikou, tu me manques terriblement. »

 

Page 60 : « 12 avril 2009

… Tu avais trouvé refuge dans une boulimie et une gourmandise incroyables. Toi qui avais été, et à juste titre, si fier de ton corps, tu t’étais mis à la haïr au point de le déformer. « Je suis devenu un monstre », me disais-tu et c’était vrai. Le masochisme avec lequel tu avais joué avec tant d’adresse avait pris sa revanche. C’est lui à coup sûr qui t’a fait te détruire pendant tant d’années. D’abord l’alcool et la drogue, ensuite la nourriture. La nourriture, j’ai toujours su que, pour une large part, c’était dirigé contre moi. Une manière de me dire « tu m’as enlevé et la drogue et l’alcool, je vais me venger ». Ce que tu ne savais pas, c’est que le premier atteint allait être toi. Tu étais enfantin, aussi avais-tu des stratégies enfantines. Je t’aimais pour ça aussi. »

 

page 76 : « 28 avril 2009

… C’est toi qui me fermeras les yeux, m’avais-tu dit à plusieurs reprises. Tu aimais les formules. Je te les ai fermés. Je ne savais pas que ce serait difficile, qu’ils refuseraient de rester clos. C’est un infirmier qui a placé une compresse sur chacun. Il était 23h12. »

 

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"Albatros, la croisière de la peur" de Deborah Scaling Kiley


4ème de couverture

Le 22 octobre 1982, un équipage de cinq personnes, deux femmes et trois hommes, quitte la Floride à bord d'un deux-mâts de seize mètres de long. Une énorme tempête se lève le lendemain du départ, brisant un mât puis cassant un hublot. Le bateau sombre peu à peu. L'équipage se retrouve sur un canot de sauvetage. L'une des deux jeunes femmes se laisse rapidement mourir, rongée par le stress, transie par le froid. La tension augmente à bord du canot. Deux des hommes, perdant la raison se jettent dans une mer envahie de requins. Les deux rescapés, luttant contre la faim, le froid, la peur et le stress, guettent d'éventuels secours. Cette histoire, digne des plus grands romans d'aventure, est une histoire vraie. C'est celle de la narratrice, Deborah Scanling. Il lui aura fallu une dizaine d'années et le soutien de sa famille et de ses amis pour réussir à témoigner, à relater son naufrage. Dans son récit, rien n'est enjolivé, rien n'est épargné ; elle raconte ici toute la violence, la haine et la folie des naufragés, des sentiments et des images demeurés intacts, qui ont conservé toute leur force et leur horreur dans les souvenirs de l'auteur.

 

Le Mot de l'éditeur Tout, dans ce livre qui peut se lire comme un roman, est vrai : atrocement vrai. L’auteur, qui en est l’héroïne, et qui sortit de l’aventure essorée jusqu’aux os, jusqu’à l’âme, a mis plus de dix ans avant de se décider à la raconter. On comprend, à la lire, son hésitation – et le choc qu’en reçurent les lecteurs américains. Car le conte cruel dont il s’agit nous parle, à sa façon, de ce que sont les hommes d’aujourd’hui – et ce qu’il nous en montre n’est pas fait pour rassurer… Un voilier de rêve : vingt-deux mètres, tous les aménagements que l’on peut souhaiter. Beauté et confort. Cinq personnes à bord – trois hommes et deux femmes – pour une croisière atlantique en direction des Caraïbes qui s’annonce de tout repos. Mais la météo est capricieuse. Et capricieuse aussi l’âme humaine, en ses noirceurs et sa misère secrètes. Qu’on parle ouragan, requins, haine mortelle entre naufragés : ce sont là clichés du roman d’aventures. Mais que ces choses-là viennent à exister pour de bon et qu’il faille y faire face est une autre affaire. Une affaire dont les femmes, on le verra, se tirent avec plus d’honneur que les hommes.

 

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"Le chagrin" de Lionel Duroy

Editions Julliard - 2010

 

4ème de couverture

De l'Occupation jusqu'à nos jours en passant par la guerre d'Algérie et Mai 68, des avenues chics de Neuilly aux cités dortoirs de Rueil, Lionel Duroy retrace l'itinéraire chaotique d'un garçon pris au piège d'une odyssée familiale désastreuse. Un roman poignant qui fouille les mentalités françaises depuis la seconde moitié du XXe siècle.

 

Au départ, c'est un couple amoureux qui convole durant l'Occupation. Le mari est issu de la noblesse désargentée ; d'une grande beauté, l'épouse aspire à une vie mondaine digne de sa récente particule. En catholiques zélés, ils donnent naissance à onze enfants, tandis que toute la maisonnée mène aveuglément un train de vie de grands bourgeois. Prêt à se lancer dans les entreprises les plus hasardeuses pour satisfaire les exigences de sa bien-aimée, le père accumule en secret des dettes exorbitantes. La chute n'en est que plus rude. Expulsion des beaux quartiers, humiliation sociale... toute la tribu est relogée dans une cité lugubre où ne tiennent aucun des meubles fabriqués sur mesure pour le bel appartement de Neuilly. La paix du ménage se fissure, tout comme l'équilibre psychologique de la mère. Commence une longue série de galères - de magouilles paternelles en crises de nerfs maternelles. Le narrateur, l'un des enfants, est le témoin épouvanté des calamités qui s'amoncellent au-dessus du foyer familial. Un chagrin qui pèsera sur ses épaules durant toute son existence.
De 1940 à nos jours, la société française connaîtra elle aussi de grands bouleversements. Mais jamais cette famille ne sera du bon côté des événements politiques. Défenseur de Pétain sous l'Occupation, opposé de nouveau à de Gaulle lorsqu'il « abandonne » les Français d'Algérie, et pestant contre ces «gauchistes» qui, en 68, incendient Paris du haut de leurs barricades, le père est toujours à contre-courant des grands mouvements libérateurs. Il faudra plusieurs décennies au narrateur pour se défaire de l'héritage culturel familial, et parvenir enfin à se forger ses propres convictions.
Comprendre d'où l'on vient pour parvenir à s'émanciper de son passé, telle est l'entreprise du Chagrin. Lionel Duroy s'est inspiré de son propre parcours pour écrire ce magistral roman d'initiation. Loin de montrer la face glorieuse de son existence, c'est au contraire avec un courage et une sincérité déchirants qu'il décrit ce que tant d'autres familles taisent sur leurs origines honteuses ou inavouables. Selon une conception cyclique du temps chère à Marcel Proust, Lionel Duroy démontre que les mêmes épisodes traumatiques ne cessent de se rejouer dans notre vie présente, sous d'autres déguisements. Et souligne, avec mélancolie, la manière dont l'enfance continue à nous hanter des décennies plus tard

 

EXTRAIT PDF : CLICK

 

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"Incident de personne" de Eric Pessan

Editions Albin Michel - 2010

 

4ème de couverture

"J’ai prié pour que vous n’ayez aucune histoire à me confier. Je ne suis plus apte à entretenir une conversation, encore moins à écouter des confidences. Je déborde."

Une nuit, un train se retrouve bloqué en rase campagne. Un passager lie connaissance avec sa voisine. Il lui parle d’enfance, de solitude, de son existence ténébreuse à laquelle il n’oppose plus aucune révolte. Pendant cette interminable attente, un lien se tisse entre eux. Jusqu’à ce que le train reparte...
Un texte exigeant, d’une simplicité épurée, où le romancier et dramaturge Éric Pessan interroge de son écriture fluide notre rapport au monde et à l’altérité.

 

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"Les autres" d'Alice Ferney

Editions Acte sud /Poche Babel - 2008

 

4ème de couverture

Théo fête ce soir ses vingt ans et rien ne devrait troubler ce moment de convivialité et de réjouissance. Rien sinon le jeu de société que son frère aîné lui offre, qui révélera à chaque participant la façon dont les autres le perçoivent, menaçant de remettre en cause l’idée qu’il se faisait de lui-même et des sentiments réciproques l’attachant à ses proches. Au fil de la partie, le jeu devient le révélateur de secrets de famille jusque-là soigneusement occultés par la honte, la déception ou la souffrance… et nul ne sortira indemne de la soirée. Evoquant les liens de la fratrie, de l’amitié ou de l’amour naissant, Les Autres est aux relations affectives ce que La Conversation amoureuse est à l’amour : un accomplissement romanesque d’une remarquable maîtrise polyphonique. L’oeuvre romanesque d’Alice Ferney est publiée chez Actes Sud : Le Ventre de la fée (1993), L’Elégance des veuves (1995 ; Babel n° 280), Grâce et dénuement (1997, prix Culture et bibliothèques pour tous ; Babel n° 439), La Conversation amoureuse (2000 ; Babel n° 567), Dans la guerre (2003 ; Babel n° 714).

 

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"Les femmes aux cheveux courts"de Patrice Leconte  

Editions Albin Michel - 2009

 

Résumé du livre

Je m'appelle Thomas, je suis un chic type, je travaille dans une papeterie,j'ai 27 ans,j'aime les femmes aux cheveux courts. Et il me reste un peu moins de trois ans pour trouver la femme de ma vie.' Séduisant et sympathique, Thomas s'est juré de rencontrer la femme de sa vie avant l'âge fatidique de trente ans. La boutique de papeterie, où il est employé sous l'autorité souriante de Madame Capliet, ne manque pas de jolies vendeuses, dont la ravissante Louise. Mais Louise est sur le point de se marier et, de plus, ne correspond pas à son idéal : une fille brune à la peau mate et aux cheveux courts. Pas plus qu'Amandine, la serveuse de son restaurant favori, ou Marie-Christine, la splendide Noire qui joue du piano au dessus de chez lui. C'est dans le métro, tout bêtement, que la rencontre miracle aura lieu avec Colette, à l'image même de tous ses rêves. Et comme souvent, quand l'amour et le hasard se jouent des tours, Colette n'est peut-être pas la fille fuyante et inaccessible que Thomas imaginait...

 

 Ce jeune homme qui aimait les femmes (aux cheveux courts) enquête dans un Paris de carte postale à la recherche de la femme idéale.
Le premier roman de Patrice Leconte possède le charme et la fantaisie qui ont fait le succès de ses nombreux films, du Mari de la coiffeuse, à La Fille sur le pont.

 

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"La couleur des sentiments" de Kathryn Stockett

Editions Jacqueline Chambon - 2010

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Pierre Girard

 

4ème de couverture

Chez les Blancs de Jackson, Mississipi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine et s’occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité. En quarante ans de service, Aibileen a appris à tenir sa langue. L’insolente Minny, sa meilleure amie, vient tout juste de se faire renvoyer. Si les choses s’enveniment, elle devra chercher du travail dans une autre ville. Peut-être même s’exiler dans un  autre Etat, comme Constantine, qu’on n’a plus revue ici depuis que, pour des raisons inavouables, les Phelan l’ont congédiée.

Mais Skeeter, la fille des Phelan, n’est pas comme les autres. De retour à Jackson au terme de ses études, elle s’acharne à découvrir pourquoi Constantine, qui l’a élevée avec amour pendant vingt-deux ans, a pu partir sans même lui laisser un mot.

Une jeune bourgeoise blanche et deux bonnes noires. Personne ne croirait à leur amitié ; moins encore la toléreraient. Pourtant, poussées par une sourde envie de changer les choses, malgré la peur, elles vont unir leurs destins, et en grand secret écrire une histoire bouleversante.

Passionnant, drôle, émouvant, La Couleur des sentiments a conquis l’Amérique avec ses personnages inoubliables. Vendu à plus de deux millions d’exemplaires, ce premier roman, véritable phénomène culturel outre-Atlantique, est un pur bonheur de lecture.

 

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"Les heures silencieuses" de Gaëlle Josse

Editions Autrement - 2011

 

Résumé de l'éditeur

Magdalena est l’épouse de Pieter van Beyeren, administrateur de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. Issue d’une famille de riches armateurs, Magdalena est rigoureuse, soucieuse d’ordre et d’économie, maîtresse d’elle-même et de son foyer. Elle aurait pu succéder à son père si le commerce n’était réservé aux hommes, et la place des femmes à la maison. C’est sur un espace intérieur qu’elle semble s’être repliée. Intérieur où elle s’est fait représenter vue de dos, à son clavecin, près d’une fenêtre éclairant une enfilade de pièces qui respirent le calme, dans un tableau au charme presque irréel peint par un artiste du temps, Emmanuel de Witt. Ce décor a ses secrets, que livre le journal intime de Magdalena. Sa déception de n’avoir pu succéder à son père, née sans héritier mâle. Sa rencontre avec Pieter. Toutes les failles intimes de son existence. Un souvenir qui l’oppresse, emplit ses nuits d’angoisse : le meurtre dont elle a été témoin, enfant. Et d’autres infortunes autour d’elle. Sa sœur Judith, qui se morfond de ne pouvoir enfanter. Ses filles, Catherina et Elisabeth, pour lesquelles Magdalena songe à des mariages délicats à arranger. Enfin, son propre sort en tant qu’épouse, quand Pieter décide brutalement de renoncer à tout commerce de chair avec elle, pour ne pas risquer encore une fois. de la perdre en couches. A ces inquiétudes personnelles se mêle le récit des efforts d’une famille d’armateurs pour conserver le bien-être.

« L’ordre, la mesure et le travail sont des remparts contre les embarras de l’existence. C’est ce qu’on nous apprend dès l’enfance. Vanité de croire cela. Chaque jour qui passe me rappelle, si besoin était, que la conduite d’une vie n’est en rien semblable à celle d’un stock d’épices ou de porcelaine. Ce que nous tentons de bâtir autour de nous ressemble aux digues que les hommes construisent pour empêcher la mer de nous submerger. Ce sont des édifices fragiles dont se jouent les éléments. Elles restent toujours à consolider ou à refaire. Le cœur des hommes est d’une moindre résistance, je le crains. »

 

 

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20 avril 2011 3 20 /04 /avril /2011 16:38

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Editions Folio -2010

4ème de couverture

«Moi Aleyt van Meervenne, épouse Bosch, je ne suis pas femme de lettres… si je prends la décision aujourd’hui, en ce froid mois de novembre 1516, de m’asseoir pour remplir ces feuillets, c’est que j’ai partagé pendant plus de trente ans la vie d’un homme si discret, que je crains qu’il ne disparaisse dans le gouffre béant de la mémoire des hommes.»
À travers les yeux de sa femme, nous sont racontées la vie quotidienne et la spiritualité de Jérôme Bosch. Homme secret et réservé, il a su faire de ses visions obsédantes une œuvre universelle. Ce roman historique est un voyage au cœur de l’art du plus mystérieux des peintres flamands de la fin du XVe siècle.

 

Scénariste de formation Alexandra Strauss est monteuse dans le cinéma. " Les démons de Jérome Bosch" est son premier roman

 

 

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Editions Circé - 2010

traduit de l'hongrois par Imre Laszlo

4ème de couverture

«Pour autant qu'on pouvait le distinguer dans le crépuscule où baignait le jardin, c'était un fox-terrier, sans doute un croisement de fox à poil dur et de fox à poil ras. Son corps svelte était recouvert d'un poil blanc court et lisse, sans tache ni éclaboussure. Seules les oreilles étaient noisette, avec un trait noir à la naissance. Par une de ces coquetteries dont la nature est prodigue, le dessin et la couleur, à l'attache de chacune des oreilles, n'étaient pas symétriques. De l'oreille gauche, une raie noisette descendait jusqu'aux cils en passant par le dessus de la tête. Au-dessous de l'oreille droite, la gueule était d'une blancheur immaculée, mais derrière l'oreille le trait noir, comme pour faire un contraste amusant avec la blancheur de la gueule, descendait profondément sur la nuque, dépassant la ligne où, d'habitude, les chiens portent le collier. Là, il s'élargissait en une sorte de carré noir, pour autant que la nature consente à former des carrés et autres figures géométriques régulières. Ajoutons deux grands yeux luisants à la base d'une tête allongée en triangle, à la pointe duquel brillait un petit nez noir comme astiqué au cirage, et nous aurons dessiné à grands traits la gracieuse silhouette qui venait de s'installer aux pieds d'Ancsa.»

L'histoire de Niki, une chienne ordinaire, et des Ancsa, un couple non moins ordinaire, est une parabole extraordinairement émouvante, - sans jamais donner dans la sensiblerie -, sur l'attention, la gentillesse et la résistance de l'amour.

 

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Editions folio - 2009

4ème de couverture

«Je m'appelle Renée, j'ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j'ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l'image que l'on se fait des concierges qu'il ne viendrait à l'idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants.
Je m'appelle Paloma, j'ai douze ans, j'habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c'est le bocal à poissons, la vacuité et l'ineptie de l'existence adulte. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C'est pour ça que j'ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai.»

 

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Editions Actes sud -2010

Goncourt des lycéens - 2010

Présentation de l'éditeur

13 mai 1506, un certain Michelangelo Buonarotti débarque à Constantinople. A Rome, il a laissé en plan le tombeau qu'il dessine pour Jules II, le pape guerrier et mauvais payeur. Il répond à l'invitation du Sultan qui veut lui confier la conception d'un pont sur la Corne d'Or, projet retiré à Leonardo da Vinci. Urgence de la commande, tourbillon des rencontres, séductions et dangers de l'étrangeté byzantine, Michel Ange, l'homme de la Renaissance, esquisse avec l'Orient un sublime rendez-vous manqué.

 

Extrait : ICI

 

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Editions Plon - 2004 - EPUISE

 

4ème de couverture

Soixante ans plus tard, tel le saumon, j'ai éprouvé le besoin impérieux de remonter la rivière. J'ai alors plongé, au coeur de la mer Blanche, dans la beauté mortelle de l'archipel du goulag ; là où, pour les besoins de la propagande soviétique, on a fait danser des femmes déportées dans des robes à fleurs de fusillées et où le visiteur aurait pu signer une carte postale avec ces mots : «Bons baisers du goulag.»

 

Des années de quête pour faire surgir un siècle d'histoire européenne, un grand-père chargé de mystère, des rescapés bien vivants, et trouver au bout de la nuit la joie de vivre et d'espérer.

 

 

 

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Editions du Rocher - 2007

4ème de couverture

Julien Viaud, qui est passé à la postérité sous le nom de Pierre Loti, est mort le 10 juin 1923, il y a quatre-vingt-quatre ans. Contrairement à tant d'écrivains qui n'ont connu la gloire qu'à titre posthume, il fut adulé tout au long de sa vie, non seulement par un large public, mais aussi par les grands de ce monde. Les contrastes de sa vie d'homme de lettres et d'officier de marine ont intrigué. La légende romantique de ses amours avec des belles de toutes couleurs fascinait ses contemporains avides d'exotisme. Et puis il y avait autour de cet auteur les échos les plus provocants..., ses déguisements, ses maquillages et ses talons hauts. Sarah Bernhardt, son amie intime, l'appelait «Pierrot le fou». Mais ses supérieurs dans la Royale et ses camarades de la marine supportaient ses frasques, car il était excellent officier.
Aux conventions de l'Europe, Loti préféra la chimère de l'Orient. C'est en Turquie que, jeune officier, il connut son plus grand amour, sa plus périlleuse aventure, brève et tragique idylle avec une odalisque circassienne qu'il enleva d'un harem.
Tel fut ce romantique acharné, doublé d'un mystique manqué : ses plus ardentes prières pour la foi de ses ancêtres étaient restées sans réponse. Tel fut ce personnage infiniment complexe, étrange et atta­chant, dont Lesley Blanch, qui a cherché la vérité dans sa correspon­dance, son journal intime et aussi auprès de ses descendants, fait miroiter les multiples facettes dans cette biographie exceptionnelle.

Lesley Blanch est née en 1904 à Londres. Elle fut grand reporter, historienne et biographe. Elle épousa Romain Gary en 1945, et vécut avec lui à New York et en Bulgarie avant de s'installer en France. Elle réside aujourd'hui dans le sud de la France.

Extrait du livre :
«Tout ce que j'ai été, tout ce que j'ai pleuré, tout ce que j'ai aimé.» Pierre Loti

C'était un provincial. Malgré toute la couleur, l'étrangeté, la passion de sa vie, il avait d'austères racines huguenotes à Rochefort, sur la Charente, une calme petite ville de la Saintonge, à trente kilomètres au sud de La Rochelle. Il était né Julien Viaud, mais le monde allait le connaître sous le nom de Pierre Loti.
Lui dont les oeuvres parlaient d'une vie illuminée par toutes les brillantes couleurs de l'Orient, lui qui, jeune officier de marine pauvre et obscur, allait chercher l'aventure en haute mer, qui connut l'amour sous de nombreux aspects, sous de nombreuses latitudes, qui s'abandonna aux indolences des tropiques, et connut des mélancolies infinies et goûta toutes les voluptés, il allait acquérir par ses écrits une célébrité mondiale et une fortune considérable. Il commença son existence dans l'étroite demeure d'une petite rue bordée de maisons aux murs grisâtres et tout aussi modestes.
Entrons dans cette maison, au 141, rue Pierre-Loti, ou rue Saint-Pierre comme elle s'appelait dans son enfance.
Nous nous glissons, par un corridor sombre, le long du salon sans prétention, au modeste mobilier Louis-Philippe recouvert de peluche rouge prune, avec ses portraits de famille, son piano en bois de rose et, au centre, la table où préside la lourde Bible familiale du xvnf siècle. Nous reviendrons là le soir, quand toute la maisonnée est réunie autour du feu, dans cette harmonie qui régnait sur sa paisible existence. Mais d'abord, nous allons ouvrir la porte aux panneaux de verre coloré qui conduit au jardin ou à la cour, car ce n'est guère autre chose qu'un étroit enclos ceint de murs, couvert de jasmin et de chèvrefeuille, où s'alignent des pots de boutures fragiles. Sous un vieux mur envahi de lichen, près d'un banc vert, un très petit garçon en tablier à plis donne des cuillerées de bouillie à un très gros chat qu'il aime et qui le lui rend bien. Le garçon est Julien Viaud, le chat est la Suprématie, une des nombreuses bêtes qui firent toujours intégralement partie de la vie familiale chez les Viaud et qui, après leur mort, étaient enterrées dans cette cour. Un ancêtre (car plusieurs générations de la famille de Mme Viaud, les Texier et les Renaudin, avaient vécu là) alla jusqu'à faire enterrer son cheval noir préféré sous les dalles.

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19 mars 2011 6 19 /03 /mars /2011 10:18

 

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photos©Voyelle

 

 

 

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"Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates" de Mary Ann Shaffer et Annie Barrows

Editions Nil - 2009

Traduit de l’américain par Aline Azoulay-Pacvon

 

Janvier 1946. Londres se relève douloureusement des drames de la Seconde Guerre mondiale et Juliet, jeune écrivaine anglaise, est à la recherche du sujet de son prochain roman. Comment pourrait-elle imaginer que la lettre d'un inconnu, un natif de l'île de Guernesey, va le lui fournir ? Au fil de ses échanges avec son nouveau correspondant, Juliet pénètre son monde et celui de ses amis - un monde insoupçonné, délicieusement excentrique. Celui d'un club de lecture créé pendant la guerre pour échapper aux foudres d'une patrouille allemande un soir où, bravant le couvre-feu, ses membres venaient de déguster un cochon grillé (et une tourte aux épluchures de patates...) – délices bien évidemment strictement prohibés par l'occupant. Jamais à court d'imagination, le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates déborde de charme, de drôlerie, de tendresse, d'humanité – Juliet est conquise. Peu à peu, elle élargit sa correspondance avec plusieurs membres du Cercle – et même d'autres habitants de Guernesey –, découvrant l'histoire de l'île, les goûts (littéraires et autres) de chacun, l'impact de l'Occupation allemande sur leurs vies... Jusqu'au jour où elle comprend qu'elle tient avec le Cercle le sujet de son prochain roman. Alors elle répond à l'invitation chaleureuse de ses nouveaux amis et se rend à Guernesey. Ce qu'elle va trouver là-bas changera sa vie à jamais.

 

Mary Ann Shaffer est née en 1934 en Virginie-Occidentale. C'est lors d'un séjour à Londres, en 1976, qu'elle commence à s'intéresser à Guernesey. Sur un coup de tête, elle prend l'avion pour gagner cette petite île oubliée où elle reste coincée à cause d'un épais brouillard. Elle se plonge alors dans un ouvrage sur Jersey qu'elle dévore : ainsi naît fascination pour les îles anglo-normandes. Des années plus tard, encouragée à écrire un livre par son propre cercle littéraire, Mary Ann Shaffer pense naturellement à Guernesey. Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates est son premier roman, écrit avec sa nièce, Annie Barrows, elle-même auteur de livres pour enfants. Mary Ann Shaffer est malheureusement décédée en février 2008 – peu de temps après avoir su que son livre allait être publié et traduit en plusieurs langues.

 

 

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"L'Exécuteur de la haute justice" de Jean D'Aillon

Editions du masque - 2006

 

4ème de couverture
Nous sommes en 1645 après la Conjuration des Importants. La cour de France se déchire à nouveau et un jeune homme de quinze ans arrive inopinément des Pays-Bas.

Il serait le fils du duc de Rohan et pourrait devenir le chef de file des huguenots de France.

Mais le duc d'Enghien laisse entendre qu'il est un imposteur...

L'ancien notaire, Louis Fronsac, désormais chevalier, sera chargé de découvrir la vérité. Aidé de son ami de toujours, Gaston de Tilly, ils mèneront l'enquête autour de la Bastille et dans la rue de la Pute-y-Musse et recevront l'aide d'un certain Jean-Baptiste Poquelin qui vient d'installer son Illustre Théâtre au jeu de paume de la Croix-Noire.

 

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"Des gens très bien" d'Alexandre Jardin

Editions Grasset 2011

 

4ème de couverture

C’est un livre tout à fait inattendu dans l’œuvre de l’auteur de Fanfan et du Roman des Jardin. Pour la première fois, en effet, un « Jardin » décide de retrousser les légendes qui, jusque-là et avec sa propre complicité, ont embelli l’histoire de sa famille, et de se pencher sur la face sombre de celui qu’on appelait « le Nain Jaune », c’est-à-dire son grand-père, Jean Jardin.
Rappelons que celui-ci fut le directeur de Cabinet de Pierre Laval de mai 1942 à octobre 1943 ; autant dire que lors la rafle du Vél d’Hiv – à la mi-juillet 1942 – le Nain Jaune était bien au cœur du pouvoir collaborateur.
Dans Des gens très bien, Alexandre Jardin raconte son odyssée intime depuis l’âge de dix-sept ans, où il a commencé à comprendre ce que signifiaient les responsabilités glaçantes de son grand-père, tues par sa famille – avant de s’interroger sur les chemins qui conduisent quelqu’un de bien à participer à l’horreur ; et à l’assumer sans jamais se renier.
Derrière le rire d’Alexandre, il y avait donc ce secret terrible, étrangement exhibé par son père Pascal pour qu’il ne soit pas vu.
Ce voyage chez ces « gens très bien » passe par des souvenirs, des saynètes difficiles : c’est une confession grave.

 

"Tandis que mon père s'endort peu à peu contre moi, je lui parle une dernière fois :
Plus tard, tu ne pourras pas vivre avec le secret des Jardin. Il te tuera...
Tu feras un livre, Le nain jaune, pour le camoufler.
Au même âge que toi, j'en ferai un, Des gens très bien, pour l'exposer.
Et je vivrai la dernière partie de ta vie... La mienne.
Dors mon petit papa, dors...

Ce livre aurait pu s'appeler "fini de rire".
C'est le carnet de bord de ma lente lucidité." A. J.


EXTRAIT : CLICK

 

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"Ciel bleu" de Galsan Tschinag

Editions Métailié -1999

Traduit de l'allemand par Dominique Petit

 

4ème de couverture

Galsan Tschinag raconte son enfance dans la steppe aux confins du désert de Gobi, dans les terres du Haut-Altaï. Vivant sous la yourte au sein d'une famille d'éleveurs de moutons, l'enfant découvre le monde à travers sa relation avec Arsilang son chien, dont les aventures ouvrent et ferment le livre. L'exotisme est ici total et actuel.
Le groupe familial se déplace en fonction des pâturages et des saisons, on monte les yourtes et on rencontre les gens. Les enfants ont une place bien définie que vient troubler l'obligation de scolarisation imposée par le gouvernement communiste. Mais il y a toujours les vacances pour retrouver la grand-mère choisie et adoptée par l'enfant, pour jouer dans la montagne avec son chien et parcourir à cheval ces étendues sans fin où le galop sert aussi à mesurer l'espace et le temps.

 

"Ciel Bleu est une œuvre littéraire pleine de poésie, de silence, de foi. [...] Galsan Tschinag ne déverse pas ses souvenirs dans les désordres de l'émotion. Il les met en scène, les organise. Il nous dit le destin d'un peuple pris entre ciel et terre, entre nature et dieux : deux univers mystérieux, muets, injustes, puissants."

Télérama

 

Galsan Tschinag est né en 1944 dans une famille d’éleveurs nomades touvas en Mongolie occidentale et a passé sa jeunesse dans les steppes du Haut-Altaï, aux confins de l'Union Soviétique.
Après son bac à Oulan-Bator, bénéficiant des programmes de coopération entre les pays communistes, Galsan Tschinag a la possibilité d’étudier la linguistique à Leipzig, en RDA. Il écrit soit en mongol soit en allemand. Son premier ouvrage, Ciel bleu, est publié en Allemagne en 1994. Il obtient le prix Adalbert von Chamisso, récompensant un auteur étranger écrivant en allemand.
Parallèlement à l'écriture, Galsan Tschinag se consacre à la protection des coutumes de son peuple, menacées par les dangers de la modernisation.

 

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"Alex' de Pierre Lemaître

Editions Albin Michel - 2011

 

4ème de couverture

Qui connaît vraiment Alex ? Elle est belle. Excitante.

Est-ce pour cela qu’on l’a enlevée, séquestrée, livrée à l’inimaginable ? Mais quand la police découvre enfin sa prison, Alex a disparu.

Alex, plus intelligente que son bourreau. Alex qui ne pardonne rien, qui n’oublie rien, ni personne.

Un thriller glaçant qui jongle avec les codes de la folie meurtrière, une mécanique diabolique et imprévisible où l’on retrouve l’extraordinaire talent de l’auteur de Robe de marié.

 

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"Sukkwan Island" de David Vann

Editions Gallmeister - 2010

Traduit de l'américain par Laura Derajinski

 

4ème de couverture

Une île sauvage du Sud de l’Alaska, accessible uniquement par bateau ou par hydravion, tout en forêts humides et montagnes escarpées. C’est dans ce décor que Jim décide d’emmener son fils de treize ans pour y vivre dans une cabane isolée, une année durant. Après une succession d’échecs personnels, il voit là l’occasion de prendre un nouveau départ et de renouer avec ce garçon qu’il connaît si mal. La rigueur de cette vie et les défaillances du père ne tardent pas à transformer ce séjour en cauchemar, et la situation devient vite incontrôlable. Jusqu’au drame violent et imprévisible qui scellera leur destin.     

 

Sukkwan Island est une histoire au suspense insoutenable. Avec ce roman qui nous entraîne au cœur des ténèbres de l’âme humaine, David Vann s’installe d’emblée parmi les jeunes auteurs américains de tout premier plan.

 

 

Les premières pages : ICI

 


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9 février 2011 3 09 /02 /février /2011 17:34

 

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Une petite récolte, certes...mais de bons crus !

 

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"Sukkwan Island" de David Vann

Edition Gallmeister - 2010

4ème de couverture

Une île sauvage du Sud de l’Alaska, accessible uniquement par bateau ou par hydravion, tout en forêts humides et montagnes escarpées. C’est dans ce décor que Jim décide d’emmener son fils de treize ans pour y vivre dans une cabane isolée, une année durant. Après une succession d’échecs personnels, il voit là l’occasion de prendre un nouveau départ et de renouer avec ce garçon qu’il connaît si mal. La rigueur de cette vie et les défaillances du père ne tardent pas à transformer ce séjour en cauchemar, et la situation devient vite incontrôlable. Jusqu’au drame violent et imprévisible qui scellera leur destin.       

Sukkwan Island est une histoire au suspense insoutenable. Avec ce roman qui nous entraîne au cœur des ténèbres de l’âme humaine, David Vann s’installe d’emblée parmi les jeunes auteurs américains de tout premier plan.

 

DAVID VANN est né sur l'île Adak, en Alaska. Après avoir parcouru plus de 40 000 milles sur les océans, il travaille actuellement à la construction d’un catamaran avec lequel il s'apprête à effectuer un tour du monde à la voile en solitaire. Auteur de plusieurs livres, il vit en Californie où il enseigne également à l'Université de San Francisco. Sukkwan Island est son premier roman traduit en français. Site de l'auteur

 

 

LIRE UN EXTRAIT

 

 

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"No et moi" de Delphine de Vigan

Editions le livre de poche - 2009

 

Résumé

Lou, treize ans, intellectuellement précoce, est une élève brillante et isolée. Fille unique délaissée par une mère tombée en dépression après la mort d'un bébé et incomprise d'un père aimant mais prisonnier de son impuissance. En classe, les autres élèves l'appellent 'le cerveau'. Pour Lucas et "son air de bagarre - les mauvais garçons au sourire d'enfant, ça a toujours fasciné les fortes en thème -, elle est "pépite". Dans le cours de l'exigeant monsieur Marin, elle a proposé de faire un exposé sur les sans-abri et d'interviewer une jeune femme SDF. A la  gare d'Austerlitzoù elle vient régulièrement regarder les gens et les trains partir, elle rencontre No. Mais la connaître, tenter de devenir son amie, ne suffit pas ; l'adolescente se met en tête de la sortir de là, comme on dit, et, avec Lucas, ils lèvent une armée du salut à deux combattants pour une opération de sauvetage, trop grande pour eux.

 

 

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"Prodigieuses créatures" de Tracy Chevalier

Editions La Table Ronde - 2010

Traduit de l'anglais par Anouk Neuhoff

 

4ème de couverture

 Dans les années 1810, à Lyme Regis, sur la côte du Dorset battue par les vents, Mary Anning découvre ses premiers fossiles et se passionne pour ces « prodigieuses créatures » dont l’existence remet en question toutes les théories sur la création du monde. Très vite, la jeune fille issue d’un milieu modeste se heurte aux préjugés de la communauté scientifique. Celle-ci, exclusivement composée d’hommes, la cantonne dans un rôle de figuration.

Mary Anning trouve heureusement en Elisabeth Philpot une alliée inattendue. Cette vieille fille intelligente et acerbe, fascinée par les fossiles, l’accompagne dans ses explorations. Si leur amitié se double peu à peu d’une rivalité, elle reste leur meilleure arme face à l’hostilité générale.
 
Après Jane Austen et Persuasion, après John Fowles et Sarah et le lieutenant français, Tracy Chevalier est le troisième écrivain à s’installer à Lyme Regis et à y puiser l’inspiration d’un roman. Dans Prodigieuses créatures, elle raconte l’histoire d’une femme qui, bravant sa condition et sa classe sociale, fait l’une des plus grandes découvertes du XIXe siècle.

 

EXTRAIT

Mary Anning en impose par ses yeux. Ce détail m'a semblé évident dès notre première rencontre, quand elle n'était qu'une fillette. Ses yeux sont marron comme des boutons, et brillants, et elle a cette manie des chasseurs de fossiles de toujours chercher quelque chose, même dans la rue ou à l'intérieur d'une maison, où il n'y a aucune chance de trouver quoi que ce soit d'intéressant. Cette particularité la fait paraître pleine d'énergie, même lorsqu'elle reste sans bouger. Mes soeurs m'ont dit que moi aussi je jetais des coups d'oeil alentour au lieu d'arborer un regard impassible, mais dans leur bouche ce n'est pas un compliment, tandis que dans la mienne, envers Mary, c'en est un. 

J'ai remarqué depuis longtemps que les gens ont tendance à en imposer par un trait particulier, une partie du visage ou du corps. Mon frère John, par exemple, en impose par ses sourcils. Non seulement ils forment des touffes proéminentes au-dessus de ses yeux, mais ils constituent la partie la plus mobile de son visage, traduisant le cours de ses pensées tandis que son front se creuse ou bien se lisse. Il est le puîné des cinq enfants Philpot, et le seul fils, ce qui lui a donné la charge de quatre soeurs à la mort de nos parents. Une telle situation animerait les sourcils de n'importe qui, même si enfant, déjà, il était sérieux. 

Ma plus jeune soeur, Margaret, en impose par ses mains. Bien que petites, elles ont, proportionnellement, des doigts longs et élégants, et de nous toutes c'est celle qui joue le mieux du piano. Elle est encline à onduler des mains en dansant, et quand elle dort elle étire ses bras au-dessus de sa tête, même lorsqu'il fait froid dans la chambre. 

Frances a été la seule soeur Philpot à se marier, et elle en impose par sa poitrine, ceci, je suppose, expliquant cela. Nous, les soeurs Philpot, ne sommes pas connues pour notre beauté. Nous avons une charpente anguleuse et des traits accusés. De plus, la fortune familiale s'est avérée tout juste suffisante pour qu'une seule d'entre nous puisse se marier sans trop de difficultés, et Frances a remporté la course, quittant Red Lion Square pour devenir la femme d'un négociant de l'Essex. 

Les personnes que j'ai toujours le plus admirées sont celles qui en imposent par leurs yeux, comme Mary Anning, car elles semblent plus à même de comprendre le monde et ses rouages. C'est par conséquent avec Louise, ma soeur aînée, que je m'entends le mieux. Elle a des yeux gris, comme tous les Philpot, et elle parle peu, mais quand son regard se fixe sur vous, vous y prêtez forcément attention. 

J'ai toujours rêvé d'en imposer par mes yeux moi aussi, mais je n'ai pas eu cette chance. J'ai une mâchoire saillante, et quand je serre les dents - plus souvent qu'à mon tour, tant le monde m'indispose -, elle se crispe et s'aiguise comme la lame d'une hache. Lors d'un bal, j'ai surpris un soupirant potentiel à dire qu'il n'osait pas m'inviter à danser de peur de se couper contre ma joue. Je ne me suis jamais véritablement remise de cette observation. On ne s'étonnera pas que je sois une vieille fille, et que je danse si rarement. 

J'aurais bien aimé passer de la mâchoire aux yeux, mais j'ai constaté que les gens ne changent pas de trait dominant plus qu'ils ne peuvent modifier leur caractère. Je dois donc m'accommoder de cette forte mâchoire qui rebute tant les gens, taillée dans la pierre comme les fossiles que je ramasse. Du moins le croyais-je. 

 


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"Les taches du léopard" de Françoise Giroud

Editions Féryane

 

4ème de couverture

Le jour de ses vingt ans, Denis Sérignac apprend qu'il est un enfant adopté. Il part alors à la recherche de sa mère “ biologique ”, et découvre qu'elle est juive. Dès lors, l'est-il aussi, lui qu'elle a abandonné pour le protéger de ce qu'elle considère comme une malédiction ?
À la recherche de son identité, il fuit Paris et devient marchand d'art. Il trouvera sa voie dans la vie, soutenu par les femmes exceptionnelles qui l'entourent.


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15 janvier 2011 6 15 /01 /janvier /2011 14:43

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photos©Voyelle

 

1er rendez-vous de l'année...les mets et les mots ont fait la ronde. Et en février, on remet ça, même jour, même heure, même lieu ! En attendant de découvrir les prochains coups de coeur, voici un aperçu de ceux de janvier. Bonne lecture !

 

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« La vie n’est ni un jeu ni un match, sinon il y aurait des gagnants »

 

 

4ème de couverture

Dans une ville du Japon, de nos jours, un garçon de dix ans grandit dans un orphelinat. Son père est mort de surmenage professionnel et sa mère est atteinte de cyclothymie aiguë. Comme tous les enfants de son âge, il est passionné de technologies et de jeux vidéo. Etrangement, il a attiré l'attention d'un lutteur de sumo, de passage. Ce dernier, grand maître de force et de sagesse, a repéré le " gros" qui se cache en lui. Il entreprend donc, alors que ce gosse garde sa corpulence normale, de lui expliquer les éléments fondamentaux et les pratiques d'un sport ancestral et d'un art martial qui touche à la plus profonde philosophie zen...


 

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"Naufrages" d'Akira Yoshimura

Editions Babel  - 2004

Traduit du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle

 

4ème de couverture

Dans un village isolé entre mer et montagne, une petite communauté tente d’échapper à la misère en entretenant d’étranges coutumes. Isaku n’a que neuf ans lorsque son père part se louer dans un bourg au-delà de la montagne. Devenu d’emblée chef de famille, Isaku se voit attribuer une responsabilité dont il ne peut imaginer les conséquences. Une tempête s’annonçant cette nuit-là, d’immenses feux sont allumés sur la plage. Chargé de surveiller ce rite ancestral, Isaku va assister à l’arrivée d’un navire qui, ayant repéré les feux depuis le large, s’approche de la plage pour échapper au naufrage. Mais une barre rocheuse déchire la mer aux abords du village, et le piège se referme sur ce bateau qui, sous les yeux horrifiés de l’enfant, sombre en offrant à la communauté sa précieuse cargaison. A travers ce récit envoûtant et cruel, Akira Yoshimura évoque la violence presque primitive d’une communauté villageoise totalement isolée dans un Japon hors du temps. S’appuyant sur le cycle des saisons, il décrit les conséquences de cet enfermement sur le destin d’un enfant dont la naïveté ne peut engendrer la révolte ni quelque autre forme de jugement face à la misère.

 

EXTRAIT

De vieux capuchons de paille flottaient çà et là dans les premières vagues. Quand les rouleaux s’écrasaient sur les récifs au loin sur la côte, l’écume arrivait par vagues successives aux pieds d’Isaku et la mer se cambrait pour venir s’écraser contre les rochers.

Il pleuvait et la surface de la mer fumait. Des gouttes de pluie mêlées d’écume passaient à travers les trous de sa capuche. La côte rocheuse était bordée d’une mince étendue de sable où venaient s’échouer les épaves.

Isaku attendit que la mer se retire pour s’avancer et attraper un morceau de bois coincé entre les rochers. Il était courbe et portait des marques de clous. C’était un peu lourd, il n’avait que neuf ans, mais il prit appui sur le rocher et tira du mieux qu’il put, si bien qu’il réussit à le faire glisser.

Une vague approcha dans un bouillonnement d’écume, d’un bond il recula sur le rivage. Il l’entendit s’écraser derrière lui, tandis qu’un paquet de mer l’éclaboussait avec fracas. Puis elle se retira, et il avança à nouveau pour tendre la main vers le morceau de bois.

L’épave se rapprochait peu à peu et bientôt, portée par une vague plus puissante, elle vint s’échouer sur le rivage. Il s’y cramponna pour la retenir.

Agrippé à une aspérité, il la tira hors de l’eau et l’emporta au village.

D’autres villageois chargés de bois quittaient la plage pour prendre le chemin du village. Le morceau qu’Isaku avait ramassé semblait plus imposant et plus dur. S’il avait pu le rapporter chez lui, il en aurait fait une belle bûche, aussi était-il un peu déçu de devoir le donner pour l’incinération.

En arrivant sur le chemin, il vit une femme sortir de la maison du mort, et venir vers lui pour l’aider à transporter l’épave à l’intérieur. Ils l’abandonnèrent dans l’entrée de terre battue où d’autres morceaux gisaient pêle-mêle.

Isaku défit le lien de son capuchon, s’assit sur le bois et regarda autour de lui. Le mort, un homme de plus de cinquante ans du nom de Kinzo, était nu, simplement couvert d’un linge autour des reins. Après une mauvaise chute, il s’était couché, et depuis quelques jours sa famille ne lui donnait plus que de l’eau. On n’avait pas l’habitude au village de nourrir les mourants.

Le corps, placé en position assise avec les genoux repliés avait été attaché avec une corde au pilier central. Les os ressortaient sous la peau, et le ventre, anormalement gonflé, semblait dur. La tête penchait légèrement en avant, et on avait déposé sur le petit chignon de cheveux blancs un talisman fait de tiges de chanvre séché tressées en croix, afin d’écarter les mauvais esprits.

La mère d’Isaku essuyait le cercueil posé sur le sol. L’enfant sentait l’odeur de la soupe de riz offerte par les villageois qui cuisait sur le feu.

Sans doute pleuvait-il très fort, car il ne percevait plus le ressac et le bruit de la pluie emplissait la maison.

Il avait les yeux fixés sur les mains de la femme qui brassait le contenu de la marmite avec une spatule.


 

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" Ceux des tempêtes" d'Alain du Manoir

Préface de Jean Recher - Editions Ancre de Marine

 

Résume de l'éditeurCarnet de bord d'une campagne de pêche au large de l'Islande, à bord d'un chalutier de Fécamp. Un document exceptionnel sur la vie des Terre-Neuvas en 1936. Plus q'un reportage, le roman vrai de la Grande Pêche.

 

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4ème de couverture

Revoici Pénélope, la jeune conservatrice du patrimoine, toujours amoureuse de Wandrille, journaliste dandy et rieur. Après avoir résolu l’énigme de la tapisserie de Bayeux dans Intrigue à l’anglaise, elle est nommée au château de Versailles. Dès son arrivée, elle découvre un cadavre, un Chinois et un meuble en trop. C’est effrayant, c’est étrange, c’est beaucoup. Dans ce temple de la perfection et de la majesté vont s’affronter les bourrasques de la mafia chinoise et d’une société secrète qui se perpétue depuis le XVIIe siècle. Des salons aux arrière-cabinets du château, des bosquets du parc aux hôtels particuliers de la ville, Pénélope, bondissante et perspicace, va percer les mystères de Versailles.

 



Les premières lignes : ICI


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"Puisque les princes m'impressionnent" de Lucie B
Editions à réActions - 2009 (texte et photographies)
Galerie de princes charmants, cet ouvrage est la mise en image d'un travail théâtral et photographique mené par Lucie B, et la compagnie Sans paradis fixe. 48 photographies argentiques en noir et blanc.
« Douceur, offrande, pudeur et étonnement : Lucie B. suit un chemin simple et singulier. Portraits d'hommes modestes stoppés dans la banalité de leur quotidien pour accomplir un geste lourd de sens et léger comme une plume, offrir des fleurs. Ces photographies sont autant de visions momentanées de ce que pourrait être le masculin et le féminin. Non prévenus, pris de court, ils offrent à notre regard l'intimité de leur espoir : qu'un jour une femme soit là pour recevoir les fleurs de leur cœur. » Arlette Farge

EXTRAITS TEXTES et PHOTOS : ICI

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Editions Anne Carrière 2010
Traduit de l'allemand par Bernard Kreiss
4ème de couverture
À la mort de Bertha, ses trois filles, Inga, Harriet et Christa, et sa petite-fille, Iris, la narratrice, se retrouvent dans leur maison de famille, à Bootshaven, dans le nord de l’Allemagne, pour la lecture du testament. A sa grande surprise, Iris hérite de la maison et doit décider en quelques jours de ce qu’elle va en faire. Bibliothécaire à Fribourg, elle n’envisage pas, dans un premier temps, de la conserver. Mais, à mesure qu’elle redécouvre chaque pièce, chaque parcelle du merveilleux jardin qui l’entoure, ses souvenirs se réveillent, reconstituant l’histoire émouvante, parfois rocambolesque, mais essentiellement tragique, de trois générations de femmes.
Katharina Hagena nous livre ici un grand roman sur le thème du souvenir et de l’oubli.
Katharina Hagena est née en 1967. Spécialiste de l’œuvre de Joyce, elle enseigne la littérature anglaise et allemande à l’université de Hambourg.

Les premières pages : ICI

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"On n'empêche pas un petit coeur d'aimer" de Claire Castillon 
( Nouvelles) Editions Fayard 2007

« L’essentiel, c’est de dialoguer. Après, il ne faut pas décortiquer. A trop couper les cheveux en quatre, on peut en sortir ébranlé »

4ème de couverture
On n'empêche pas un petit coeur d'aimer. Surtout un petit coeur sec. Jaloux. Tordu. Malheureux. Il faut l'admettre, l'amour n'est pas l'apanage des gens aimants. D'ailleurs l'auteur avait pensé intituler son recueil de nouvelles : Infect. Mais d'Insecte à Infect la rime était trop facile. Pourtant, infects, nous le sommes tous plus ou moins quand nous aimons ?

QUELQUES PRELEVEMENTS

1ère phrase
Elle met des mots d'amour, quelquefois des douceurs, sous le bras d'un pull-over, dans l'épaule d'un gilet.

Puis...Je me souviens de tout, je ne pardonne rien. Ces apéritifs ridicules avant de sortir dîner. Tiens, prends des cacahouètes, tu me disais maigrelette, et tu ouvrais un nouveau paquet  de chips. Après, au restaurant, tu économisais. Une entrée, et parfois un dessert partagé. Je trouvais romantique de picorer dans ton assiette, et attendrissant que tu glisses dans ta poche les bonbons qui accompagnaient l'addition. Mignon gourmand, pensai-je. Mais je t'ai vu, un jour, les empaqueter pour les offrir, et làj'ai eu envie de cogner. Pourtant, je t'ai aidé à trouver du ruban, et je suis restée. A Noël tu refermais proprement le papier des cadeaux que tu venais de recevoir, et je me demandais qui les rouvrirait, plus tard, lors d'un dîner, d'une fête ou d'un anniversaire. Tu recyclais le chocolat, le vin, les livres et les disques. Je n'oublierai jamais le regard de notre fils, gêné de recevoir l'écharpe en soie que notre fille t'avait acheté pour une fête des Pères.
Plus ça va, plus je vais être, hélas, enclin à la tromper. Elle le sait, elle encaisse. Je ne dois pas la quitter, c'est la seule chose qui lui tient à coeur. Rien ne m'empêchera de le faire, pourtant, si j'ai un coup de foudre. Mais ça va encore. Un souvenir commun, un gratin de courges ou du sucre à la crème, ses divines spécialités, viennent toujours me surprendre à temps.(p128)

Maintenant que tu sais les écrire, les envoyer, les effacer, tu pourras lui demander comment les éviter, les erreurs?" (p. 133 / Train-train)

Tu disais de ta vie qu'elle serait un voyage, j'avais terminé le mien aux coins de ton visage. Je t'ai fait disparaître." (p. 126 / Voyages)

La nuit, il est gentil; quelquefois, il m'embrasse dans le cou. Mais dès que j'ouvre un oeil, je deviens son objet, ou parfois sa souris de laboratoire." (p.117/ Mort au rat )

C'est l'histoire de deux âmes qui doivent finir d'aimer. L'une parce qu'elle est vieille, l'autre parce qu'elle se sent chassée. L'homme ne veut plus de la femme, il la trouve trop jeune. Elle ne jure que par lui, elle voudrait le garder." (p. 99 / Arrache-coeur )

Une phrase à retenir ?!
Une vieille amie m'a dit que c'est au tombeau que l'on reconnaît la mesquinerie de la famille.


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Editions Babel 2005
4ème de couverture
A quarante ans, quittée par son compagnon, elle vide son compte en banque et part à Venise, pour ne pas sombrer. C'est l'hiver, les touristes ont déserté la ville et seuls les locataires de la pension où elle loge l'arrachent à sa solitude. Il y a là un aristocrate russe en fauteuil roulant, une jeune danseuse et son amant. Il y a aussi, dans la ville, un libraire amoureux des mots et de sa cité qui, peu à peu, fera renaître en elle l'attente du désir et de l'autre.
Dans une langue ajustée aux émotions et à la détresse de son personnage, Claudie Gallay dépeint la transformation intérieure d'une femme à la recherche d'un nouveau souffle de vie. Et médite, dans le décor d'une Venise troublante et révélatrice, sur l'enjeu de la création et sur la force du sentiment amoureux

EXTRAIT
Ses lèvres, humides, elles les essuie avec le pouce. Je ne sais pas gérer le désespoir, le mien, encore moins celui de autres. Je n’ai jamais su.
Et puis l’histoire qui revient. Toujours la même histoire. Le même désaccord.
Je détourne la tête. Dehors, les toits, le ciel. Un temps sombre, chargé de nuages.
– Ça va s’arranger… je dis, et je ne sais pas si je parle du temps. Ou d’elle. De sa vie.
Elle ne le sait pas non plus.
Mais c’est tout ce que je trouve à dire à ce moment-là. Ça va s’arranger, alors que ça ne s’arrangera pas.
Elle attend que je lui dise cette chose-là, ça ne s’arrangera pas, cette vérité, que ça ne s’arrangera jamais, jamais plus, jamais plus comme avant. Et qu’il n’y a rien à faire contre ça.
Je prends une tranche de pain, je la recouvre de confiture. Impossible de mordre dedans. Je la repose.
Il faudrait arrêter de mentir. Au gens, aux vieux, aux enfants.
Quand Trevor est parti, j’aurais dû lui dire je ne crève pas pour toi mais c’est ma jeunesse qui crève. Quelque chose que je porte en moi et que j’aimais et qui s’en va.
Je ne lui ai rien dit.
Au fond du salon, la porte s’ouvre, Carla baisse la tête.
–Ne fais pas ça, je dis.
Mais ça ne suffit pas.
Je veux me lever. Partir.
Elle dit reste.
D’une voix, venue du ventre. Valentino s’avance. Je sens la tension entre eux. Palpable. Je la subis. Ça me rappelle trop les silences avec Trevor à la fin quand on ne s’engueulait même plus.
Qu’on s’ennuyait.
Au restaurant, on n’osait plus se regarder. On regardait par la fenêtre ou alors on regardait les autres. Ailleurs. On tournait notre fourchette entre nos doigts. On avait hâte de finir, hâte de payer. Hâte de partir. Et pourtant on ne partait pas. On s’accrochait. Moi surtout.
Je ne les regarde pas.
Je prends une orange. Je la garde dans ma main et puis je la fais rouler sur la table d’une paume dans l’autre.
L’amour de Carla connaît sa fissure. La première. Elle le sait. Avant lui.
C’est le savoir des femmes. (Pages 168-169)


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"Honte et dignité" de Dag Solstad
Editions les Allusifs 2008 
Traduit du Norvégien par jean-Baptiste Coursaud
4ème de couverture
Un professeur dans la cinquantaine, Elias Rukla est en butte à une jeunesse indifférente et hostile qui n’en a rien à faire de l’enseignement du norvégien en général et d’Ibsen en particulier. C’est toute la solitude du professeur que Solstad nous livre ici, toute la difficulté, ancestrale, universelle, à intéresser des adolescents à une œuvre non seulement incontournable des lettres nationales, mais d’une étonnante modernité. C’est aussi l’ironie de Solstad qui sait se moquer de son personnage, frustré dans sa vie personnelle, incapable de se mettre au niveau de ses interlocuteurs, perdu dans les méandres de sa pensée somme toute alcoolisée. Dag Solstad s’inscrit dans ce courant d’écrivains norvégiens et scandinaves qui ont repris le stream of consciouness cher à Joyce de la fin des années 1980 jusqu’au milieu des années 1990. De même pour Thomas Bernhard dont on retrouve chez Solstad la pensée en mouvement jusque dans la construction narrative qui suit les réflexions des personnages, mais aussi la rage propre à ces mêmes personnages, qui va voir Elias Rukla s’acharner contre son… parapluie
Dag Solstad est né en juillet 1941 à Sandefjord en Norvège. Il est connu entre autres pour le talent avec lequel il analyse la conscience moderne. Il a aujourd’hui publié près d’une trentaine de livres traduits en anglais, en arabe, en turc ou encore en espagnol. Il est le seul auteur norvégien à avoir obtenu trois fois le Prix de la Critique Littéraire Norvégienne. Il est également récipendiaire du Prix de littérature du Conseil Nordique en 1989 pour Roman 1987, puis encore du Prix de la Critique en 1999 pour T. Singer, et du Brageprisen en 2006

EXTRAIT
En fait, c’était un professeur agrégé un soupçon soûlographe, dans la cinquantaine, pourvu d’une épouse à l’embonpoint un soupçon trop prononcé, et avec qui il prenait chaque matin son petit déjeuner. Cette matinée d’automne, un lundi, en octobre, ne faisait pas exception à la règle alors que, assis à la table du petit déjeuner, titillé par une légère céphalée, il ignorait encore qu’elle allait devenir la journée la plus décisive de sa vie. Aujourd’hui comme les autres jours, il avait veillé à revêtir une chemise d’une éblouissante propreté ; une vigilance qui avait un effet lénifiant sur le malaise dont il ne pouvait se départir et qui le faisait se sentir contraint et forcé de vivre à cette époque, dans ces conditions. Il termina son petit déjeuner en silence, jeta un oeil par la fenêtre, vers la rue Jacob Aalls gate, ainsi qu’il l’avait fait un nombre incalculable de fois au fil des ans. Il se trouvait à Oslo, la capitale de la Norvège, où il vivait et exerçait.

 
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28 novembre 2010 7 28 /11 /novembre /2010 15:52

 

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photos - Pascal Bronnec   

 

 

 

"La Valse lente des tortues"  de Katherine Pancol

 

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Editions le livre de poche - 2009

 

Résumé de l'éditeur  

Ce livre est une bourrasque de vie... Un baiser brûlant du seul qu’on ne doit pas embrasser… Deux bras qui enlacent ou qui tuent… Un homme inquiétant, mais si charmant… Une femme qui tremble et espère ardemment... Un homme qui ment si savamment… Une femme qui croit mener la danse, mais passe son tour… Des adolescents plus avertis que les grands... Un homme qui joue les revenants… Un père, là-haut dans les étoiles… qui murmure à l’oreille de sa fille... Un chien si laid qu’on s’écarte sur son passage… Des personnages qui avancent obstinément... comme des petites tortues entêtées… qui apprendraient à danser lentement, lentement… dans un monde trop rapide, trop violent...

 

Interview de Katherine Pancol : ICI

Son site :  


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"Ouragan" de Laurent Gaudé

Editions Actes Sud - 2010


Le point de vue des éditeurs

A La Nouvelle-Orléans, alors qu'une terrible tempête est annoncée, la plupart des habitants fuient la ville. Ceux qui n'ont pu partir devront subir la fureur du ciel. Rendue à sa violence primordiale, la nature se déchaîne et confronte chacun à sa vérité intime : que reste-t-il en effet d'un homme au milieu du chaos, quand tout repère social ou moral s'est dissous dans la peur ? Seul dans sa voiture, Keanu fonce vers les quartiers dévastés, au coeur de la tourmente, en quête de Rose, qu'il a laissée derrière lui six ans plus tôt et qu'il doit retrouver pour, peut-être, donner un sens à son existence... Dans un saisissant décor d'apocalypse, Laurent Gaudé met en scène une dizaine de personnages qui se croisent ou se rencontrent. Leurs voix montent collectivement en un ample choral qui résonne comme le cri de la ville abandonnée à son sort. Roman ambitieux à l'écriture empathique et incantatoire, Ouragan mêle la gravité de la tragédie à la douceur bienfaisante de la fable pour exalter la fidélité, la fraternité, et l'émouvante beauté de ceux qui restent debout.

 

LES PREMIERES LIGNES

 

Moi, Josephine Linc. Steelson, négresse depuis presque cent ans, j'ai ouvert la fenêtre ce matin, à l'heure où les autres dorment encore, j'ai humé l'air et j'ai dit : "Ça sent la chienne." Dieu sait que j'en ai vu des petites et des vicieuses, mais celle-là, j'ai dit, elle dépasse toutes les autres, c'est une sacrée garce qui vient et les bayous vont bientôt se mettre à clapoter comme des flaques d'eau à l'approche du train. C'était bien avant qu'ils n'en parlent à la télévision, bien avant que les culs blancs ne s'agitent et ne nous disent à nous, vieilles négresses fatiguées, comment nous devions agir. Alors j'ai fait une vilaine moue avec ma bouche fripée de ne plus avoir embrassé personne depuis longtemps, j'ai regretté que Marley m'ait laissée veuve sans quoi je lui aurais dit de nous servir deux verres de liqueur - tout matin que nous soyons - pour profiter de nos derniers instants avant qu'elle ne soit sur nous. J'ai pensé à mes enfants morts avant moi et je me suis demandé, comme mille fois auparavant, pourquoi le Seigneur ne se lassait pas de me voir traîner ainsi ma carcasse d'un matin à l'autre. J'ai fermé les deux derniers boutons de ma robe et j'ai commencé ma journée, semblable à toutes les autres. Je suis descendue de ma chambre avec lenteur parce que mes foutues jambes sont aussi raides que du vieux bois, je suis sortie sur le perron et j'ai marché jusqu'à l'arrêt du bus. Moi, Josephine Linc. Steelson, négresse depuis presque cent ans, je prends le bus tous les matins et il faudrait une fièvre des marais, une de celles qui vous tordent le ventre et vous font suer jusque dans les plis des fesses, pour m'empêcher de le faire. Je monte d'abord dans celui qui va jusqu'à Canal Street, le bus miteux qui traverse le Lower Ninth Ward, ce quartier où nous nous entassons depuis tant d'années dans des maisons construites avec quatre planches de bois, je monte dans ce bus de rouille et de misère, parce que c'est le seul qui prenne les nègres que nous sommes aux mains usées et au regard fatigué pour les emmener au centre-ville, je monte dans ce bus dont la boîte de vitesses fait un bruit de casserole mais j'en descends le plus vite possible, six stations plus loin. Je pourrais aller jusqu'à Canal Street mais je ne veux pas traverser les beaux quartiers dans ce taudis-là. Je descends dès que les petites baraques du Lower Ninth laissent place aux maisons à deux étages du centre, avec balcon et jardin, je m'arrête et j'attends l'autre bus, celui des rupins. C'est pour être dans celui-là que je me lève le matin. C'est dans celui-là que je veux faire le tour de la ville, un bus de Blancs qui me dévisagent quand je monte parce qu'ils voient tout de suite que je suis du Lower Ninth, c'est celui-là que je veux et si je me lève si tôt, c'est que je veux qu'il soit bondé parce que, lorsque je monte, cela me plaît d'avoir devant moi, en une double rangée un peu blafarde, tous ceux qui vont s'épuiser au travail. Je m'assois. Et je le fais toujours avec un sourire d'aise, n'en déplaise aux jeunes qui me regardent en se demandant quel besoin a une vieille carne dans mon genre de prendre le bus si tôt, encore qu'il n'en soit pas tant que ça à se demander ce genre de choses car la plupart s'en foutent, comme ils se foutent de tout. Je le fais parce que j'ai gagné le droit de le faire et que je veux mourir en ayant passé plus de jours à l'avant des bus qu'à l'arrière, tête basse, comme un animal honteux. Je le fais et c'est encore meilleur lorsque je tombe sur des vieux Blancs. Alors là, oui, je prends tout mon temps. Car je sais que, même s'ils font mine de rien, ils ne peuvent s'empêcher de penser qu'il fut un temps, pas si lointain, où mon odeur de négresse ne pouvait pas les importuner si tôt le matin, et j'y pense moi aussi - si bien que nous sommes unis, d'une pensée commune, même si chacun fait bien attention de ne rien laisser paraître, nous sommes unis, ou plutôt face à face - et je gagne, chaque fois. Je m'assois le plus près de là où ils sont, en posant mes fesses sur un morceau de leur veste si possible pour qu'ils soient obligés de tirer dessus et que leur mécontentement croisse encore. Jamais aucun de ces vieux Blancs ne m'a laissé sa place lorsqu'il est arrivé que le bus soit plein. Une fois seulement, alors que j'avançais dans la travée centrale, un homme m'a souri, s'est déplacé pour aller côté fenêtre et m'a fait signe de m'installer à côté de lui, sur la place qu'il libérait. "Tu n'as pas peur des vieilles vaches noires, fils ?" j'ai lancé, pour rire. Il m'a répondu en souriant : "Nous nous sommes battus pour cela." C'est depuis ce jour que lorsque j'ai besoin d'un clou, ou d'une ampoule - ce qui n'arrive pas si souvent -, je traverse la ville pour aller chez Roston and Sons, le quincaillier. Car ce jeune blanc-bec est le cadet du vieux Roston et je me fous que le clou soit plus cher qu'ailleurs, j'y vais au nom des vieilles luttes et du goût savoureux de la victoire.

 

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"Y'a pas d'embouteillages dans le désert" de Moussa Ag Assarid

Editions Broché - 2006

 

Présentation de l'éditeur

Moussa Ag Assarid a le voyage dans le sang. Né an nord du Mali vers 1975, de parents nomades, aîné d'une famille de treize enfants, le jeune Touareg part pour la France un jour de 1999, et troque les dromadaires de son enfance pour le TGV et le métro. Toujours en vadrouille, à la rencontre des autres, il raconte dans cet ouvrage sa découverte à la fois émerveillée et étonnée de la France, de sa nature, de ses habitants, de ses habitudes, de tout ce que nous ne voyons plus à force de le côtoyer, d'en user ou d'en abuser. Cocasses et attendrissantes (son lit d'hôtel si grand que tous les enfants de la tente auraient pu y dormir, le miracle de l'eau coulant des robinets, la magie des escalators et portes automatiques...), mais aussi plus lucides voire désabusées (le manque de temps, d'humanité et de chaleur des gens...), ses anecdotes et réflexions, constamment imprégnées de sa culture et de l'art de vivre du désert, sont, pour les Occidentaux que nous sommes, l'occasion de sourire de nous-mêmes et de méditer sur nos choix de vie.

 

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"Naissance d'un pont" de Maylis de Kérangal

Editons verticales - 2010 - PRIX MEDICIS 2010

 

Présentation de l'éditeur

« À l’aube du second jour, quand soudain les buildings de Coca montent, perpendiculaires à la surface du fleuve, c’est un autre homme qui sort des bois, c’est un homme hors de lui, c’est un meurtrier en puissance. Le soleil se lève, il ricoche contre les façades de verre et d’acier, irise les nappes d’hydrocarbures moirées arc-en-ciel qui auréolent les eaux, et les plaques de métal taillées en triangle qui festonnent le bordé de la pirogue, rutilant dans la lumière, dessinent une mâchoire ouverte. »

Ce livre part d’une ambition à la fois simple et folle : raconter la construction d’un pont suspendu quelque part dans une Californie imaginaire à partir des destins croisés d’une dizaine d’hommes et femmes, tous employés du gigantesque chantier. Un roman-fleuve, « à l’américaine », qui brasse des sensations et des rêves, des paysages et des machines, des plans de carrière et des classes sociales, des corps de métiers et des corps tout court.

 

EXTRAIT DE L'EDITEUR

L’avion amorce sa descente, à cinquante miles de là. Les passagers remuent les cervicales et regardent leur montre, ils ont faim, l’hôtesse de l’air remonte lentement le conduit central, impeccable, chignon banane et collants chair, jette de brefs coups d’œil latéraux afin de vérifier les boucles des ceintures et l’inclinaison des sièges, et chaloupe si doucement les hanches qu’elle calme de la sorte les passagers les plus aérophobes, toujours plus inquiets lors de l’atterrissage. Georges Diderot écrase son profil contre la double focale du hublot, il salive, il tressaille : le théâtre des opérations. Here we are ! – il chuchote dans ses mains brûlantes jointes en cornet autour de bouche. Deux zones immenses et siamoises sont soudées l’une à l’autre par une couture serpentine et survolé de la sorte, c’est un schéma d’une folle puissance, Diderot plisse les paupières, son cœur bouge, il est touché.

Douze mille pieds. La surface terrestre précise sa partition binaire : à l’Est, c’est une étendue claire, céruse crayeuse tirant sur le jaune pâle, chaume semé d’aiguilles convergeant en pelote métallique, à l’Ouest, un massif obscur, mousse noire aux reflets émeraude, dense, irrégulière. Dix mille pieds : la zone blanche vibre, crépite, des milliers d’éclisses éparpillées étincellent quand la zone noire, elle, se tient impénétrable, absolument close. Huit mille pieds. Une ligne de front apparaît qui agence ces deux zones, contre laquelle elles se frottent ou coulissent à la manière de deux plaques tectoniques le long d’une ligne de faille : le fleuve. Sourire de Diderot, sourire de connivence. Cinq mille pieds. Pister à présent le cours du fleuve qui vertèbre l’espace, l’articule, y fraye un souffle, un mouvement qui le doue de vie. Trois mille pieds. Observer souverain les variations chromatiques de la rivière – rouge brique argileux le long de berges, foncé brun puis violacé sur le médian du lit, ombres turquoises en bord de mangroves et langues blanches dans le creux des méandres – incision de couleur au sein de cet espace clavé en noir et blanc.

 

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"Purge" de Sofi Oksanen

Editions La cosmopolite Stock -2010

 

4ème de couverture

 

« Un vrai chef-d’oeuvre. Une merveille. 
J’espère que tous les lecteurs du monde, les vrais, liront Purge. » Nancy Huston

 

En 1992, l’union soviétique s’effondre et la population estonienne fête le départ des Russes. Mais la vieille Aliide, elle, redoute les pillages et vit terrée dans sa maison, au fin fond des campagnes. 
Ainsi, lorsqu’elle trouve Zara dans son jardin, une jeune femme qui semble en grande détresse, elle hésite à lui ouvrir sa porte. Ces deux femmes vont faire connaissance, et un lourd secret de famille va se révéler, en lien avec le passé de l’occupation soviétique et l’amour qu’Aliide a ressenti pour Hans, un résistant. La vieille dame va alors décider de protéger Zara jusqu’au bout, quel qu’en soit le prix. 
Sofi Oksanen s’empare de l’Histoire pour bâtir une tragédie familiale envoûtante. Haletant comme un film d’Hitchcock, son roman pose plusieurs questions passionnantes : peut-on vivre dans un pays occupé sans se compromettre ? Quel jugement peut-on porter sur ces trahisons ou actes de collaboration une fois disparu le poids de la contrainte ? 
Des questions qui ne peuvent que résonner fortement dans la tête des lecteurs français.

 

Sofi Oksanen est née en Finlande en 1977, d’une mère estonienne et d’un père finlandais. Elle est devenue en trois romans et quelques pièces de théâtre un personnage incontournable de la scène littéraire finlandaise. Purge a marqué la consécration de l’auteur, qui a reçu en 2008 l’ensemble des prix littéraires du pays, mais le roman a également enrichi le débat historiographique sur cette période de l’occupation soviétique.

 

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"S'taupons les taupes" de Philippe Bonduelle

Editions Larousse -2010

 

Résumé

Votre jardin ressemble à un champ de bataille ? Vous n'en pouvez plus d'enjamber des monticules de terre, mais vous ne voulez pas faire trop de mal à cet animal pas si nuisible que ça...
Ce petit livre orange est fait pour vous ! Du " taupe modèle " qui dresse le portrait de la bestiole au " taupe 40 " des recettes " anti-taupes ", il règle leur compte aux idées reçues et recense les solutions qui marchent, en privilégiant toujours le bon sens et les méthodes naturelles, sans oublier l'humour !

 

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"Guerre et paix" de léon Tolstoï

Editions Poche - 2010 - tome 1 et 2

 

1805, Saint-Pétersbourg. Lors de la soirée d'Anna Pavlovna Schérer se croisent Pierre (revenu d'Europe et influencé par les idées révolutionnaires), le prince Basile Kouraguine et ses enfants, Hélène et Hippolyte, le prince André Bolkonsky et son épouse enceinte. Cette soirée est l'occasion pour Pierre et André de renouer leur amitié. Intelligent, rationnel et ambitieux, André dédaigne autant la futilité du monde que la vie maritale. Pierre fréquente la vie dissolue des jeunes officiers, en particulier les noceurs Anatole Kouraguine et Dolokhov. Moscou. Les héritiers potentiels du comte Bézoukhov, parmi lesquels le prince Basile, se pressent au chevet du mourant. Le pays se prépare au côté des Autrichiens à la guerre contre Napoléon. Dans la famillle Rostov, le jeune Nicolas abandonne ses études pour s'engager au côté de son ami Boris Droubetskoï, ceci au grand dam de sa tendre cousine Sonia. La riche Julie Karaguine ne parvient pas à attirer son attention : Nicolas et Sonia sont secrètement amoureux. Quant à l'espiègle Natacha, qui n'a que treize ans, elle se « fiance » avec Boris. Grâce à l'intervention de la princesse Droubetskoï, Pierre, fils illégitime du comte Bézoukhov, assiste à sa mort et hérite de toute sa fortune. Il devient dès lors un « parti » en vue, se met à fréquenter le monde et les Rostov. Dans la demeure provinciale des Bolkonsky, le prince André est fermement décidé à rejoindre l'armée. Il remet sa femme Lise au soin de son père, le sévère et coléreux Nicolas Andréïévitch, et de la douce et spirituelle princesse Marie...

 

 

 

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"Mon vieux et moi" de Pierre Gagnon

Editions Autrement - 2010

 

4ème de couverture

 

Après une carrière dans la fonction publique - rayon « aides sociales » -, le narrateur, qui vient de partir à la retraite, adopte Léo (99 ans), qu’il croisait régulièrement dans la maison de retraite où il rendait visite à sa tante. Léo est d’accord pour venir s’installer chez lui. Une aventure commence. Mon vieux et moi est le récit de leur vie à deux, de leur face à face, à travers les détails significatifs de la vie quotidienne ; en particulier les efforts, l’attention du narrateur envers Léo. Mais c’est bien Léo qui, immensément patient, accommodant, lui en apprendra sur l’existence : « sans grands discours, par des gestes et de simples intentions, cet homme m’enseigne comment vivre harmonieusement ». Un matin, victime d’une chute en ramassant le journal, Léo est hospitalisé. A son retour, il n’est plus que l’ombre de lui-même ; il perd la tête. Malgré la tendresse qu’il a pour « son » vieux et ses efforts aussi énormes que drolatiques pour s’adapter au grain de folie de Léo, le narrateur va devoir choisir…

 


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28 octobre 2010 4 28 /10 /octobre /2010 21:40

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"Les larmes de tarzan" de Katarina Mazetti

traduit du suédois par Léna Grumbach et Catherine Marcus

Editions Babel chez Actes Sud

 

4ème de couverture

Une histoire d'amour impossible entre une mère célibataire dans la dèche et un jeune cadre dynamique qui roule en Lamborghini. Avec l'humour qui a fait le succès du "Mec de la tombe d'à côté", "Les Larmes de Tarzan" dénonce au passage les injustices sociales tout en se moquant de l'éternelle opposition entre hommes et femmes.

 

EXTRAIT ICI

 

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"La mer de corail" de Patti Smith

traduit de l'américain par Jean-Paul Mourmon

Editions Tristam - 1996

 

4ème de couverture

Patti Smith et Robert Mapplethorpe se sont rencontrés en 1967 lorsqu’ils avaient 20 ans, à New York, où ils vécurent ensemble pendant plusieurs années. leurs carrières respectives de musicienne et de photographe célèbres ne cessant plus, dès lors de se croiser.

L’oeuvre de Robert Mapplethorpe - où voisinnent portraits, nus, fleurs et nature mortes, ainsi que de violentes représentations sado-masochistes- a connu au cours des années 80 une consécration mondiale, culminant en 1988 par sa rétropective au Whitney Museum de New York ; un an avant qu’il ne meure du SIDA en 42 ans.

Avec des photographies de Robert Mapplethorpe, Lynn Davis et Edward Maxey.
Ce livre contient 17 photographies en bichromie.

 

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"Pig Island" de Mo Hayder

Traduit par Hubert TEZENAS

Editions Presse de la cité - 2007

 

4ème de couverture

Joe Oakes est journaliste et gagne sa vie en démystifiant les prétendus phénomènes paranormaux. Ce sceptique-né n'a jamais eu qu'un seul credo : tout s'explique rationnellement. En débarquant sur Pig Island, un îlot perdu au large de l'Ecosse, il est fermement décidé à vérifier si la trentaine d'allumés qui y vivent en vase clos vénèrent le diable comme les en accusent les gens de la côte. Et, surtout, il veut tordre le cou au mythe du monstre de Pig Island - une mystérieuse créature filmée deux ans plus tôt sur le littoral désert de l'île par un touriste à moitié ivre. Mais rien, strictement rien ne se passe comme prévu. Joe Oakes va être confronté à des événements tels que son idée de la peur et du mal ne sera plus jamais la même...

 

 

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"Les 7 messagers" de Dino Buzzati

Recueil de vingt nouvelles traduit par Michel Breitman

Editions Robert Laffont -1969

 

Résumé

Dans un royaume imaginaire, le fils du roi avait décidé d'atteindre la frontière du royaume de son père. Il emmène avec lui sept messagers, qui sont censés lui permettre de maintenir un lien avec sa ville d'origine. Mais pour des raisons dichotomiques, les messagers qu'il envoie mettent de plus en plus de temps à revenir. Et le fils du roi, constatant que les nouvelles qui lui sont rapportées font état de profonds changements, qu'elles ne le rattachent plus à rien, décide d'envoyer ses messagers devant lui. Ils rapportent alors qu'ils ne trouvent jamais la frontière, que les gens sont toujours les vassaux de leur roi, mais pas de frontière. Le fils du roi en vient à se demander s'il reverra un jour le dernier messager qu'il vient de voir partir, sans savoir où il l'envoie exactement…

 

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"Marguerite" de Gaëlle Callac ( auteure) et de Marie Desbons ( illustratrice)

Editions "le buveur d'encre" - 2007 à partir de 5 ans

 

Résumé  de l'éditeur 

 Marguerite ne vit que pour sa beauté jusqu'au jour où l'idée de se voir effeuillée germe en elle et commence à la hanter...

 Le blog des éditions "Le buveur d'encre" : ICI

 

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