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16 juillet 2012 1 16 /07 /juillet /2012 14:59

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Merci à tous ceux qui ont contribué à cette cueillette saisonnière de mots, d'auteurs, d'illustrations, d'albums à laquelle s'ajoute toujours le plaisir d'écouter le bruit des mots. Et peu importe le Pays où ils sont nés, les voyages sans frontières parcourus au fil des pages sont des filons inépuisables, des partages riches en rencontre et en découverte. 

N'en doutons pas, la récolte sera aussi fructueuse pour la saison 2012-2013.

Bonne vacances avec ou sans images !

Cordialement

Corinne Morel, directrice artistique de la Cie Artbooka

 

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Le livre de Dina Tome 1 - Les limons vides de Herbjørg Wassmo 

Traduit du norvégien
par Luce HinschMartine Laval



4ème de couverture

Au moment même où le traîneau partait dans le vide, la peau de mouton glissa, laissant à nu le visage de l’homme. Il ouvrit alors l’œil qui n’était pas crevé et le fixa sur la femme. Muet. Un regard incrédule et désespéré.
Je suis Dina, entraînée à la suite de l’homme dans le tourbillon du torrent écumant. Puis il passe de l’autre côté. Je n’arrive pas à saisir le dernier instant, ce qui m’aurait fait découvrir ce que tout le monde redoute. Le moment où le temps s’arrête.
Qui suis-je? Quand, et à quel endroit? Suis-je à jamais damnée?

 

Le livre de Dina est avant tout l’histoire d’une enfant moralement abandonnée et mal aimée, qui dans sa recherche désespérée de quelqu’un à qui s’accrocher, frise la folie, dans laquelle elle finira peut-être du reste par chavirer. Poursuivie par l’image atroce de sa mère ébouillantée, elle s’installe dans des fantasmes et des hallucinations qui feront partie dès lors de son quotidien.
Dina est sans vergogne et ne se refuse rien. Mais au-delà du drame lui-même, c’est aussi un tableau naturaliste de la vie et des mœurs de la région du Nordland au siècle dernier. Une description par petites touches réalistes, lyriques, parfois cocasses et rapportées dans la verve truculente de la Norvège du nord.  

 

L’art de Herbjørg Wassmo est à trois dimensions. Elle brosse une immense fresque sur plusieurs plans. Le personnage échevelé de Dina, inséparable de son cheval noir Lucifer, est au premier plan et se détache sur le fond de paysages grandioses et fascinants, au cœur des nuits polaires. Au second plan surgissent une architecture traditionnelle en bois, haute en couleurs, des voiliers et des barques sentant fort le goudron et le sel marin, animés par une myriade de personnages qui vaquent avec précision aux soins de leurs métiers, chacun ayant un rôle défini dans le drame de Dina.

 

 

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A Mélie, sans mélo de  Barbara Constantine 
 4ème de couverture

 

Mélie, 72 ans, vit seule à la campagne. Sa petite-fille, Clara, vient pour la première fois passer chez elle toutes les vacances d'été. La veille de son arrivée, Mélie apprend qu'elle a un problème de santé. Elle verra ça plus tard, La priorité, c'est sa Clarinette chérie. Mélie, le mélo, c'est pas son truc. Elle va passer l'été (le dernier ?) à fabriquer des souvenirs à Clara.

 

 

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Jean des lointains  de Claude Courchay

Editions Presses de la Cité – 1991



QUATRIEME DE COUVERTURE

Juin 1944. Un autorail transportant trois milliards de francs est attaqué par la Résistance, près de Digne. Mais, peu après, les partisans tombent eux-mêmes dans une embuscade. L'argent disparaît alors mystérieusement, tout comme les agresseurs...
Jean n'est qu'un enfant quand on lui apprend que son père ne reviendra pas du maquis et quand on retrouve sa mère égorgée dans un champ. Elle en savait trop, paraît-il...
Trois femmes vont tenter d'élucider cette sanglante affaire. Mais Xavière la châtelaine, Mémé l'épicière et Anne l'intellectuelle pourront-elles aider jean à guérir ses plaies d'enfant, puis d'adulte? 

 

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De quelle couleur est le vent ? - Anne Herbauts

 

Editions les albums Castermann- Jeunesse - 2011

 

 

"On ne voit pas le vent,

on entend ce qu'il apporte.

On n'entend pas le vent,

on voit ce qu'il emporte."



QUATRIEME DE COUVERTURE

Un petit géant aveugle se demande quelle est la couleur du vent, et s'en va poser la question à tous ceux qui croisent son chemin. Cet album comprend des effets tactiles et porte une insciption en braille sur la couverture.

 

Prix Sorcières 2012 du meilleur album

 

«De quelle couleur est le vent ?" est une question qu'a, un jour, posée un petit garçon non-voyant. Cette question d'une force, d'une poésie et d'une justesse incroyable m'a donné envie de tenter d'y répondre. Il y a mille réponses, il n'y a pas de réponse. La réponse est vaste, forte, légère comme le vent.» Anne Herbauts

 

Interview pour en savoir plus sur la fabrication du livre

 

 

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Tout est sous contrôle - Hugh Laurie

Editions Sonatine - 2009 - Traduit de l’anglais par Jean-Luc Piningre

 

QUATRIEME DE COUVERTURE

On peut avoir un caractère de chien, un sens de la repartie assassine, un humour ravageur mais rester, même malgré soi, un mec bien. Hugh Laurie, formidable interprète du Dr House, a largement su le prouver au petit écran. Il récidive avec ce thriller haletant dont le héros, Thomas Lang, est un ancien militaire d’élite qui, hormis sa Kawasaki ZZR1100, n’a pas grand-chose à perdre. Aussi, lorsqu’on lui propose 100 000 dollars pour tuer Mr Woolf, un riche homme d’affaires londonien, Thomas ne se contente pas de refuser poliment mais pousse l’indécence jusqu’à essayer de prévenir la future victime du complot qui se trame contre lui. Une bonne intention ? L’enfer en est pavé. Car si le charme de la fille de Mr Woolf ne le laisse pas insensible, les joueurs sont nombreux dans la partie d’échecs meurtrière qui se met en place. Nombreux et impitoyables.

On retrouve dans ce thriller aussi palpitant qu’un livre de Robert Ludlum, aussi décapant qu’un épisode de Dr House, le mauvais esprit salvateur et le sens de la réplique assassine de Hugh Laurie, au service d’une intrigue passionnante et d’un personnage qu’on n’oubliera pas de sitôt. Un acteur sachant écrire est chose plutôt rare : dans la grande tradition des George Sanders et autre Peter Ustinov, Hugh Laurie, conjuguant humour anglais et efficacité hollywoodienne, fait ici une entrée talentueuse dans le monde de la littérature de genre.


Scénariste et comédien, Hugh Laurie est né en 1959 à Oxford. C’est sous un pseudonyme qu’il a envoyé le manuscrit de son premier roman, Tout est sous contrôle, à un éditeur anglais, ne dévoilant son identité réelle qu’après la signature du contrat. Les droits d’adaptation du livre ont été achetés par la MGM.

 

 

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Les oreilles de Buster - Maria Ernestam

Editions Gaïa - 2011 - Traduit du suédois par Esther Sermage


4ème de couverture

Eva cultive ses rosiers. À cinquante-six ans, elle a une vie bien réglée qu’elle partage avec Sven. Quelques amies, des enfants, et une vieille dame acariâtre dont elle s’occupe. Le soir, lorsque Sven est couché, Eva se sert un verre de vin et écrit son journal intime. La nuit est propice aux souvenirs, aussi douloureux soient-ils. Peut-être aussi la cruauté est-elle plus douce lorsqu’on l’évoque dans l’atmosphère feutrée d’une maison endormie. Eva fut une petite fille traumatisée par sa mère, personnage fantasque et tyrannique, qui ne l’a jamais aimée.

Très tôt, Eva s’était promis de se venger. Et elle l’a fait, avoue-t-elle d’emblée à son journal intime.

Un délicieux mélange de candeur et de perversion. Prix des lecteurs de l'Armitière 2012 - Prix Page des libraires 2011, Catégorie "littérature européenne"

 Maria Ernestam a grandi à Uppsala en Suède. Journaliste de formation, elle a également étudié la littérature anglo-saxonne et les mathématiques. Elle a aussi obtenu un Master en Sciences Politiques aux Etats-Unis et a vécu 11 ans en Allemagne où elle travaillait en tant que correspondante étrangère pour les journaux "Veckans affärer” et “Dagens medicin”.
Elle a débuté sa carrière littéraire en 2005 avec son roman “Caipirinha with Death” et a publié depuis de nombreux romans. Elle vit aujourd'hui à Stockholm avec sa famille.
Les romans de Maria Ernestam mêlent le psychologique au suspens. Ils traitent des relations humaines avec un sérieux mêlé à de l'humour noir. Maria Ernestam a donc un style bien particulier, fortement reconnu en Suède. ( Source Babelio)

 

Interview - Le courrier des auteurs

 

1) Qui êtes-vous ? !
Ma mère dit que je suis une Maria typique. Allez savoir ce que cela peut bien vouloir dire... Née et élevée à Uppsala en Suède, j'ai toujours été attirée par la lecture et l'écriture. Des études de langues et de mathématiques m'ont menée vers le journalisme et j'ai longtemps travaillé comme correspondante aux États-Unis et en Allemagne. De retour en Suède, j'ai cultivé ma passion pour le chant et la danse et c'est peut-être ce qui a fait naître le foisonnement d'idées qui m'a poussé à écrire des romans. Mon premier livre est sorti en 2005 et j'en ai maintenant cinq à mon actif. Deux d'entre eux ont été publiés en France : Toujours avec toi et Les Oreilles de Buster, qui vient de paraître. Sur mon site Web (www.mariaernestam.com) j'ai essayé d'en dire plus sur moi et mes livres et je serais ravie que vous passiez y faire un tour. Et puis, oui, je suis un mélange de personnalités opposées : je suis sociable et de bonne compagnie mais j'adore rester seule à lire, à écrire et à boire du thé.

2) Quel est le thème central de ce livre ?
Le thème central des «Oreilles de Buster» est une relation mère-fille où une mère charismatique, belle, brillante dans ce qu'elle entreprend mais égoïste et totalement dépourvue d'empathie demeure aveugle aux besoins de sa fille. J'ai voulu explorer ce type de relation où quelqu'un s'efforce d'être aimé sans jamais y parvenir parce que la personne en face est incapable d'aimer quiconque, à part elle-même. Et j'ai voulu dépeindre un personnage - la fille - qui prend conscience de cela et qui, au lieu de se laisser submerger par le chagrin, agit et se révolte.

3) Si vous deviez mettre en avant une phrase de ce livre, laquelle choisiriez-vous ?
Il y a une citation de Shakespeare dans le livre qui dit ceci : «Il est une divinité qui donne la forme à nos destinées, de quelque façon que nous les ébauchions (1)». Pour moi, cela veut dire que nous avons beau nous efforcer de planifier nos vies, il arrivera toujours une chose que nous n'aurions jamais pu prévoir et nous serons toujours victimes des surprises, heureuses ou tristes, que la vie nous réserve. Une fois que l'on a compris qu'il ne faut jamais s'attendre à ce que les choses restent immuables, je pense que les chances de vivre dans une certaine harmonie augmentent énormément.

4) Si ce livre était une musique, quelle serait-elle ?
Sofi, ma fille de seize ans, a tout de suite dit : «Édith Piaf, Je ne regrette rien, bien sûr, mais aussi toutes ses chansons». C'est une grande fan de Piaf, comme je le suis moi-même. Et plus j'y pense, plus je trouve ce choix judicieux. Tout comme Piaf, Eva, la protagoniste de mon roman, peut paraître fragile. Elle non plus n'a pas une vie facile. Mais elle brûle de cette force qui lui fait surmonter les obstacles même lorsque c'est douloureux. La musique d'Édith Piaf porte en elle beaucoup de cette énergie farouche. Lorsque j'écrivais le livre, j'écoutais aussi souvent une auteure-compositrice suédoise nommée Rebecka Törnqvist. Sa musique est empreinte des mêmes qualités.

5) Qu'aimeriez-vous partager avec vos lecteurs en priorité ?
L'un des thèmes principaux des Oreilles de Buster réside dans le fait que, en matière de mauvaises actions, ce ne sont pas toujours les plus «grosses» et les plus «flagrantes», comme la violence physique et la maltraitance, qui blessent la majorité des gens. Ce sont certes des choses terribles contre lesquelles il faut agir mais ce que j'appelle la «méchanceté quotidienne» est tout aussi néfaste : les commentaires sournois, les remarques insidieuses, le désir de rabaisser quelqu'un, par des moyens détournés, à la maison mais aussi à l'école, au travail ou ailleurs. J'aimerais que chaque lecteur se remémore ces moments où cette méchanceté l'a affecté, qu'il décide de l'affronter et s'écrie «Plus jamais ça !». J'aimerais qu'à travers la protagoniste du livre, il comprenne qu'il est parfois nécessaire de réagir - même si, en l'occurrence, la réaction d'Éva est plutôt radicale -, afin de survivre et d'être heureux. ( Source Le choix des libraires )

(1) Ndt : Hamlet, acte V, scène 2 (traduction François-Victor Hugo). 

 

Voyelle a aimé

 

Lire les premières pages

 

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Editions 10/18 - 2006

Préface de Marcel Schneider - Traduit de l'anglais par Daria Olivier

 

QUATRIEME DE COUVERTURE

Désireuses de conquérir leur destin, deux jeunes aristocrates anglaises aspirent à l'amour comme elles s'éprendraient d'un rêve. Tandis que l'une se précipite vers le mariage avec fougue, la seconde guette patiemment l'élu qui viendra bouleverser sa vie. Dans le trouble de l'avant-guerre débute alors un long apprentissage sinueux et passionné, à jamais universel.

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15 mai 2012 2 15 /05 /mai /2012 13:52

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Editions Belfond - 2006

traduit du japonais par Corinne Atlan

 

« Même les rencontres de hasard sont dues à des liens noués dans des vies antérieures.»

 

4ème de couverture

Magique, hypnotique, Kafka sur le rivage est un roman d'initiation où se déploient, avec une grâce infinie et une imagination stupéfiante, toute la profondeur et la richesse de Haruki Murakami. Une oeuvre majeure, qui s'inscrit parmi les plus grands romans d'apprentissage de la littérature universelle.
Kafka Tamura, quinze ans, fuit sa maison de Tokyo pour échapper à la terrible prophétie que son père a prononcée contre lui.
Nakata, vieil homme simple d'esprit, décide lui aussi de prendre la route, obéissant à un appel impérieux, attiré par une force qui le dépasse.
Lancés dans une vaste odyssée, nos deux héros vont croiser en chemin des hommes et des chats, une mère maquerelle fantomatique et une prostituée férue de Hegel, des soldats perdus et un inquiétant colonel, des poissons tombant du ciel, et bien d'autres choses encore ... Avant de voir leur destin converger inexorablement, et de découvrir leur propre vérité.

 

Né à Kyoto en 1949 et élevé à Kobe, Haruki Murakami a étudié le théâtre et le cinéma à l'université Waseda, avant d'ouvrir un club de jazz à Tokyo en 1974. Son premier roman Écoute le chant du vent (1979), un titre emprunté à Truman Capote, lui a valu le prix Gunzo et un succès immédiat. Suivront La Course au mouton sauvage, La Fin des temps, La Ballade de l'impossible, Danse, Danse, Danse et L'éléphant s'évapore (Seuil, 1990, 92, 94, 95 et 98). Exilé en Grèce en 1988, en Italie, puis aux États-Unis, ou il écrit ses Chroniques de l'oiseau à ressort (Seuil, 2001) et Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil (Belfond, 2002 ; 10/18, 2003), il rentre au Japon en 1995, écrit deux livres de non-fiction sur le séisme de Kobe et l'attentat de la secte Aum, un recueil de nouvelles, Après le tremblement de terre (10/18, 2002), Les Amants du spoutnik (Belfond, 2003 ; 10/18, 2004) et le superbe Kafka sur le rivage (Belfond, 2006). Plusieurs fois favori pour le Nobel de littérature, Haruki Murakami a reçu récemment le prestigieux Yomiuri Prize et le prix Kafka 2006. 


 

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Editions Flammarion 2012

traduit de l'anglais par Judith Ertel

4ème de couverture 

Récompensé par le prix Pulitzer, Maus nous conte l'histoire de Vladek Spiegelman, rescapé de l'Europe d'Hitler, et de son fils, un dessinateur de bandes dessinées confronté au récit de son père. Au témoignage bouleversant de Vladek se mêle un portrait de la relation tendue que l'auteur entretient avec son père vieillissant.

 

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Art Spiegelman, né à Stockholm en 1948, est le co-rédacteur en chef de Raw, la célèbre revue de bandes dessinées et de graphisme d'avant-garde. Son travail est paru notamment dans le New York Times, Playboy, Le Village Voice... Ses dessins ont été exposés au Museum of Modern Art ainsi que dans des galeries américaines et européennes. Maus lui a valu, entre autres distinctions, une bourse Guggenheim, une nomination au National Book Circle Award et, en 1992, un prix Pulitzer.


 

une Anglaise

Editions stock - 2011

 

4ème de couverture

Tout commence par un massacre d’Indiens en décembre 1890 dans le Dakota du Sud. Jayson Flannery, un photographe anglais veuf de son état, recueille une petite fille de trois ans dont la mère a été victime du massacre. Il songe bien sûr à confier Emily à un orphelinat, s’apprête à reprendre son paquebot pour l’Angleterre, mais il ne repartira pas seul et décide d’enlever la petite Emily aux soeurs qui l’ont prise en charge.
On les retrouve tous les deux dans un manoir du Yorkshire où Jayson a toujours vécu. Emily grandit, va à l’école, apprend à lire. Tous dans le village se posent mille questions à son sujet. Jayson l’a-t-il adoptée, kidnappée ? Viendra-t-on un jour la chercher ? Un policier mène son enquête, s’obstine et s’entête à rechercher les véritables origines d’Emily. Jayson comprend bientôt que, s’il veut donner une véritable identité à son Indienne d’Emily et donc des papiers et donc une appartenance sociale, il n’a d’autre choix que celui de l’épouser. Le mariage sera grandiose et mettra fin à la suspicion de tous, y compris celle du policier.
Emily rêvait d’un cheval, dans sa corbeille de noces elle trouve une bicyclette. Jayson ne pouvait imaginer que ce cadeau de mariage allait changer la destinée d’Emily. Elle commence par rouler pendant des heures, puis pendant des jours, puis pendant des nuits. Au terme de ses randonnées, elle fait une découverte spectaculaire : deux fillettes de quatorze et seize ans dans un village lointain prétendent fréquenter des fées au bord d’une rivière. Tout le monde a envie de les croire, Emily la première. Le père des jeunes filles, lui aussi photographe, demande à ses enfants de photographier la preuve de ce qu’elles avancent. Les fillettes s’exécutent et rapportent cinq clichés stupéfiants. Le village où a grandi Emily avait des doutes sur sa véritable identité, l’Angleterre toute entière va se diviser en croyants et non-croyants de l’existence des fées. Dans cette Angleterre qui entre dans les années folles de l’après-Première Guerre mondiale vieillit Sir Conan Doyle, qui se console et se passionne jusqu’à l’obsession pour le spiritisme. Cette fabuleuse histoire de fées tombe si bien dans sa vie. Il y croira dur comme fer, en fera son dernier combat et entraînera Emily dans la protection de la vérité et des mensonges des petites filles.
Hélas, il y a toujours une vérité, aussi parfois vaut-il mieux la taire.


 

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Editions  Christian Bourgois - 2012

Traduit de l'allemand par Nicole Roethel

Illustration de couverture Ferdinand Hodler "Landschaft bei caux mit anfsteigenden Wolken" (1917 )

 

4ème de couverture

Avec ces dix récits, ancrés dans la région du lac de Constance, Peter Stamm renoue avec le genre de la nouvelle, dans lequel il excelle. Variations autour du couple et de la solitude, ces textes conçus comme des instantanés photographiques cadrent un moment de vie sans jamais imposer de jugement ou de résolution définitive : ils capturent quelques pensées et événements flottants au sein d'existences en perpétuel état de tension et d'incertitude.

 

« Il y a du Strindberg chez Peter Stamm, sensible à l'hypocrisie orageuse des êtres, grand plongeur en eaux dormantes, expert en névroses étouffantes. » Marine Landrot, Télérama


 

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Editions Zelma - 2008

 

4ème de couverture

Grâce à ses talents de cuisinier et à son charisme indolent, Gabriel - à peine débarqué d’on ne sait où - tisse des liens très forts avec les habitants d’une petite ville de Bretagne : une bien belle réceptionniste d’hôtel, deux junkies au bout du rouleau et surtout José, le patron du Faro, dont la femme est à l’hôpital…
Pareil au panda en peluche échoué sur le comptoir du Faro, Gabriel offre sa personne et son temps à celles et ceux qui viennent à lui, plus surpris ou séduits que méfiants. Et pourtant, s’ils savaient…
Une fois de plus, Pascal Garnier déploie ici tout son charme.

 

« C'est que ces deux-là s'aiment, enfin, disons que la complicité qui les unit a pris avec le temps les nobles rides des vieux amants. Ils pourraient s'entretuer qu'ils ne s'en voudraient pas. C'est la vie, n'est-ce pas ? À force de voyager dans ce wagon qui pue des pieds, on finit par y faire son petit trou d'intimité, on se comprend. D'odeur à odeur, de coups tordus en coups tordus, on se cannibalise l'un l'autre. C'est dans l'habitude que tout réside, plus besoin de réfléchir, de choisir, on s'y retrouve les yeux fermés, chez l'autre comme chez soi. Les pantoufles avachies, la tignasse du matin, les cheveux sur le peigne, les coulisses de cet exploit de vivre qui nous étonne chaque matin. D'accord, pas toujours exaltant ce reflet dans le miroir, c'est vrai qu'il y a des jours où l'on voudrait le briser mais on ne le fait pas, parce que alors on se retrouverait le nez au mur et que le mur a encore une plus sale gueule que soi.»

 

 

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Editions Actes sud - 2011 - Collection Babel poche ( Nouvelles)

 

4ème de couverture

lls vivent seuls ou en maison de retraite ; ils parlent à leur animal de compagnie ou au téléphone - la plupart n'ont plus grand monde à qui parler. Ils ont en commun leur grand âge, une santé chancelante, et ce terrible et culpabilisant sentiment d'inutilité, comme d'encombrants meubles au rebut. Un recueil de nouvelles cinglantes et tendres, par l'auteur de "La Tête en friche" (Le Rouergue, 2008).

 

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EXTRAITS

 

                     - Tu es content, Léonard ? Tu te rends compte, hein : qui c'est qui va venir nous voir ? Des cons.Une bande de cons égoïstes, bruyants, qui vont s'asseoir sur ton fauteuil, lécher le fond des plats et tant pis pour les restes. Tout recenser, de leur regard crochu.

 

                     On voit bien des petites jeunes qui viennent pour faire leurs stages. Seulement il y a ce qu’on vous apprend dans les livres, et le reste. Dans les livres, il n’y a pas d’odeurs. Pas de cris, de coups de sonnette. De soupe répandue, de caprices du soir. Dans leurs bouquins de cours, c’est toujours propre et net. Enfin, elle le suppose, rien qu’à voir leur figure, aux petites jeunettes, aux premières diarrhées, aux premiers désespoirs.
Elle, elle s’en fout, voyez ? Elle est blindée. Blindée comme une porte.

 

                      Son père est en maison de retraite. Il va fêter ses quatre-vingt-neuf ans.
Elle craint de le revoir. Elle le retrouve un peu plus faible, à chaque fois. Il diminue, il se dissout, par degrés infimes, subtils. Il jaunit, il se parchemine. Les voici presque aux derniers jours. Le temps pour s'aimer se fait court.


 

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Editions Philippe Picquier - 2012

traduit de l'anglais par Maïa Bhârathî

 

4ème de couverture

Funérailles célestes est une vraie histoire d’amour et de perte, de loyauté et de fidélité au-delà de la mort. Xinran dresse le portrait exceptionnel d’une femme et d’une terre, le Tibet, toutes les deux à la merci du destin et de la politique.
En 1956, Wen et Kejun sont de jeunes étudiants en médecine, remplis de l’espoir des premières années du communisme en Chine. Par idéal, Kejun s’enrôle dans l’armée comme médecin. Peu après, Wen apprend la mort de son mari au combat sur les plateaux tibétains. Refusant de croire à cette nouvelle, elle part à sa recherche et découvre un paysage auquel rien ne l’a préparée – le silence, l’altitude, le vide sont terrifiants. Perdue dans les montagnes du nord, recueillie par une famille tibétaine, elle apprend à respecter leurs coutumes et leur culture. Après trente années d’errance, son opiniâtreté lui permet de découvrir ce qui est arrivé à son mari.
Quand Wen retourne finalement en Chine, elle trouve un pays profondément changé par la Révolution culturelle. Mais elle aussi a changé : en Chine, elle avait toujours été poussée par le matérialisme ; au Tibet, elle a découvert la spiritualité.


Xinran est née en 1958. Pendant la révolution culturelle, elle et son frère sont enlevés par les Gardes rouges, à leurs parents jugés « réactionnaires » et envoyés dans un orphelinat réservé aux enfants de « chiens à la solde de l’impérialisme ».
A partir de 1983, la Chine a besoin de personnes pour développer la télévision et la radio, capables de diriger des émissions de débat éducatives tout en s’assurant que les sujets « interdits » sont évités. On confie à Xinran la production de ces émissions. Mais elle devient rapidement l’animatrice d’une émission de radio, Mots sur la brise nocturne, diffusée quotidiennement entre 22h00 et minuit.
En 1997, elle décide de quitter la Chine et s’installe en Angleterre. Elle s’y marie et a un fils.
En 2002, un recueil de ces vies de chinoises est publié par Chatto & Windus. (paru aux éditions Philippe Picquier sous le titre Chinoises, en 2003). Il dit la souffrance, mais aussi l’amour et l’espoir de ces femmes.
Depuis la publication de son premier livre, un best-seller international, Xinran est connue dans le monde entier. Elle publie une colonne bimensuelle dans The Guardian sur les questions relatives à la Chine et tient le rôle de conseiller aux relations avec la Chine pour de grandes corporations comme la BBC.

 

EXTRAITS

 

                          Wen craignait que la famille ne procède à des funérailles célestes. Zhuoma avait décrit comment, après la mort de son père, son corps avait été démembré et laissé en pâture aux vautours sur un autel de montagne. Face à la réaction horrifiée de Wen, elle avait répondu que ce rituel n'était qu'une des manifestations de l'harmonie entre le ciel et la terre, la nature et l'homme : il n'y avait rien de répugnant là-dedans. Mais, malgré ces explications de Zhuoma, wen ne pensait pas pouvoir regarder le corps de Ni offert aux vautours. en l'occurrence, elle fut épargnée : la famille emmena le cadavre au lac pour des funérailles aquatiques.

 

                        Comme elles avançaient péniblement dans la tempête, le cheval a soudain émis un long gémissement de frayeur et les a jetées à terre. Quelques instants plus tard, elles ont entendu le bruit sourd que faisait son corps en s'écrasant au fond d'un ravin. En les jetant à bas, il les avait loyalement sauvées d'une mort certaine. Étourdies, elles se sont cramponnées l'une à l'autre dans le vent violent, surprises d'être encore en vie. Les paroles de Wang Liang ont traversé l'esprit de Wen : "La guerre ne vous laisse pas le loisir d'étudier et pas la moindre chance de vous adapter."

 

                      Sans possibilité d'échapper à sa situation, Wen avait cessé d'y penser. Son corps et son esprit s'étaient adaptés au mode de vie tibétain; elle ne prêtait plus une si grande attention à ses besoins et ses désirs. Quand la famille priait, elle priait avec eux, tournant son propre moulin à prières. Elle ajoutait aux prières les paroles de Wang Liang : "Le seul fait de rester en vie est en soi une victoire.


 

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Editions Albin Michel - 2012

 

4ème de ouverture

Madame Ming aime parler de ses dix enfants vivant dans divers lieux de l'immense Chine. Fabule-t-elle, au pays de l'enfant unique ? A-t-elle contourné la loi ? Aurait-elle sombré dans une folie douce ? Et si cette progéniture n'était pas imaginaire ?
L'incroyable secret de Madame Ming rejoint celui de la Chine d'hier et d'aujourd'hui, éclairé par la sagesse immémoriale de Confucius.
Dans la veine d'Oscar et la dame rose, de Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran ou de L'Enfant de Noé, Les dix enfants que Mme Ming n'a pas eus est le sixième récit du Cycle de l'invisible.

 

EXTRAIT

 

                A la différence des Européens qui conservent des ruines gallo-romaines au coeur de leurs métropoles mais oublient Sénèque, qui visitent des cathédrales en délaissant le christianisme, les Chinois ne logent pas leur culture dans les pierres. Ici, le passé constituait le présent de l'esprit, pas une empreinte sur la roche. Le monument demeurait secondaire, d'abord comptait le coeur spirituel, gardé, transmis, vivant, incessamment jeune, plus solide que tout édifice. La sagesse résidait dans l'invisible, l'invisible qui s'avère éternel à travers ses infinies métamorphoses, tandis que le minéral s'effrite.

 

A lire aussi : "La femme au miroir"


 

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Editions Gaïa - 2011

Traduit  de l'islandais par Henry K.Albansson


4ème de couverture

Karitas vient de verser l’eau bouillante dans la bassine lorsque  les belles-soeurs frappent à la porte de l’atelier glacial. Karitas  ne vit que pour l’art qui, lorsqu’il vient, crée le chaos sur ses toiles. Elle vit à Reykjavík, loin de son mari, l’armateur aux  yeux vert océan, loin de ses enfants.

Le jour où elle prend la décision de partir pour Paris, surgit son  fils avec une petite fille. Et Karitas se retrouve avec deux valises  au lieu d’une pour découvrir le monde. Elle sillonne les musées,  se nourrit des oeuvres des plus grands peintres, rit dans les soirées  enfumées et enivrantes.
De Paris à New York, de Rome jusqu’aux fjords islandais, Karitas  peint. Ou s’inquiète de ne plus peindre.  Itinéraire d’une femme libre, contemporaine de Simone de  Beauvoir, et pourtant enchaînée à son art, Chaos sur la toile  est un magnifique roman sur la passion et ces choix — parfois  fous — qui façonnent nos vies.

 

Kristín Marja Baldursdóttir est née en 1949 à Hafnafjorður, près de Reykjavík. Auteur de quatre romans, d’un recueil de nouvelles et d’une biographie, elle est l’une des grands auteurs islandais d’aujourd’hui.
Karitas est son premier roman traduit en français.

 

EXTRAIT

 

              Il y a quelque chose dans ses tableaux que je ne saisis pas, dit Pia, je m'y connaissais plutôt bien en art fut un temps et je sais qu'elle est très capable sur le plan technique mais bien qu'elle peigne ainsi de l'abstrait il y a une maudite intonation dans ses oeuvres qui me met mal à l'aise, comme si elle blâmait l'individu, riait même de lui. Et Karlina qui n'était jamais venue à une exposition de tableaux dit : je me demande si ce n'est pas seulement son effroyable expérience qui éclate dans ses tableaux. Elle a perdu un enfant en bas âge et en avait presque perdu aussi la raison, puis sa soeur est partie dans le Nord avec un des jumeaux et son mari, mon cousin, n'en fichait pas une rame, ce démon à image d'homme, il était juste toujours en mer, imagine-toi, et puis il a trahi mon Thorfinnur.

 

 

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Editions Grasset - 2012

 

Résumé

 

« Au début, tout est beau, même vous. Vous n'en revenez pas d'être aussi amoureux. Pendant un an, la vie n'est qu'une succession de matins ensoleillés, même l'après-midi quand il neige. Vous écrivez des livres là-dessus. Vous vous mariez, le plus vite possible ? pourquoi réfléchir quand on est heu-reux ? ».


C'est une histoire d'amour très moderne et radicalement auto-biographique. Le héros - un jeune homme "branché" et noceur - se souvient de ses débuts dans la vie lorsque, plein d'illu-sions, il épousa Anne, la plus jolie fille de sa génération.
Il se souvient qu'au début de leur amour, tout était bleu ; que la tendresse succéda à l'amour dès la deuxième année de leur mariage ; que l'infidélité fut la loi de leur couple dès la troi-sième année. Alors, il sait que la loi du monde pourrait ainsi se formuler : « l'amour dure trois ans... » Tout le roman, dont le symbole est l'horloge de Beaubourg - qui marche à reculons en décomptant les secondes qui nous séparent de l'an 2000... - est une variation drôle et émouvante sur ce thème. Il faut savoir que, pendant qu'il raconte l'échec programmé de son premier mariage, le héros vit avec Alice. Et, là encore, l'heure tourne...

 

« La troisième année, il y a une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle : dégoûtée, votre femme vous quitte. La mauvaise nouvelle : vous commencez un nouveau livre. »

 

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Editions L'arbre - 2004


4ème de couverture

Jours anciens par sa musique toute nostalgique voudrait laisser trace, quelque part, d'un temps aujourd'hui effacé et qui fut peut-être celui de l'enfance, des tramways, de l'insouciance, du Quiquina dans les cafés... - Comme on voudra, et selon chacun.

 

Jours anciens (troisième édition augmentée d’un poème) a fait l’objet d’une parution en 1980, d’une autre en 1986, a reçu le Prix Claude Brossette à Quincié (Beaujolais)


 

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Editions de Minuit - 2001

Première publication aux Éditions de Minuit en 1998.

 

4ème de couverture

Quand elle le voit pour la première fois, c’est dans un autobus : son regard impitoyable entrant en elle, juste avant qu’il ne descende ; quelques secondes encore avec la vitre entre eux. Et puis rien.
Les circonstances dans lesquelles ils se revoient par hasard vingt ans plus tard ne leur permettent pas de s’approcher l’un de l’autre et sans doute en resteraient-ils là si cela ne tenait qu’à elle, devenue entre-temps épouse de notable et mère de trois enfants. Mais lui, maintenant, il veut quelque chose. 

LES PREMIERES PAGES

 

 

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Editions Phébus - 2010

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Dominique Letellier


4ème de couverture

Ella Rubinstein a en apparence tout pour être heureuse : une jolie maison dans le Massachusetts, trois beaux enfants, un chien fidèle. Mais, à l’aube de ses quarante ans, elle se demande si elle n’est pas passée à côté d’elle-même. Les infidélités de son mari ne sont plus un mystère et les cours de cuisine du jeudi ne suffisent pas à exalter sa vie monotone. Décidée à reprendre une activité professionnelle, elle est engagée comme lectrice par un agent littéraire. Sa première mission : rédiger une note sur un manuscrit signé Aziz Z. Zahara. Ce roman, qui retrace la rencontre entre le poète Rûmi et le plus célèbre derviche du monde musulman, Shams de Tabriz, va être une révélation pour Ella. Au fil des pages, elle découvre le soufisme, le refus des conventions et la splendeur de l’amour. Cette histoire se révèle être le miroir de la sienne. Aziz – comme Shams l’a fait pour Rûmi sept siècles auparavant – serait-il venu la libérer ?

 

Fille de diplomate, Elif Shafak est née à Strasbourg en 1971. Elle a passé son adolescence en Espagne avant de s’établir en Turquie. Après des études en « Gender and Women’s Studies » et un doctorat en sciences politiques, elle a un temps enseigné aux États-Unis. Elle vit aujourd’hui à Istanbul. Internationalement reconnue, elle est notamment l’auteur de La Bâtarde d’Istanbul (Phébus, 2007), de Bonbon Palace (Phébus, 2008) et de Lait noir (Phébus, 2009). Soufi, mon amour est l’un des plus grands succès de librairie des dernières décennies en Turquie.

LES PREMIERES PAGES

 

 

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Editions Gaïa - 2010

Traduit du norvégien par Ingunn Galtier et Alain-Pierre Guilhon
4ème de couverture

« Avez-vous déjà, ne fût-ce qu’une seule fois, vu un homme épouser celle qu’il aurait dû ? »

 Elle est la fille du châtelain ; il est le fils du meunier. Ils s’aiment et tout les sépare, leur famille comme leur statut social. Dans une Norvège petite-bourgeoise et piétiste, deux êtres s’aiment et se déchirent sous le joug de leur indomptable orgueil. 

Traversé de rêveries exaltantes, ce roman d’un amour impossible fut écrit en 1898. Knut Hamsun y dresse un portrait splendide et cruel d'amants romantiques dévorés par le malheur d'aimer.

 

« Enfin réédité, un superbe roman du prix Nobel de Littérature 1920. »

Un texte porté par un style élégant et épuré. » Paris Normandie

 

… le Norvégien Knut Hamsun est un véritable démiurge. À travers quelques dizaines d'ouvrages, romanesques, mais aussi théâtraux et poétiques, c'est un créateur d'univers, aux personnages fouillés et attachants, le chantre d'une littérature psychologique aux histoires d'amours passionnées entre jeunes rêveurs et filles de bourgeois commerçants... Grâce à une écriture évocatrice et émouvante (Henry Miller appréciait Vagabonds) il dépeint la société norvégienne de son temps, entre ruralité traditionnelle et révolution industrielle. » Le matricule des anges

 

EXTRAIT

 

Mais l'amour, qu'est-ce, au juste ? Un vent qui caresse les rosiers ? Non, c'est une flamme qui coule dans nos veines, une musique infernale, qui fait danser jusqu'au coeur des vieillards. C'est la marguerite qui s'ouvre à l'approche de la nuit, et c'est l'anémone qui se referme au moindre souffle et meurt dès qu'on l'effleure. C'est cela, l'amour.

 

 

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5 mai 2012 6 05 /05 /mai /2012 15:55

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"Testament d'un paysan en voie de disparition" de Paul bedel avec Catherine Ecole-Boivin

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 Editions Presse de la renaissance - 2009

 

Résumé chez l'éditeur

 

« Je suis heureux avec rien, avec rien de ce qui s'achète mais aussi avec rien de ce qui se voit... »

Et si Paul Bedel, paysan de la pointe de La Hague resté par choix à la traîne du progrès, vous racontait sa vie d'agriculteur mais aussi ses secrets ? S'il vous révélait ses « houoles », ses coins pour pêcher le homard ? S'il vous présentait ses vaches, Cabochue, « une vraie teigne », Échalotte, qui « sentait l'oignon » ou Copine, « toujours sympa avec tout le monde » ? S'il vous parlait « des choses qui n'arrivent qu'aux vivants », de ses coups de gueule, de ses coups de vie ?

Avec le succès du livre Paul dans les pas du père et du film Paul dans sa vie, Paul Bedel est devenu le passeur d'un monde en voie de disparition. Chaque année, des centaines de personnes lui rendent visite pour l'entendre témoigner de ce choix de vie, celui d'une existence toute simple. Avec ce Testament, Paul Bedel vous invite vous aussi à boire une tasse de café accompagnée de petits-beurre, sur une table en bois patinée par les ans, et à l'écouter, lui et ses soeurs. En refermant ce livre, vous aurez le sentiment d'avoir rencontré un homme bon, serein et clairvoyant. L'impression de la terre, son silence et sa liberté.

Paul Bedel pensait que sa vie n'avait servi à rien, puisqu'il n'a pas eu d'enfants. Mais, à 79 ans, il est invité à des conférences et a accueilli plus de 7 000 visiteurs chez lui, à La Hague.

 

Catherine Ecole-Boivin  est historienne, mémorialiste et diplômée en science de l'éducation. Elle est l'auteur d'une douzaine d'ouvrages consacrés aux paysages humains de la campagne, dont Testament d'un paysan en voie de disparition, avec Paul Bedel, et Mimi Guillam, cahier de vie d'une institutrice (Presses de la Renaissance, 2009 et 2010).

 

Préface de Claudie Gallay...Je me souviens la première fois que j'ai vu le phare en arrivant par Auderville, la descente sur le petit port de Goury. Ce jour-là, les arbres étaient  balayés par le vent, ça sentait le sel, avant de voir la mer je savais qu'elle était là.Et ce fut un choc.Ce besoin ensuite de revenir.Et de connaître l'histoire de cette terre. D'approcher les hommes qui la peuplent.C'est une voix de cette terre que Catherine Ecole-Boivin nous offre d'entendre dans ce livre. Celle de Paul Bedel, agriculteur né à Auderville, village où il a grandi, vécu. Il est une des mémoires de la Hague.Pour écrire ce livre, elle est allée recueillir ses paroles, répondant ainsi à la nécessité pour chacun de nous de ne pas perdre la trace de nos origines. Elle lui a rendu visite souvent. A capté ses mots, ses souvenirs.J'ai voulu voir la pièce où avaient lieu leurs échanges. J'ai téléphoné à Paul et il a accepté de m'ouvrir sa porte. Je me suis retrouvée assise à la table dans la cuisine, à côté de la grande pendule, et il m'a raconté sa rencontre avec Catherine. Il m'a montré une chaise : Elle se mettait là, elle m'écoutait, elle avait un truc avec lequel elle enregistrait... Avec le temps, la confiance entre eux a grandi, il lui a prêté ses carnets.Le livre s'est écrit, un livre confidence dans lequel chaque page nous dévoile les gestes minutieux d'un homme qui a travaillé la terre et s'en est nourri. Une vie de labours dans le respect du sol, car Paul Bedel a nourri ses vaches, il a fait pousser ses légumes sans jamais utiliser d'engrais chimiques. Seules les algues qu'il allait ramasser sur la grève. Il reconnaît en souriant que le rendement n'est pas le même...Ce livre a le bon goût du beurre d'antan, des oeufs frais, des asperges, il sent la mer, le vent, les larmes aussi, celles que Paul Bedel a versées quand l'âge arrivant, il a dû se séparer de ses vaches.Paul Bedel parle vrai, sans détour. Il s'interroge sur le monde, pose des questions essentielles, à quoi bon produire plus, posséder plus ? Avons-nous tant besoin ?  Dans ce livre, il nous parle du sol vivant, de la manière de l'aérer.  L'homme n'est pas donneur de leçons, il apporte juste son témoignage.Il rit, raconte sans nostalgie le temps d'autrefois, l'enfance, la guerre, l'amour perdu. A la fois d'un autre temps et pourtant très contemporain, il avoue ne pas avoir besoin de ce qui s'achète, seulement de silence.Paul Bedel a pratiqué la plus simple des agricultures. Lui qui s'est souvent fait traiter d'arriéré ne reste pas un jour sans recevoir de visites, des gens qui viennent de loin, font le détour par Auderville. Des élèves aussi, venus de lycées agricoles, qui se déplacent jusqu'à lui.Tout au long de ces pages, Catherine Ecole-Boivin a su capter l'humour formidable de l'homme qui reconnaît être sans doute resté trop en arrière et gronde doucement que nous sommes peut-être allés trop loin.Il se confie sans retenue, simplement, et d'un geste des mains nouées devant lui, il montre son coeur.Le coeur, il dit que tout vient de là.Cette façon de se taire aussi quand il s'agit de la Cogéma.Les gens de la Hague s'adaptent tant bien que mal à la marche du monde. Paul Bedel fait de même.Après avoir été agriculteur, l'homme devient passeur, transmetteur d'une mémoire vivante, celle d'un monde qui prend fin.Son témoignage, au travers de la plume de Catherine Ecole-Boivin, nous interroge sur ce que nous étions et sur le sens que nous voulons donner à notre avenir.De quoi tirer un sage enseignement et s'attacher un peu plus à cette terre de liberté si douce à mon coeur.  Claudie Gallay 

Lire un extrait

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Film documentaire de 2006 réalisé par Rémi Mauger avec Paul Bedel, Marie Jeanne Bedel et Françoise Bedel. Illustration plaquette et affiche de Cécile et Bastien ( Graphistes)

 

Synopsis

Cette fois, c'est sûr, Paul arrête. A son âge, c'est plus sage. Et Paul Bedel est un sage. A Auderville, son village du cap de la Hague, il vit dans la ferme où il est né il y a plus de 75 ans. Il y demeure avec ses deux soeurs, célibataires comme lui. Ensemble, ils ont arrêté le temps il y a bien longtemps. Sans aigreur ni rebuffade, Paul a laissé passer le progrès. Il a préservé et cultivé son lien à la nature. Au XXIeme siècle, il nous l'offre en héritage.


"Amours en marge" de Yoko O Gawa
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Editions Actes sud Babel poche -2009
traduit du japonais par : Rose-Marie MAKINO
résumé de l'éditeur
Une jeune femme se réveille en croyant entendre le chant d’une fl ûte… Il n’y a pourtant que le silence que son mari a laissé derrière lui la veille en la quittant. Bientôt, elle perçoit le moindre chuchotement comme un hurlement, le moindre choc comme un cataclysme ; et elle s’égare dans l’assourdissant bruissement des réminiscences. Pour un magazine de santé, elle accepte de décrire ses symptômes, s’efforçant de trouver les mots justes pour exprimer ce qu’elle ressent. Ses yeux s’arrêtent sur les mains du sténographe qui prend les notes… Ses doigts d’une étrange beauté glissent sur le papier, transcrivant chaque énoncé en un mystérieux signe aux allures d’éternité. Premier roman “long” de Yoko Ogawa, Amours en marge est paru au Japon en 1991. Il aborde d’une manière très sensuelle et poétique un thème majeur de l’oeuvre de la romancière : la mémoire préservée, embaumée, immortalisée par une impercepti ble trace qui capture le souvenir en même temps que la douleur qu’il a suscitée.
 

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Yoko Ogawa est née en 1962. Elle a obtenu le prix Kaien pour son premier roman publié en 1988, puis le prestigieux prix Akutagawa en 1991. Son oeuvre, qui ne cesse d’être traduite dans le monde entier, est publiée en France par Actes Sud. A lire aussi !

"Les dépossédés" de Steve Sem-Sandberg
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Editions R.Laffont - 2011
traduit du suédois par  Johanna CHATELLARD-SCHAPIRA
4ème de couverture
Publié en 2009 en Suède ou il rencontra un grand succès après avoir créé l'événement à Francfort, lauréat du prix August-Strindberg (l'équivalent suédois du Goncourt), en cours de traduction dans 25 pays, Les Dépossédés, le roman exceptionnel de Steve Sem-Sandberg, paraît aujourd'hui en France.
De 1940 à 1944, le ghetto de Lód? est placé sous la direction de Mordechai Chaim Rumkowski, président du Conseil juif. Contrôlé strictement par l'administration allemande, le Conseil juif dirige tous les aspects de la vie quotidienne dans le ghetto : police, justice, santé, travail, alimentation. Convaincu que, si les juifs se rendent indispensables à l'effort de guerre allemand, ils seront épargnés, Rumkowski transforme le ghetto en un immense atelier super productif. Pris au piège de sa logique, il sacrifie les inadaptés et les indésirables. Il se mue ainsi, consciemment ou non, en un très efficace rouage de la machine d'extermination nazie. En septembre 1942, il prononce un discours insoutenable pour exhorter les parents à livrer leurs enfants de moins de neuf ans, incapables de travailler. Les trahisons et les efforts de Rumkowski furent vains : en 1944, Himmler donna l'ordre de « liquider » le ghetto. Il ne restera qu'un peu plus de 800 survivants sur une population ayant dépassé les 250 000 habitants. Traître pour certains, héros pour d'autres, le personnage très controversé de Rumkowski suscite de nombreuses interrogations sur la dignité, l'abjection et la survie.
Pour écrire ce roman, Sem-Sandberg s'est inspiré des archives du ghetto de Lód?. Y étaient collectés quantité de faits officiels concernant le ghetto, mais aussi des informations interdites cachées par les résistants, comme des bulletins de guerre alliés, des cartes des fronts, des journaux intimes. Privilégiant une écriture sobre ponctuée de purs moments de poésie, tantôt vague de fond ressassant les événements de 1942, tantôt mélodie vibrante d'émotion, Sem-Sandberg fait le pari de la littérature. En montrant que le roman peut rendre compte de la Shoah, il se pose en héritier d'une autre manière d'accomplir le devoir de mémoire : il n'est pas témoin, mais il est passeur. Sans témoin l'Histoire perd son sens ; sans passeur, elle s'efface.

"La ballade de Lila K" de Blandine Le Callet
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éditions le livre de poche - 2012

«On passe sa vie à construire des barrières au-delà desquelles on s'interdit d'aller: derrière, il y a tous les monstres que l'on s'est créés. On les croit terribles, invincibles mais ce n'est pas vrai. Dès qu'on trouve le courage de les affronter, ils se révèlent bien plus faibles qu'on ne l'imaginait. Ils perdent consistance, s'évaporent peu à peu. Au point qu'on se demande, pour finir, s'ils existaient vraiment. »
Résumé de l'éditeur

Une jeune femme, Lila K., fragile et volontaire, raconte son histoire. Un jour, des hommes en noir l'ont brutalement arrachée à sa mère, et conduite dans un Centre, mi-pensionnat mi-prison, où on l'a prise en charge. Surdouée, asociale, Lila a tout oublié de sa vie antérieure. Son obsession : retrouver sa mère, recouvrer sa mémoire perdue. Commence alors pour elle un chaotique apprentissage, au sein d'un univers étrangement décalé, aseptisé, où les livres n'ont plus droit de cité…

Plus qu’un récit d’apprentissage aux allures orwelliennes, un roman émouvant sur la force du lien et du pardon. Christine Rousseau, Le Monde des livres.

Ce roman, qui mêle histoire d’amour et critique d’une politique sécuritaire à tout prix, se voit drôlement rattrapé par l’actualité. Pascale Frey, Elle.


EXTRAIT
« Viens donc voir, fillette ! Je me suis approchée.
- On appelle ça des livres. Tu vas voir, tu n’en reviendras pas. J’ai levé un sourcil sceptique. Il avait beau dire, ça ne payait pas de mine. Mais lui semblait très excité. Il s’est emparé d’un volume, puis il l’a soulevé à hauteur de mes yeux.
- Regarde bien Lila. J’ai soudain vu le livre s’ouvrir entre ses mains, éclater en feuillets, minces, souples et mobiles. C’était comme une fleur brutalement éclose, un oiseau qui déploie ses ailes.
- Ça t’en bouche une coin, n’est-ce pas ? Je n’ai pas répondu. Je regardais ses gros doigts qui feuilletaient les pages couvertes de signes noirs et de taches colorées.
- Et bien, tu as perdu ta langue ? _- Comment dites-vous que ça s’appelle ?
- Un livre. C’est ce qu’on avait, avant les grammabooks.
- Et… qu’est ce qu’il y a écrit là-dedans ?
- ça dépend du livre. J’ai ouvert des yeux ronds. Je n’y comprenais rien.
- Laisse moi t’expliquer : tu vois, avec un grammabook, on n’a qu’un écran vierge sur lequel vient s’inscrire le texte de ton choix. Un livre, lui, est composé de pages imprimées. Une fois que le texte est là, on ne peut plus rien changer. Les mots sont incrustés à la surface. Tiens, touche. J’ai posé ma main sur la feuille. J’ai palpé, puis j’ai gratté les lettres, légèrement, de l’index. M. Kauffmann disait vrai : elles étaient comme prises dans la matière.
- ça ne peut pas s’effacer ?
- Non, c’est inamovible. Indélébile. Là réside tout l’intérêt : avec un livre, tu possède le texte. Tu le possèdes vraiment. Il reste avec toi, sans que personne ne puisse la modifier à ton insu. Par les temps qui courent, ce n’est pas un mince avantage, crois-moi, a-t-il ajouté à voix basse. Ex libris veritas, fillette. La vérité sort des livres. Souviens-toi de ça : Ex libris veritas.»

"Marie Blanche" de Jim Fergus
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éditions du Cherche midi - Collection Ailleurs - 2011
Traduit de l'américain par Jean-Luc Piningre
4ème de couverture
Une inoubliable fresque familiale à travers un siècle et trois continents : l'auteur de Mille femmes blanches confirme son exceptionnel talent de conteur et nous offre un chef-d'oeuvre.
1995, région des Grands Lacs. Jim Fergus rend visite à sa grand-mère, Renée, 96 ans. Fille d'aristocrates français désargentés, mariée trois fois, celle-ci a connu un destin hors du commun, qui l'a menée de son petit village natal de la région de Senlis jusqu'aux États-Unis, en passant par les sables de l'Égypte. D'un caractère entier, froide et tyrannique, elle a brisé la vie de sa famille, en particulier celle de sa propre fille, Marie-Blanche, la mère de Jim. Pour essayer de la comprendre, et peut-être de lui pardonner, celui-ci va tenter de retracer son parcours.

En parallèle, à travers le journal intime de sa mère, l'écrivain nous fait entrer dans l'intimité de celle-ci. Internée en 1966 dans un asile de Lausanne, Marie-Blanche se souvient de sa vie, commencée comme un conte de fées mais qui prit peu à peu des allures de tragédie.

Jim Fergus s'inspire ici de son histoire personnelle pour nous offrir une saga familiale bouleversante. À la façon de Dalva, de Jim Harrison, il inscrit l'intime dans l'Histoire et nous présente d'inoubliables portraits de femmes dans la tourmente. On retrouve surtout dans cette fresque qui s'étend sur un siècle et trois continents toute la puissance romanesque de l'auteur de Mille femmes blanches associée à une force d'émotion rare.

Marie-Blanche est le troisième roman de Jim Fergus, après Mille femmes blanches (le cherche midi, 2000), vendu à près de 400 000 exemplaires en France, et La Fille sauvage (le cherche midi, 2004). Jim Fergus a consacré cinq années à l'écriture de ce roman, qui est publié en France en exclusivité mondiale.

 

Jim Fergus est né à Chicago en 1950 d’une mère française et d’un père américain. Il vit dans le Colorado. Mille Femmes blanches est son premier roman. Journaliste réputé, il écrit des articles sur la gastronomie, la chasse, la pêche et la nature dans les magazines Newsweek, The Paris Review, Esquire sportmen, Outdoor Life, etc... Il est l'auteur d'un ouvrage consacré à ses souvenirs de chasse, A hunter's road, déjà considéré comme un classique dans le domaine de la littérature américaine. Mille Femmes blanches a été salué par l'ensemble de la critique américaine. Hollywood a acheté les droits du livre pour en faire une adaptation.

 

 

"La mitrailleuse d'argile" de Viktor Pelevine

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éditions Seuil - 2005


4ème de couverture

Autour d'un même personnage, Piotr Poustota, deux histoires s'imbriquent et se répondent simultanément. L'une situe Poustota, poète pétersbourgeois, au début du siècle. Poursuivi par la sinistre Tcheka, il se retrouve, en pleine guerre civile, commissaire politique d'une division de cavalerie rouge commandée par le fameux Tchapaïev. L'autre se passe de nos jours, aux abords de Moscou, dans un hôpital psychiatrique où Poustota est pensionnaire. Qui est donc finalement Poustota ? Un bolchevik d'occasion qui fait des cauchemars ou un interné qui délire ? Et qu'est-ce que la Russie : une vaste maison de fous ? Devenu à 35 ans un auteur majeur de la Russie postcommuniste et un phénomène littéraire dans son pays, l'auteur de La Vie des insectes a composé ici une vertigineuse machine, roman à la fois rocambolesque et philosophique.

Un dissident flamboyant. Né en 1962, Viktor Pelevine a fait des études d'ingénieur puis de littérature. Ses premiers textes, il les publie à la fin des années 1980, en profitant du dégel et de la soudaine libération de son pays -- libération totalement anarchique, dont ce Moscovite souligne tous les paradoxes. Pelevine, c'est la rencontre explosive de Burroughs et de Gogol, dans la Russie postsoviétique qui a perdu tous ses repères. Ses livres sont donc autant de petites bombes, à commencer par ce brûlot publié en 1997, La mitrailleuse d'argile: un mélange de surréalisme, de satire politique et de delirium psychédélique, où Pelevine réalise un tour de force littéraire doublé d'un magistral éloge de la folie - seule chance de survie dans un pays qui a troqué la terreur rouge contre l'opportunisme et le cynisme. Puis nous avons découvert un autre roman tout aussi iconoclaste, Homo zapiens, qui décrypte l'incroyable chaos de la Russie actuelle: une jungle où les chacals médiatiques, épaulés par une meute d'imposteurs, imposent une dictature encore plus sauvage que la précédente. Mais Pelevine est également à l'aise dans la forme courte: après Un monde de cristal, il a écrit un deuxième recueil de nouvelles, Critique macédonienne de la pensée française, où - entre un hommage à Mishima et une parodie de Darwin - il s'en prend à la «dollarisation» de sa patrie et à ses prophètes de pacotille. Pelevine: un nouveau dissident, armé d'une férocité à la Zinoviev. ( André Clavel - 2005)

 

"L'espoir en contrebande" de Didier Daeninckx

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éditions du cherche midi - 2012

 

résumé de l'éditeur

L'Espoir en contrebande ou comment faire le tour du monde en vingt-six nouvelles, du canal de l'Ourcq à Ostende, d'Aubervilliers à Nouméa, de La Rochelle au Québec, de Bordeaux aux Antilles, de Granville au Mexique, de Nantes au Gabon, du Périgord au Danemark, de Saint-Benoît-du-Sault à Stettin...

Histoires vraies ou histoires inventées ?

En fait, Didier Daeninckx se plaît à jeter « des passerelles de fiction entre deux blocs de réalité». Pour lui, vie et littérature ne font qu'un.

Dans ses « nouvelles noires », comme dans la vie, chacun est confrontéà toutes sortes de situations : des moments d'émotion, des scènes violentes, des instants désopilants, des événements historiques. Et tout le monde croise ou rencontre des individus de tous genres : des flics, des voyous, des salauds, des paumés, des chômeurs, des couples d'amoureux, des rebelles...

Mais que viennent faire là-dedans Mussolini et Richard Durn, Thierry la Fronde et saint Denis, Paco Ibáñez et Charles de Gaulle, Paul Bocuse et Silvio Berlusconi, John Lennon et Éloi Machoro, Louise Michel et Rino Della Negra, Gandhi et Arlette Laguiller, Marat Safin et Coluche, Steve McQueen et Mehdi Ben Barka, Ousmane Sow et Michel Simon, Missak Manouchian et Jean Moulin ?

Ils ne sont peut-être pas là par hasard...

 

 

"Fils de la providence"  Tome 2 de Herjorg Wassmo

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éditions 10/18 - 2002

Traduit du norvégien par Luce Hinsch

 

4ème de couverture

À Copenhague, loin de Reinsnes, Benjamin se débat avec le souvenir de sa mère. Alors qu'il devient homme, la guerre des Duchés l'envoie au front et lui fait découvrir, parmi le sang des morts, l'amour de Karna... La saga familiale de Dina continue de lever sur le Nord un soleil grave et fulgurant.

Herbjørg Wassmo, née en Norvège en 1942, vit à Hihnöy, une petite île située au nord du Cercle polaire. Très populaire dans les pays scandinaves, cette ancienne institutrice férue de poésie se consacre à la littérature depuis vingt ans. Après la trilogie de « Tora » (La Véranda aveugle, La Chambre silencieuse, Ciel cruel), elle connaît un grand succès avec « Le Livre de Dina » (Les Limons vides, Les Vivants aussi, Mon bien-aimé est à moi), puis Fils de la Providence. Herbjørg Wassmo achève l'épopée de la flamboyante Dina avec « L'Héritage de Karna » (Mon péché n'appartient qu'à moi, Le Pire des silences, Les Femmes si belles). Le Livre de Dina a depuis été porté à l'écran par le metteur en scène danois Ole Bornedal avec Gérard Depardieu, Maria Bonnevie et Pernilla August dans les rôles principaux. Herbjørg Wassmo a également publié La Fugitive et Un verre de lait, s'il vous plaît. Son nouveau roman, Cent ans, paraîtra aux Éditions Gaïa en 2011.

 

 


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10 avril 2012 2 10 /04 /avril /2012 15:54

 

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photos©Voyelle

 

Dans le cadre du Printemps des poètes, la Compagnie Artbooka s'est imposé le thème de l’enfance.Et comme la gourmandise est toujours à la page, les grignotages étaient en accord parfait avec la poésie du moment... 


 


 

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Poésie - Gallimard

Œuvres complètes 1954-2004 , trad. du suédois et préfacé par Jacques Outin

 

Résumé de l'éditeur

C'est avec une perception aiguë, méticuleuse, que Tomas Tranströmer parcourt la zone limitrophe des terres habitées, comme si cette étendue en marge s'apparentait à un réservoir de visions simples suscitées au bord du réel. Les livres qu'il publie depuis 1954 suggèrent une quête obstinée, accomplie sans emphase et pas à pas, qui affronte l'opacité des signes, l'irréductibilité des choses, l'ombre des actes. Une tension singulière se développe qui souligne le doute, l'ironie, mais aussi l'ampleur du dessein. En fait, si Tranströmer se veut en route, sa recherche progresse humblement, en conscience et sans brûler les étapes de l'énigme. Sa tâche, c'est d'inventer une langue où transcrire toutes les bribes du présent.
Qu'il évoque des terres familières, des horizons lointains ou des séquences historiques, Tranströmer se livre à des travaux d'approche qui suggèrent plus la déroute que le but. Souvent inscrits entre rêve suspendu et terreur redoublée, ses textes sont peuplés d'anonymes fugaces, renaissants, pareils aux figures sans visage et sans âge d'une sombre allégorie.

 

 

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« Quand on est enfant, on n'use pas de mots ( et les mots ne sont pas usés ) » 

 

Résumé du livre

Nous sommes en 1948. Jean-Marie Le Clézio  a huit ans. Avec sa mère et son frère, il quitte Nice  pour rejoindre son père qui est médecin au Nigeria et qui y est resté pendant tout le temps de la guerre, loin de sa femme qu'il aime et de ses deux enfants qu'il n'a pas vu grandir. Deux rencontres fondamentales ont ainsi lieu simultanément : celle de l'Afrique et celle du père. Comme deux pays rêvés, attendus, espérés. C'est la rencontre avec l'Afrique qui ouvre ce livre en forme d'autoportrait : l'Afrique dans ce qu'elle a de plus violent, de plus éclatant, de plus saisissant : la liberté des corps, la matière magique d'un pays où tout est excessif, le soleil, la végétation, la pluie, les insectes.


 

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Editions Gaïa - 2007

Traduit du suédois par Lena Grumbach et Catherine Marcus

 

Résumé chez l'éditeur

Sur le même style que Le mec de la tombe d'à côté, Katarina Mazetti met en scène une histoire d'amour à première vue impossible.

Mariana est mère de deux enfants en bas âge. Mikael, son grand amour, s’est envolé du foyer, dans une énième crise due à sa schizophrénie. Mariana continue à idolâtrer le poète et l’artiste de la vie qu’il fut et espère toujours son retour, dans une lutte constante pour faire vivre sa famille avec son maigre salaire de professeur d’arts plastiques. Un jour à la plage, elle joue avec ses enfants à se lancer au bout d’une corde, et elle rentre de plein fouet dans Janne, jeune loup au portefeuille bien garni et dont le train de vie est à dix mille lieues de celui de Mariana. Et celui-ci se sent très attiré par cette fille simple, avec les pieds bien sur terre, même si à l’occasion elle joue à la jungle au bout d’une liane, en bikini léopard fait maison. Janne ne peut s’empêcher d’appeler Mariana Tarzan.
Janne vit dans un monde où il est loin de se douter qu’une mère célibataire puisse ne pas avoir assez d’argent pour faire manger ses enfants et qu’elle doive acheter tous leurs vêtements à la friperie. Quand il finit par s’en rendre compte, il bascule dans le rôle du père Noël et les inonde de cadeaux aussi chers qu’inutiles et de petits plats de chez le traiteur, alors que ce sont les produits de base qui manquent. Il veut tellement bien faire, mais il met en général les pieds dans le plat avec ses cadeaux somptueux.

Derrière l’humour, on sent que Mazetti veut dénoncer des injustices sociales. Une touche de sérieux vient donc nourrir une nouvelle fois le choc des cultures, sur fond économique, avec une bonne dose d’humour, de rêverie et de romantisme.


Voyelle a aimé

 

 

 

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À TOUS CEUX

QUI CREVÈRENT D’ENNUI AU COLLÈGE

OU

QU’ON FIT PLEURER DANS LA FAMILLE

QUI, PENDANT LEUR ENFANCE,

FURENT TYRANNISÉS PAR LEURS MAÎTRES

OU

ROSSÉS PAR LEURS PARENTS


Je dédie ce livre.

 

JULES VALLÈS

 

En 1872, Jules Vallès, l'un des journalistes les plus célèbres de son temps, est condamné à mort pour son engagement dans la Commune de Paris ; exilé à Londres, il se lance dans l'écriture d'un récit d'enfance, à mi-chemin entre le roman et l'autobiographie : L'Enfant, premier volet de la trilogie des Mémoires d'un révolté, paraît en 1878.
Dédié à tous ceux qui, " pendant leur enfance, furent tyrannisés par leurs maîtres ou rossés par leurs parents ", le livre fait scandale : en relatant le quotidien d'un jeune garçon d'alors, Vallès y brosse un tableau impitoyable de deux institutions vénérées, la famille et l'école. Véritable cri d'insoumission, cette œuvre initia un débat autour des droits de l'enfant, à l'époque quasi inexistants ; elle inspira des générations d'écrivains, de Jules Renard à Louis-Ferdinand Céline, et fut saluée à sa sortie par Zola, qui écrivit : " Je désire qu'on lise ce livre.
Si j'ai quelque autorité, je demande qu'on le lise, par amour du talent et de la vérité. Les œuvres de cette puissance sont rares. Quand il en paraît une, il faut qu'elle soit mise dans toutes les mains. "

 

 

Souvenirs intenses de lecture d'enfance...

 

pp691 9782070408504 

 

 

Poésies offertes à l'écoute... 

tu es pressé d'écrire
comme si tu étais en retard sur la vie
s'il en est ainsi fais cortège à tes sources
hâte-toi
hâte-toi de transmettre
ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance
effectivement tu es en retard sur la vie
la vie inexprimable
la seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t'unir
celle qui t'es refusée chaque jour par les êtres et par les choses
dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés
au bout de combats sans merci
hors d'elle tout n'est qu'agonie soumise fin grossière
si tu rencontres la mort durant ton labeur
reçois-là comme la nuque en sueur trouve bon le mouchoir aride
en t'inclinant
si tu veux rire
offre ta soumission
jamais tes armes
tu as été créé pour des moments peu communs
modifie-toi disparais sans regret
au gré de la rigueur suave
quartier suivant quartier la liquidation du monde se poursuit
sans interruption
sans égarement

essaime la poussière
nul ne décèlera votre union.

René Char, commune présence, in Le Marteau sans maître (1934-1935)
éditions Corti José

 

 

Chanson de la plus haute tour

Oisive jeunesse
A tout asservie,
Par délicatesse
J'ai perdu ma vie.
Ah ! Que le temps vienne
Où les coeurs s'éprennent.

Je me suis dit : laisse,
Et qu'on ne te voie :
Et sans la promesse
De plus hautes joies.
Que rien ne t'arrête,
Auguste retraite.

J'ai tant fait patience
Qu'à jamais j'oublie ;
Craintes et souffrances
Aux cieux sont parties.
Et la soif malsaine
Obscurcit mes veines.

Ainsi la prairie
A l'oubli livrée,
Grandie, et fleurie
D'encens et d'ivraies
Au bourdon farouche
De cent sales mouches.

Ah ! Mille veuvages
De la si pauvre âme
Qui n'a que l'image
De la Notre-Dame !
Est-ce que l'on prie
La Vierge Marie ?

Oisive jeunesse
A tout asservie,
Par délicatesse
J'ai perdu ma vie.
Ah ! Que le temps vienne
Où les coeurs s'éprennent !

Arthur Rimbaud

 

 

 

Quand l'articulation devient le jeu des petits et des grands...

9782876918948

 

Mot de l'éditeur

Tout ce qui ce conçoit bien s'énonce clairement. Pour s'amuser à bien articuler, un petit recueil de phrases poilantes à répéter seul ou à plusieurs.

 

« kiki la cocotte avait pour amant coco le concasseur de cacao, kiki la cocotte voulait un caraco kaki avec un col en caracul,et coco le concasseur de cacao n'avait que des caracos kaki sans col en caracul, et des cols en caracul sans caraco kaki. Le marquis caduque et concave coquet par le caquet coquin de kiki. la cocotte pensa qu'un caraco kaki sans col en caracul avec un col en caracul sans caraco kaki ferait un caraco kaki avec un col en caracul.
Et depuis ce temps là que coco le concasseur de cacao est cocu. »

 

 


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Editions Actes Sud, Collection Babel - 1995

 

4ème de couverture

Sa vie durant, Hermann Hesse écrivit des nouvelles : les cinq ici rassemblées - la première date de 1896, la dernière de 1949 - sont emblématiques d'une quête toujours poursuivie par l'écrivain, celle de la vérité. ET de Mon Enfance, exploitant le thème de la nature, à Mon Camarade Martin et La Leçon interrompue, évoquant les amitiés scolaires de la première jeunesse, en passant par Histoire de mon Novalis qui dit la joie de la lecture ou le Mendiant, qui interroge les conflits entre la pauvreté et la richesse, on retrouve toute entière la sensibilité et la maîtrise du grand écrivain.

 

Hermann Hesse (1877-1962), prix Nobel 1946, est l'auteur de romans aussi célèbres que Peter Camenzind (1904), Siddhartha (1922) ou Le Jeu des perles de verre (1943).

 

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5 mars 2012 1 05 /03 /mars /2012 16:06

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"Sonates de bar" de Hervé LE TELLIER

Editions le Castor astral


résumé de l'éditeur

 Au «Jay’s», Archi chante le blues et Rose Singer sert des cocktails à des noctambules désœuvrés et fabuleux. Hervé Le Tellier saisit l’occasion pour nous servir quatre-vingt-six blues et autant de cocktails personnalisés (incluant les véritables recettes). Ce texte, fréquemment adapté au théâtre, est à lire et à boire sans modération.Dans les années soixante, Archie, le pianiste, chante le blues dans la pénombre feutrée du Jay's, un bar de la 40e Rue à New York. Rose, la serveuse, chaloupe entre les tables parmi une clientèle nocturne de paumés et de coeurs solitaires. Dans le brouhaha des conversations, derrière le tintement des glaçons, Jay, barman imperturbable, compose des cocktails à l'image de ses clients : un Bronx pour un écrivain en mal d'inspiration, un Pink Lady pour une jeune fille... Les textes d’Hervé Le Tellier, tour à tour nimbés d’érotisme, de mélancolie ou d’humour, s’articulent autour d’une authentique recette de cocktail. Shaker, tumbler, mixer... Ces sonates à contrainte sont accompagnées de délicates aquarelles de l'artiste japonaise Yoko Ueta.

Sur un air de jazz ou de blues, voici une petite centaine d’instantanés, de sentiments fondus enchaînés, rythmés par le shaker de Jay. C’est beau et triste. C’est bon et fort, ou doux selon l’humeur, selon l’envie. Cette ambiance nostalgique est propice à l’écoute de sa propre sensibilité. Le film de la vie se déroule au son des notes, au fil des pages, au trait fin des aquarelles. On en vient presque à penser que l’existence se résume en un cocktail de feelings musical, amoureux, plus ou moins coloré, liquide. Dans l’atmosphère capiteuse de cocktails aux noms évocateurs, sirotez ce condensé tendre et mélancolique. Vous vous ferez de ces parfaits inconnus de vrais amis. Sonates de bar a du punch ! À consommer sans modération…

Sonates de bar a reçu le Prix Thyde Monier 91 de la SGDL et le Prix de la Littérature Gourmande 91.Lire des extraits

 

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"les trois dames de la kasbah / Suleïma " de Pierre Loti

Editions folio - 2006

 

4ème de couverture

Sous le soleil aveuglant d'Alger la blanche, Kadidja et ses deux filles vivent dans la Kasbah où elles vendent leurs charmes. Les jeunes matelots français en escale découvrent avec elles les plaisirs de l'Orient, mais aussi ses dangers...
Homme de lettres, officier de marine et grand voyageur, Pierre Loti, dans une prose limpide, nous offre un tableau sensuel et cruel de l'Algérie française.

 

Suleïma - L'exotisme ne fut pas pour rien dans le succès de Pierre Loti (1850-1923), officier de marine qui sillonna les mers du monde pendant plus de cinquante années. Au fil de ses voyages, il ne cesse de tenir un journal intime d'où il puisera la matière de ses romans.
Suleïma se présente comme un montage des pages écrites lors de ses escales en Algérie, de 1869 à 1880. Au centre de celle « histoire bien décousue », la figure énigmatique d'une jeune femme qui fait commerce de ses charmes, rencontrée par l'auteur à Oran alors qu'elle était enfant, et une tortue qu'il baptise du même prénom. Chaleur de l'évocation de l'Algérie et délicatesses du désenchantement font tout l'attrait de ce texte dandy ( Editions les 1001 nuits - 2000).

 

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"Veuf" de jean-Louis Fournier

Editions Stock - 2011

 

4ème de couverture

« Je suis veuf, Sylvie est morte le 12 novembre, c’est bien triste, cette année on n’ira pas faire les soldes ensemble. Elle est partie discrètement sur la pointe des pieds, en faisant un entrechat et le bruit que fait le bonheur en partant. Sylvie m’a quitté, mais pas pour un autre. Elle est tombée délicatement avec les feuilles. On discutait de la couleur du bec d’un oiseau qui traversait la rivière. On n’était pas d’accord, je lui ai dit tu ne peux pas le voir, tu n’as pas tes lunettes, elle ne voulait pas les mettre par coquetterie, elle m’a répondu je vois très bien de loin, et elle s’est tue, définitivement. 
J’ai eu beaucoup de chance de la rencontrer, elle m’a porté à bout de bras, toujours avec le sourire. C’était la rencontre entre une optimiste et un pessimiste, une altruiste et un égoïste. On était complémentaires, j’avais les défauts, elle avait les qualités. Elle m’a supporté quarante ans avec le sourire, moi que je ne souhaite à personne. Elle n’aimait pas parler d’elle, encore moins qu’on en dise du bien. Je vais en profiter, maintenant qu’elle est partie. »

 

Jean-Louis Fournier souhaitait mourir le premier, il a perdu. Sa femme partie, il n’a plus personne avec qui parler de lui. Alors pour se consoler, ou pour se venger, en nous parlant d’elle, il nous parle de lui.

 

Citations, phrases, extraits...

 

"Tu as été ma plus belle qualité. J'espère ne pas avoir été ton plus gros défaut."

 

"Si je dis que je vais bien, ce n'est pas vrai; si je dis que je vais mal, ce n'est pas vrai non plus. Je vais."

 

"C'est triste de penser qu'il faut attendre le pire pour enfin comprendre. Pourquoi le bonheur, on le reconnaît seulement au bruit qu'il fait en partant ?"

 

" Sur mon téléphone portable, j'ai retiré ton nom de mes contacts. J'ai appuyé sur "chercher", j'ai fait dérouler tous les noms jusqu'à "Sylvie", puis j'ai appuyé sur "option" et là j'ai choisi "supprimer". Mon écran a affiché une terrible question : "Supprimer Sylvie ?". J'ai hésité longtemps. Finalement, j'ai enfoncé avec émotion la touche "OK". J'avais l'impression d'être le président de la République qui appuyait sur le bouton rouge de la bombe atomique. Est apparu alors sur l'écran une petite poubelle avec un couvercle sautillant qui s'est posé dessus pour la fermer. Voilà, c'était fait, je t'avais mise à la poubelle."

 

"Tout ce que les machines compliquées de la Salpêtrière n'ont pas réussi à faire, moi, je le fais avec des mots. Je te réanime."

 

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"La gloire de Rubens" de Philippe Muray

Editions Grasset - 1991 / Collection : Figures

 

résumé de l'éditeur

Pourquoi l'un des peintres les plus illustres de l'histoire de l'art est-il aussi l'un des plus méconnus ? Philippe Muray se penche sur cette énigme. Rubens revit ; on le suit partout, à travers ses innombrables voyages, ses missions diplomatiques, ses négociations. L'Europe déchirée des guerres de religion ressuscite. On redécouvre, enfin, une oeuvre aussi magnifique qu'inépuisable, d'une positivité sensuelle sans égale, et où s'affirme une suprême passion : celle des corps des femmes. Avec Rubens, la peinture se fait chair. Avec lui ressurgissent toutes ces choses désormais, semble-t-il, en voie de disparition : la volupté, le désir, la violence du plaisir. Le Pays des Merveilles de l'art, en somme, comme de la littérature. "Je chante donc ce peintre, écrit Philippe Muray, parce qu'il n'est pas de notre siècle. Il y a des éternités que la peinture est dépassée, sortie du monde, rocher des couleurs arraché au globe, planète de plus en plus lointaine, et Rubens est toute la peinture. Je remonte aux sources non pieuses, non "sacrées", d'une disparition. Je ne déterre pas un mort, je révèle un furieux vivant qui m'éblouit..."

 

On sait peu de choses sur la vie de Philippe Muray. Son père était écrivain et traducteur d'auteurs anglo-saxons (Jack London, Melville, Kipling, Barbara Cartland, etc.), sa mère une lectrice passionnée. D'après Philippe Muray (in Après l'Histoire, I), ses parents ont joué un rôle important dans son éducation littéraire et son goût pour la lecture. Si bien qu'à l'âge adulte, Philippe Muray suivit des études de lettres à Paris.

Durant quelques mois, en 1983, il enseigna la littérature française à l'université Stanford, en Californie. C'est là que lui vint l'idée de L'empire du Bien et qu'il rassembla la matière de Le XIXe siècle à travers les âges, publié par Philippe Sollers chez Denoël, en 1984 (réédition Gallimard, 1999), fresque foisonnante et audacieuse dans laquelle Muray souligne l'importance de l'occultisme dans la fondation du socialisme. Auparavant, il avait publié un essai controversé sur Louis-Ferdinand Céline (Seuil, collection « Tel Quel », 1981, réédition Gallimard, 2000), dans lequel il refusait de séparer l'auteur du Voyage au bout de la nuit et le pamphlétaire antisémite de Bagatelles pour un massacre.


Auteur de romans (Chant pluriel, son premier livre, Gallimard, 1973 ; Postérité, Grasset, 1988 ; On ferme, Les Belles Lettres, 1997, ainsi que de près d'une centaine de romans policiers de commande sous un pseudonyme pour l'instant toujours inconnu), d'un essai sur Rubens (La Gloire de Rubens, Grasset, 1991) et d'un recueil de poèmes comiques (Minimum Respect, Les Belles Lettres, 2003), Philippe Muray a été assimilé par Daniel Lindenberg, dans son ouvrage Le Rappel à l'ordre : enquête sur les nouveaux réactionnaires, à Michel Houellebecq et Maurice G. Dantec. En 2002, avec notamment Alain Finkielkraut, Marcel Gauchet, Pierre Manent et Pierre-André Taguieff, il signa un Manifeste pour une pensée libre contre le livre de Daniel Lindenberg, qui le rangeait dans la catégorie des « nouveaux réactionnaires ».

Les trois derniers livres publiés de son vivant sont Chers djihadistes... (Éditions Mille et une nuits-Fondation du 2 mars, 2002), Festivus festivus, conversations avec Elisabeth Lévy (Fayard, mars 2005), "Moderne contre Moderne (octobre 2005).

Décédé le 2 mars 2006 d'un cancer du poumon, Philippe Muray a été enterré le 8 mars au cimetière du Montparnasse.( Source Babelio.com)

 

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"Diego et Frida" de J.M.G. Le Clézio

Editions Folio - 1995

 

résumé de l'éditeur

Lorsque Frida annonce son intention d'épouser Diego Rivera, son père a ce commentaire acide : «ce seront les noces d'un éléphant et d'une colombe». Tout le monde reçoit avec scepticisme la nouvelle du mariage de cette fille turbulente mais de santé fragile avec le «génie» des muralistes mexicains, qui a le double de son âge, le triple de son poids, une réputation d'«ogre» et de séducteur, ce communiste athée qui ose peindre à la gloire des Indiens des fresques où il incite les ouvriers à prendre machettes et fusils pour jeter à bas la trinité démoniaque du Mexique - le prêtre, le bourgeois, l'homme de loi. Diego et Frida raconte l'histoire d'un couple hors du commun. Histoire de leur rencontre, le passé chargé de Diego et l'expérience de la douleur et de la solitude pour Frida. Leur foi dans la révolution, leur rencontre avec Trotski et Breton, l'aventure américaine et la surprenante fascination exercée par Henry Ford. Leur rôle enfin dans le renouvellement du monde de l'art.
Étrange histoire d'amour, qui se construit et s'exprime par la peinture, tandis que Diego et Frida poursuivent une œuvre à la fois dissemblable et complémentaire. L'art et la révolution sont les seuls points communs de ces deux êtres qui ont exploré toutes les formes de la déraison. Frida est, pour Diego, cette femme douée de magie entrevue chez sa nourrice indienne et, pour Frida, Diego est l'enfant tout-puissant que son ventre n'a pas pu porter. Ils forment donc un couple indestructible, mythique, aussi parfait et contradictoire que la dualité mexicaine originelle, Ometecuhtli et Omecihuatl.

 

EXTRAITS


 "
Il est difficile aujourd'hui, dans un monde laminé par les désillusions, les guerres les plus meurtrières de tous les temps, et par la pauvreté culturelle grandissante, de se représenter le tourbillon d'idées qui enflamment Mexico durant cette décennie qui va de 1923 à 1933. Alors le Mexique est en train de tout inventer, de tout changer, de tout mettre au jour, dans la période la plus chaotique de son histoire, quand, sur la scène politique, se succèdent les régimes, depuis les derniers rituels médiévaux de Porfirio Díaz jusqu'à l'héroïsme révolutionnaire de Lázaro Cárdenas, en passant par les aléas de la politique d'Alvaro Obregón, de Plutarco Elias Calles et de De La Huerta.

   Tout est à inventer et tout apparaît durant cette époque fiévreuse: l'art des muralistes au service du peuple – les seuls vrais «romanciers de la Révolution», comme les appelle Miguel Angel Asturias – écrivant sur les lieux publics l'histoire tragique et merveilleuse du continent amérindien; l'art au service de l'éducation, quand les campagnes d'alphabétisation du monde rural utilisent le théâtre de marionnettes, la gravure populaire à la manière de Posada, la comédie de rue, les écoles rurales. L'enthousiasme pour l'ère nouvelle gagne tout le pays. Dans les villages les plus isolés (dans la vallée de Toluca, les steppes du Yucatán, ou le désert de Sonora), les maîtres d'école indigènes fondent des académies de nahuatl, de maya, de yaqui, éditent des journaux, des lexiques, des recueils de légendes. La peinture naïve – non pas celle des chapelles et des marchands de tableaux, mais comme plus tard en Haïti ou au Brésil, la peinture née dans les champs et dans la rue – éclate comme un feu d'artifice dans une fête: elle pénètre et force la peinture officielle, apporte ses formes, ses visions nouvelles, une façon inédite d'embrasser le monde, de rendre sa pureté à la culture. La révolution fauve et cubiste qui avait un instant attiré les grands peintres de la modernité est balayée au Mexique par cette révolution populaire qui détourne l'art de la culture gréco-romaine, le replonge dans sa réalité contorsionnée du quotidien où les expressions, les symboles, les équilibres et jusqu'aux lois de la perspective n'obéissent pas aux mêmes critères."

 

"Pour Diego, cette liberté sexuelle est nécessaire, elle est l'aliment même de son art et une des expressions de la révolution; Mais il s'agit de toute autre chose que l'immoralisme antibourgeois imité de la bohème parisienne. Pour Diego, la recherche du corps des femmes est essentielle. Comme pour Gauguin ou pour Matisse, il lui faut cette identification joyeuse avec la femme, cette permanente proximité physique. La beauté du corps féminin, la beauté des modèles, est le symbole de la violence créatrice de la vie, de la réalité de la vie face à toutes les idées et impuissances de l'intellect. Toute sa peinture exprime cette confiance absolue danas la jouissance, dans la force de la vie, dans la radiance de la beauté féminine, opposée aux instincts de mort et de guerre des homme."

 

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"Un verre de lait s'il vous plaît" de  Herbjorg Wassmo

Traduit du Norvégien par Luce Hinsch

Editions Gaïa - 2007

 

Un roman engagé, d’une rare violence, quasiment insoutenable, sur la descente aux enfers d’une jeune Lituanienne, embarquée malgré elle dans un réseau de prostitution. Par l’auteur du Livre de Dina.


résumé de l'éditeur
Dans un village de Lituanie, Dorte, 15 ans, vit un quotidien difficile avec sa mère. Elle rêve d’une vie plus facile, d’une mère moins triste. Le jour où le propriétaire menace de les mettre dehors parce que le loyer n’est toujours pas payé, Dorte accepte la proposition d’une vague copine de venir travailler comme serveuse à Stockholm. Elle se rend rapidement compte que quelque chose ne va pas, mais sa jeunesse et son manque ­d’expérience ne lui permettent pas de deviner l’enfer qui l’attend.
Voilà un récit d’une grande violence. Très vite, on espère que la lecture va prendre une tournure moins violente, moins insupportable, mais ce n’est pas le cas. Par le descriptif cru et minutieux de ce qui arrive à Dorte, le lecteur est maintenu dans le cauchemar que vit la jeune fille. Pour fuir la réalité, les pensées de Dorte s’évadent en rêves et souvenirs, et surtout en dialogues imaginaires avec le père qu’elle n’a plus. Ces pensées et rêves composent le mince fil qui la rattache à la vie, et c’est aussi ce qui aide le lecteur à supporter la lecture jusqu’au bout.

Le style concis et sans fioritures renforce le sentiment que Herbjørg Wassmo refuse de transformer son sujet en « littérature ». La force littéraire de Un verre de lait, s’il vous plaît réside dans son réalisme sans merci. Il faut que cette histoire nous dérange le plus longtemps possible. Car il est certain que Wassmo n’a pas écrit ce roman pour son plaisir, mais par révolte.
Herbjørg Wassmo est l’auteur d’une œuvre considérable, des livres pour enfants à l’écriture théâtrale en passant par la poésie. Œuvre inscrite aux programmes scolaires et universitaires, et qui, traduite en de nombreuses langues, connaît un succès populaire exceptionnel. Elle est, en Scandinavie, l’écrivain mondial le plus lu, et Dina a pris place aux côtés des grandes héroïnes de la littérature.

EXTRAITS

« Dorte se rendit compte alors que le plus grand défi à relever quand on partait à la conquête du monde, c’était de se savoir seule. Mais il fallait bien en passer par là, sinon on n’oserait jamais rien. C’était comme ça, un point c’est tout. Une fois faite à cette idée, tout irait mieux. Beaucoup mieux. Elle serait libre de se réjouir de ce qu’elle allait rencontrer. Une fois arrivée en Suède, quand elle commencerait à travailler, elle n’aurait plus besoin d’être enfermée toute la journée dans une voiture nauséabonde avec deux types. Bien sûr, elle n’aurait certainement plus besoin de les voir. Maintenant il fallait avancer. Arriver à destination (p.50) »

« Ils étaient sans visage. Ils étaient plus ou moins lourds. Leurs mains étaient plus ou moins dures. Ils étaient plus ou moins bruyants, plus ou moins suants. Prenaient plus ou moins de temps. Mais, finalement, elle sut déchiffrer tous leurs signes – les mouvements ou les bruits qui faisaient espérer une fin prochaine, laquelle ne laissait qu’une odeur d’œuf pourri. Quand la porte claquait, quand elle pouvait enfin souffler, arracher une large feuille au rouleau de papier près du lit et s’essuyer entre les jambes pour que ça ne coule pas sur le plancher quand elle irait à la douche. Elle prenait chaque matin les pilules que Lara avaient achetées pour qu’elle ne tombe pas enceinte ( pp. 183-184 ) ».

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"Entre ciel et terre" de Jon Kalman Stefansson
Editions Gallimard 2010
trad. de l'islandais par Éric Boury

Résumé chez l'éditeur
Certains mots sont probablement aptes à changer le monde, ils ont le pouvoir de nous consoler et de sécher nos larmes. Certains mots sont des balles de fusil, d’autres des notes de violon. Certains sont capables de faire fondre la glace qui nous enserre le cœur et il est même possible de les dépêcher comme des cohortes de sauveteurs quand les jours sont contraires et que nous ne sommes peut-être ni vivants ni morts.

Parfois les mots font que l’on meurt de froid. Cela arrive à Bárður, pêcheur à la morue parti en mer sans sa vareuse. Trop occupé à retenir les vers du
Paradis perdu, du grand poète anglais Milton, il n’a pensé ni aux préparatifs de son équipage ni à se protéger du mauvais temps. Quand, de retour sur la terre ferme, ses camarades sortent du bateau le cadavre gelé de Bárður, son meilleur ami, qui n’est pas parvenu à le sauver, entame un périlleux voyage à travers l’île pour rendre à son propriétaire, un vieux capitaine devenu aveugle, ce livre dans lequel Bárður s’était fatalement plongé, et pour savoir s’il a encore la force et l’envie de continuer à vivre.
Par la grâce d’une narration où chaque mot est à sa place, nous accompagnons dans son voyage initiatique un jeune pêcheur islandais qui pleure son meilleur ami : sa douleur devient la nôtre, puis son espoir aussi.
Entre ciel et terre, d’une force hypnotique, nous offre une de ces lectures trop rares dont on ne sort pas indemne. Une révélation…

EXTRAITS

« Celui qui meurt se transforme immédiatement en passé. Peu importe combien il était important, combien il était bon, combien sa volonté de vivre était forte et combien l'existence était impensable sans lui : touché ! dit la mort, alors, la vie s'évanouit en une fraction de seconde et la personne se transforme en passé. Tout ce qui lui était attaché devient un souvenir que vous luttez pour conserver et c'est une trahison que d'oublier. Oublier la manière dont elle buvait son café. La manière dont elle riait. Cette façon qu'elle avait de lever les yeux. Et pourtant, pourtant, vous oubliez. C'est la vie qui l'exige. Vous oubliez lentement, mais sûrement, et la douleur peut être telle qu'elle vous transperce le coeur. »

«Les mots ont parfois le pouvoir des trolls et ils sont capables d’abattre les dieux, ils peuvent sauver des vies et les anéantir. Les mots sont des flèches, des balles de fusil, des oiseaux légendaires lancés à la poursuite des héros, les mots sont des poissons immémoriaux qui découvrent un secret terrifiant au fond de l’abîme, ils sont un filet assez ample pour attraper le monde et embrasser les cieux, mais parfois, ils ne sont rien, des guenilles usées, transpercées par le froid, des forteresses caduques que le mort et le malheur piétinent sans effort. Les mots sont cependant tout ce que le gamin possède. À part les lettres de sa mère, un pantalon de grosse toile, ses vêtements de laine, trois livres peu épais ou plutôt des fascicules qu’il a emportés avec lui en quittant le baraquement, des bottes de mer et de mauvaises chaussures. Les mots sont ses compagnons les plus dévoués et ses amis les plus fidèles, ils se révèlent pourtant inutiles au moment où il en aurait le plus besoin – il ne parvient pas à ressusciter Bár∂ur […]»

«Le temps a bien des visages, la pendule mesure rarement celui qui passe en notre for intérieur et qui constitue la véritable durée de la vie, d'ailleurs, une foule de jours pourrait tenir en quelques heures et inversement, le nombre des années est une échelle peu fiable pour mesurer la durée de la vie d'un homme, celui qui meurt à quarante ans a peut-être vécu bien plus longtemps qu'un autre qui part à quatre-vingt dix. »

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"L'encre serait de l'ombre " de Philippe Jaccottet
Editions Gallimard 2011 / Poésies

Résumé chez l'éditeur
Comment par le leurre de l'écriture lever le voile qui couvre le monde et le temps ? Philippe Jaccottet se veut un promeneur attentif, disponible, capable d'émerveillement aussi bien que d'effroi, et qui transmet son approche lucide, sombre ou éblouie, de la lumière en chacune de ses métamoprhoses. Il ne témoigne pas du spectacle de la nature, mais de la nature du mystère. Il participe plus qu'il n'assiste aux éblouissements fugaces qui sont autant de révélations simples sous un ciel déserté par les dieux. Il est celui qui approche au plus près du point où la vision et la vie paraissent aptes à se fondre. Comme s'il accédait, par grâce singulière et fragmentée, à une sorte d'entre-monde où la pensée est action, le sentiment intelligence, la beauté oxygène et poésie la trame secrète des jours.

L'œuvre de Philippe Jaccottet fait escorte, parfois sombrement, quelques fois sereinement, à la part incertaine et sublime qui, par éclairs, par effractions, apparaît, déchire, force ou découvre le passage. « Je pense quelquefois que si j'écris encore, c'est, ou ce devrait être avant tout pour rassembler les fragments, plus ou moins lumineux et probants, d'une joie dont on serait tenté de croire qu'elle a explosé un jour, il y a longtemps, comme une étoile intérieure, et répandu sa poussière en nous. »

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"L'art du haïku pour une philosophie de l'instant" de Vincent Brochard, Pascale Senk, BASHÔ, ISSA,  SHIKI
Editions Belfond 2009
Traduit par Vincent Brochard

Saisir la vérité de l'instant, capter le jaillissement de la vie, faire vibrer le présent : telle est la magie du haïku.

Résumé chez l'éditeur

Renouer le lien primordial avec la nature, cultiver la modestie et la simplicité, rechercher la spontanéité : L'Art du haïku nous entraîne sur le chemin de cette sagesse qui nous a laissé les textes les plus étonnants de la littérature japonaise et nous démontre toute la modernité de son enseignement.
L'enquête de Pascale Senk nous fait découvrir comment la pratique du haïku inspire aujourd'hui, à des adeptes venus de tous horizons, une nouvelle approche de la vie.
En introduction aux haïkus les plus emblématiques, la présentation de Vincent Brochard n'apporte pas seulement un éclairage historique et littéraire, elle est aussi une véritable initiation à la visée spirituelle qui est au coeur de cet usage de l'écriture.

À la fois essai, guide pratique et anthologie, L'Art du haïku montre la voie d'un authentique art de vivre.

 

Vieille mare
une grenouille plonge
bruit de l'eau
Bashô
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15 janvier 2012 7 15 /01 /janvier /2012 16:23

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"Les vacances d'un sérial Killer" de Nadine Monfils

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Editions Belfond- 2011

(disponible à la bibliothèque de Fécamp) 


4ème de couverture

 

Comme chaque été, Alfonse Destrooper part en villégiature à la mer du Nord. Josette, sa femme, est bien décidée à se la couler douce, entre farniente à la plage et shopping dans la station balnéaire. Les enfants, Steven et Lourdes, emportent leur caméra pour immortaliser ces vacances tant attendues. Quant à la mémé, véritable Calamity Jane, elle les accompagne dans sa vieille caravane.

Mais le voyage commence mal ! Un motard pique le sac de Josette à un carrefour et s'enfuit. Furieux, Alfonse s'arrête dans un snack pour s'enfiler une bière pendant que les deux ados, avec leur manie de tout filmer, s'amusent à planquer leur caméra dans les toilettes, histoire de recueillir quelques images truculentes. La famille Destrooper reprend finalement la route. À l'arrière de la voiture, les ados visionnent tranquillement leur vidéo. Quand, soudain, ils découvrent à l'écran le cadavre du motard gisant sur le sol des toilettes du restoroute ! Et, pour couronner le tout, la magnifique pension dans laquelle les Destrooper ont prévu de séjourner est un rade pourri. Les vacances en enfer ne font que commencer... Une comédie décapante, teintée d'humour noir et d'un zeste de poésie, un hymne à la Belgique.

 

Finaliste du prix du meilleur polar francophone de Montigny-lès-lès Cormeilles
Finaliste du prix du Prix Lion Noir de Neuilly Plaisance

 

Nadine Monfils est belge et vit à Montmartre. Elle est l'auteur d'une quarantaine de romans dont les polars à succès Monsieur Émile et Une petite douceur meurtrière, parus dans la collection " Série noire " de Gallimard. Également cinéaste, elle a réalisé Madame Édouard, dans lequel elle met en scène le commissaire Léon, héros de sa série policière aujourd'hui étudiée dans les lycées. Elle a publié chez Belfond Babylone Dream, prix Polar 2007 au salon Polar & Co de Cognac, Nickel Blues, prix des Lycéens de Bourgogne 2008, Tequila frappée (2009) et Coco givrée, prix de la Ville de Limoges 2010 

 

Le site de l'auteur


EXTRAITS

 

Le grand jour est arrivé ! Ceux qui ont du pognon vont à la Costa del Sol s'enduire de crème solaire et pavaner sur la Playa en sirotant des punchs. Les autres se rendent à la mer du Nord où il pleut trois jours sur quatre, et encore, c'est quand t'as du bol.

[…]

Les phares allumés, la voiture des Destrooper est arrêtée devant une grosse baraque vieillotte et mal entretenue, située derrière les dunes. La zone. Vue sur la misère du monde. Les passagers semblent tous figés à l'intérieur de la bagnole.
- Dis, Chou, t'es sûr que c'est ici ? s'inquiète Josette.
- Tu vois bien comme moi ce qui est écrit sur la façade. Les Mouettes rieuses. C'est notre pension.
[…]
Josette sort de la voiture en soupirant. Alfonse se tourne vers ses rejetons qui roupillent à l'arrière. Il jubile à l'idée de les réveiller en sursaut.
- Debout, bande de feignants ! On est en vacances ! Enfin ! se marre-t-il.
Les deux ados fixent la bicoque d'un air ahuri.
- Hé, t'as vu, Lourdes, on dirait la maison du psychopathe dans Psychose. Ça craint.
- Ouais, c'est relou.

[…]

Pensive, Josette regarde un bateau s'éloigner à l'horizon. Elle rêve à nouveau de partir à l'aventure, de traverser les océans avec Di Caprio sur le Titanic. Et tant pis s'il coule. Vaut mieux faire naufrage avec Leonardo que de rester le cul sur la plage avec un péquenot.

 

Voyelle a aimé : CLICK

 

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photo©Voyelle


"Le club des incorrigibles optimistes" de Jean-Michel Guenassia

 

4ème de couverture

Michel Marini avait douze ans en 1959. C’était l’époque du rock’n’roll et de la guerre d’Algérie. Lui, il était photographe amateur, lecteur compulsif et joueur de baby-foot au Balto de Denfert-Rochereau. Dans l’arrière-salle du bistrot, il a rencontré Igor, Léonid, Sacha, Imré et les autres. Ces hommes avaient passé le Rideau de Fer pour sauver leur peau. Ils avaient abandonné leurs amours, leur famille, trahi leurs idéaux, et tout ce qu’ils étaient. Ils s’étaient retrouvés à Paris dans ce club d’échecs d’arrière-salle que fréquentaient aussi Kessel et Sartre. Et ils étaient liés par un terrible secret que Michel finirait par découvrir. Cette rencontre bouleversa définitivement la vie du jeune garçon. Parce qu’ils étaient tous d’incorrigibles optimistes.

Portrait de génération, reconstitution minutieuse d’une époque, chronique douce-amère d’une adolescence : Jean-Michel Guenassia réussit un premier roman étonnant tant par l’ampleur du projet que par l’authenticité qui souffle sur ces pages.

 

EXTRAIT (source L'EXPRESS)

 

Aujourd'hui, on enterre un écrivain. Comme une dernière manifestation. Une foule inattendue, silencieuse, respectueuse et anarchique bloque les rues et les boulevards autour du cimetière Montparnasse. Combien sont-ils? Trente mille? Cinquante mille? Moins? Plus? On a beau dire, c'est important d'avoir du monde à son enterrement. Si on lui avait dit qu'il y aurait une telle cohue, il ne l'aurait pas cru. Ça l'aurait fait rire. Cette question ne devait pas beaucoup le préoccuper. Il s'attendait à être enterré à la sauvette avec douze fidèles, pas avec les honneurs d'un Hugo ou d'un Tolstoï. Jamais dans ce demi-siècle, on n'avait vu autant de monde pour accompagner un intellectuel. A croire qu'il était indispensable ou faisait l'unanimité. Pourquoi sont-ils là, eux? Pour ce qu'ils connaissent de lui, ils n'auraient pas dû venir. Quelle absurdité de rendre hommage à un homme qui s'est trompé sur tout ou presque, fourvoyé avec constance et a mis son talent à défendre l'indéfendable avec conviction. Ils auraient mieux fait d'aller aux obsèques de ceux qui avaient raison, qu'il avait méprisés et descendus en flammes. Pour eux, personne ne s'est déplacé. 

Et si, derrière ses échecs, il y avait autre chose, d'admirable, chez ce petit homme, cette rage de forcer le destin avec son esprit, d'avancer envers et contre toute logique, de ne pas renoncer malgré la certitude de la défaite, d'assumer la contradiction d'une cause juste et d'un combat perdu d'avance, d'une lutte éternelle, toujours recommencée et sans solution. Impossible de rentrer dans le cimetière où on piétine les tombes, escalade les monuments et renverse les stèles pour s'approcher plus près et voir le cercueil. On dirait l'inhumation d'une vedette de la chanson ou d'un saint. Ce n'est pas un homme qu'on porte en terre. C'est une vieille idée qu'on ensevelit avec lui. Rien ne changera et nous le savons. Il n'y aura pas de société meilleure. On l'accepte ou on ne l'accepte pas. Ici, on a un pied dans la tombe avec nos croyances et nos illusions disparues. Une foule comme une absolution pour l'expiation des fautes commises par idéal. Pour les victimes, ça ne change rien. Il n'y aura ni excuse, ni réparation, ni inhumation de première classe. Qu'y a-t-il de pire que de faire le mal quand on voulait faire le bien? C'est une époque révolue qu'on porte en terre. Pas facile de vivre dans un univers sans espoir. 

A cet instant, on ne règle plus de comptes. On ne fait pas de bilan. On est tous égaux et on a tous tort. Je ne suis pas venu pour le penseur. Je n'ai jamais compris sa philosophie, son théâtre est indigeste et ses romans, je les ai oubliés. Je suis venu pour de vieux souvenirs. La foule m'a rappelé qui il était. On ne peut pas pleurer un héros qui a soutenu les bourreaux. Je fais demi-tour. Je l'enterrerai dans un coin de ma tête. 

Il y a des quartiers mal famés qui vous renvoient dans votre passé et où il est préférable de ne pas traîner. On croit qu'on oublie parce qu'on n'y pense pas mais il ne demande qu'à revenir. J'évitais Montparnasse. Il y avait là des fantômes dont je ne savais pas quoi faire. J'en voyais un devant moi dans la contre-allée du boulevard Raspail. J'ai reconnu son pardessus inimitable en chevrons clairs, façon Humphrey Bogart années cinquante. Il y a des hommes qu'on mesure à leur façon de marcher. Pavel Cibulka, l'orthodoxe, le partisan, le roi du grand écart idéologique et des blagues à deux balles, altier et fière allure, avançait sans se presser. Je l'ai dépassé. Il avait épaissi et ne pouvait plus fermer son manteau. Ses cheveux blancs en bataille lui donnaient un air d'artiste. 

- Pavel. 

Il s'est arrêté, m'a détaillé. Il a cherché dans sa mémoire où il avait vu ce visage. Je devais évoquer une vague réminiscence. Il secoua la tête. Je ne lui rappelais rien. 

- C'est moi... Michel. Tu te souviens? 

Il me scruta, incrédule, toujours méfiant. 

- Michel?... Le petit Michel? 

- Arrête, je suis plus grand que toi. 

- Le petit Michel!... Ça fait combien de temps? 

- La dernière fois qu'on s'est vus, c'était ici, pour Sacha. Ça fait quinze ans. 

On est restés silencieux, embarrassés par nos souvenirs. 

On est tombés dans les bras l'un de l'autre. Il m'a serré fort contre lui. 

- Je ne t'aurais pas reconnu. 

- Toi, tu n'as pas changé. 

- Ne te moque pas de moi. J'ai pris cent kilos. A cause des régimes. 

- Je suis heureux de te revoir. Les autres ne sont pas avec toi? Tu es venu seul? 

- Je vais au boulot, moi. Je ne suis pas retraité. 

Son accent traînant de Bohême s'était fait véhément. On est allés au Select, une brasserie où tout le monde avait l'air de le connaître. A peine étions-nous assis, le serveur lui apportait, sans qu'il ait rien commandé, un café serré avec un pot de lait froid et prenait ma commande. Pavel s'est penché pour attraper la boîte à croissants sur la table voisine et, ravi, en a englouti trois, parlant la bouche pleine avec une infinie distinction. Pavel avait fui la Tchécoslovaquie depuis près de trente ans et vivait en France dans des conditions précaires. Il avait échappé in extremis à la purge qui avait emporté Slansky, l'ancien secrétaire général du parti communiste, et Clementis, son ministre des Affaires étrangères dont il était un proche collaborateur. Ancien ambassadeur en Bulgarie, auteur d'un ouvrage de référence, La Paix de Brest-Litovsk: diplomatie et révolution, dont aucun éditeur parisien ne voulait, Pavel était gardien de nuit dans un hôtel à Saint- Germain-des-Prés où il vivait dans une petite chambre au dernier étage. Il espérait retrouver son frère aîné qui avait gagné les Etats-Unis à la fin de la guerre et attendait un visa qui lui était refusé à cause de son passé. 

- Ils ne me donneront pas mon visa. Je ne reverrai pas mon frère. 

- Je connais un attaché à l'ambassade. Je peux lui en parler. 

- Ne te casse pas la tête. J'ai un dossier aussi gros que moi. Il paraît que je suis un des fondateurs du Parti communiste tchécoslovaque. 

- C'est vrai? 

Il a haussé les épaules, fataliste. 

- Quand tu étais étudiant à Prague dans les années trente, l'alternative était claire. Tu étais soit pour les exploiteurs, soit pour les exploités. Je n'ai pas choisi mon camp. Je suis né dedans. J'étais jeune, convaincu qu'on avait raison, qu'il n'y avait pas d'autre solution pour notre pays. C'est vrai: j'ai été un responsable du Parti. J'avais un diplôme en droit. Je croyais que l'éducation des masses et l'électricité allaient accoucher d'un homme nouveau. On ne pouvait pas imaginer que le communisme allait nous broyer. Le capitalisme, on en était sûr. Pendant la guerre, c'était évident. Tu étais soit pour les communistes, soit pour les fascistes. Ceux qui n'avaient pas d'opinion, tant pis pour eux. On avançait avec enthousiasme. Je ne me suis pas posé la question. Après la libération, rien ne s'est passé comme on l'espérait. Aujourd'hui, que mes amis aient été pendus, que ma famille ait été tourmentée jusqu'à ce qu'elle me renie, ils s'en foutent. Ils ne veulent pas d'un vieux coco et j'ai décidé de les emmerder. Chaque année, je dépose une demande de visa. Ils refusent. Ça ne fait rien, je continue. 

- Dis-moi, Pavel, tu n'es plus communiste? 

- Encore et toujours! 

- C'est l'échec total. Ça s'écroule de partout. 

- Le communisme est une belle idée, Michel. Le mot camarade a un sens. Ce sont les hommes qui sont mauvais. Si on leur avait laissé le temps, Dubcek et Svoboda y seraient arrivés. Remarque, la roue est en train de tourner pour moi. 

- Pourquoi? 

- Figure-toi que j'ai écrit à Cyrus Vance, le secrétaire d'Etat de Jimmy Carter. Il m'a répondu. Tu te rends compte? 

De son portefeuille, il sortit avec délicatesse une lettre restée dans son enveloppe d'origine et me la donna à lire. Cyrus Vance répondait à son courrier du 11 janvier 79 en lui disant qu'il le transmettait au service compétent. 

- Qu'en penses-tu? demanda-t-il. 

- C'est une formule type. Il ne s'engage pas beaucoup. 

- En vingt-cinq ans, c'est la première fois qu'ils réagissent. C'est un signe. Cyrus Vance, ce n'est pas un républicain, c'est un démocrate. 

- Avant, tu n'avais pas de réponse? 

- J'étais con, j'écrivais au président des Etats-Unis. Il n'a pas le temps de répondre à ceux qui lui écrivent. C'est Imré qui m'a conseillé d'écrire au secrétaire d'Etat. 

- Tu as peut-être frappé à la bonne porte. S'ils refusent encore, que vas-tu faire? 

- Je ne suis plus tchèque. Je ne suis pas français. Je suis apatride. C'est la pire des situations. Tu n'existes pas. Je garde un petit espoir de revoir mon frère. Lui, il est américain. On se téléphone une fois par an pour se souhaiter une bonne année. Il est contremaître dans le bâtiment. Il a une famille. Il vit bien. Il n'a pas les moyens de venir en Europe. Je ferai une nouvelle demande l'année prochaine. Et la suivante. 

Petit à petit, la brasserie s'était remplie d'une foule venue se reposer après les funérailles. Un groupe se dirigea vers notre table. Une femme voulut investir notre banquette. 

- La place est libre? 

- C'est pris! 

La femme recula, surprise par son ton agressif. Le petit groupe s'éloigna. 

- Non mais je rêve! Tu as vu cette bande de cons qui se déplacent pour ce connard. Ils ont de la merde dans la tête ou quoi? 

- C'était un symbole. 

- Moi, j'irai pisser sur sa tombe. Il ne mérite rien d'autre. Y a pas de quoi être fier. 

- Il ne pouvait pas se renier. 

- Il savait. Depuis Gide et Rousset. Je lui ai raconté pour Slansky et Clementis. Il n'a rien dit. Il savait pour Kravchenko. Il a condamné Kravchenko. Tu expliques ça, toi? Hurler avec la meute. Mépriser les martyrs. Nier la vérité. Ce n'est pas être complice? C'était un salaud. 

Il est resté pensif, le front penché, le visage contracté. 

- Je suis mal placé pour donner des leçons, je ne devrais pas dire ça. 

- Je ne comprends pas. 

- La moindre des choses, c'est d'avoir la reconnaissance du ventre. On survivait avec le pognon qu'ils nous filaient. Sans eux, on n'y serait pas arrivés. 

- Qui vous filait du pognon? 

Pavel m'a regardé en coin comme si je faisais l'imbécile. Il a vu que j'étais sincère. 

- Tous les deux. Kessel et Sartre. Ils nous pistonnaient pour des traductions, des petits boulots. Ils connaissaient plein de gens. Ils nous recommandaient à des revues, à des directeurs de journaux. On faisait des piges. Si on était raides, c'est eux qui payaient le proprio ou les huissiers. Comment on aurait pu s'en sortir? On n'avait pas une thune. On avait tout perdu. S'ils ne nous avaient pas aidés, on aurait fini sous les ponts. Ça a été plus dur quand il est devenu aveugle et qu'il n'est plus sorti de chez lui. Il y a deux ans, ils ont dépanné Vladimir, tu te souviens de lui? 

- Comme si c'était hier. 

- Il a eu des ennuis. 

Ça le démangeait de me raconter. Je revoyais Vladimir Gorenko dans l'arrière-salle du Balto en train de distribuer ses victuailles.

 

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" Banquises"  de Valentine Goby

editions Albin Michel - 2011

(disponible à la bibliothèque de Fécamp)


4ème de couverture

En 1982, Sarah a quitté la France pour Uummannaq au Groenland. La dernière fois que sa famille l’a vue, c’était au moment où, à Roissy, elle est montée dans l’avion qui l’emportait vers la calotte glaciaire. Après, plus rien. Elle a disparu corps et âme. Elle avait vingt-deux ans. Lisa, vingt-sept ans plus tard, part sur les traces de cette sœur disparue. Elle quitte mari et enfants pour parcourir le même trajet qu’elle. Elle arrive dans un Groenland dévasté, habité par une population abandonnée, qui voit se réduire peu à peu son territoire de glace. Cette quête va la mener loin dans son propre cheminement identitaire, depuis l’impossibilité du deuil jusqu’à la construction de soi. Roman sur le temps, roman sur l’attente, roman sur l’urgence et la disparition d’un monde. Roman familial et magnifique évocation d’un Grand Nord en perdition. Valentine Goby signe ici un très beau livre sur la douleur des Hommes. Valentine Goby est née en 1974. Après des études à Sciences Po elle a effectué des séjours humanitaires à Hanoï et Manille. Elle a été lauréate de la fondation Hachette et a reçu divers prix pour ses livres précédents tous publiés chez Gallimard, dont Qui touche à mon corps je le tue en 2008 et Des corps en silence, 2010. Elle publie également pour la jeunesse.

 

EXTRAIT

La mère n’a jamais changé de coiffure, ses cheveux tombent sur ses épaules, mais elle a fait une couleur hier, à cause des cheveux blancs. Un brushing ? Elle répond non, elle n’a jamais eu de brushing. Il pourrait parler à sa place, le père, il pourrait dire les mots qui cognent dans la tête de cette femme, il sent les vibrations de ses terminaisons nerveuses, devine le rythme de son cœur, il fait le compte, quarante-deux ans qu’ils se connaissent, il pense se connaissent plutôt que s’aiment non par manque d’amour, non parce qu’il doute, mais parce que à ce point de la vie ce n’est plus la question, l’amour, il est en elle, elle est en lui, distincts et soudés, bouturés, et ce qu’ils forment pourrait s’appeler chimère, du nom de ces organismes greffés l’un à l’autre, poire et coing, orange et mandarine, qui donnent un même plant mais conservent chacun leur patrimoine génétique. Mêmes, et différents. Présentation du livre avec Valentine Goby

 

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"Retour à Reims" de Didier Eribon

Editions Flammarion - Collection champs essais

 

4ème de couverture

Didier Eribon Retour à Reims Après la mort de son père, Didier Eribon retourne à Reims, sa ville natale, et retrouve son milieu d'origine, avec lequel il avait plus ou moins rompu trente ans auparavant. Il décide alors de se plonger dans son passé et de retracer l'histoire de sa famille. Évoquant le monde ouvrier de son enfance, restituant son ascension sociale, il mêle a chaque étape de ce récit intime et bouleversant les éléments d'une réflexion sur les classes, le système scolaire, la fabrication des identités, la sexualité, la politique, le vote, la démocratie... Réinscrivant ainsi les trajectoires individuelles dans les déterminismes collectifs, Didier Eribon s'interroge sur la multiplicité des formes de la domination et donc de la résistance. Un grand livre de sociologie et de théorie critique.

 

« Difficile de rendre compte de toute la réflexion et de toute l'émotion que suscite la lecture du livre .» Annie Ernaux

 

EXTRAIT ( source L'EXPRESS)

 

Longtemps, ce ne fut pour moi qu'un nom. Mes parents s'étaient installés dans ce village à une époque où je n'allais plus les voir. De temps à autre, au cours de mes voyages à l'étranger, je leur envoyais une carte pos tale, ultime effort pour maintenir un lien que je souhaitais le plus ténu possible. En écrivant l'adresse, je me demandais à quoi ressemblait l'endroit où ils habitaient. Je ne poussais jamais plus loin la curiosité. Lorsque je lui parlais au télé phone, une fois ou deux par trimestre, souvent moins, ma mère me demandait : "Quand viens- tu nous voir ?" J'éludais, prétextant que j'étais très occupé, et lui promettais de venir bientôt. Mais je n'en avais pas l'intention. J'avais fui ma famille et n'éprouvais aucune envie de la retrouver. 

Je n'ai donc connu Muizon que tout récemment. C'était conforme à l'idée que j'en avais conçu : un exemple caricatural de "rurbanisation", un de ces espaces semi- urbains en plein milieu des champs, dont on ne sait plus très bien s'ils appartiennent encore à la campagne ou s'ils sont devenus, au fil des ans, ce qu'il convient d'appeler une banlieue. Au début des années 1950, ai- je appris depuis lors, le nombre d'habitants ne dépassait pas la cinquantaine, regroupés autour d'une église dont certains éléments subsistent du xiie siècle, mal gré les guerres qui dévastèrent, par vagues toujours recommencées, le nord- est de la France, cette région au "statut particulier", selon les mots de Claude Simon, où les noms de villes et de villages semblent synonymes de "batailles" et de "camps retranchés", de "sourdes canonnades" et de "vastes cimetières". Aujourd'hui, ils sont plus de deux mille à y vivre, entre, d'un côté, la Route du cham pagne qui commence à sinuer non loin de là dans un paysage de coteaux cou verts de vignes et, de l'autre, une zone industrielle plu tôt sinistre, dans les faubourgs de Reims, que l'on rejoint après 15 ou 20 minutes de voiture. Des rues ont été créées, le long desquelles s'alignent des maisons semblables les unes aux autres et accolées deux par deux. Ce sont, pour la plu part, des logements sociaux : leurs locataires ne sont pas des gens riches, loin s'en faut.  

Pendant près de vingt ans, mes parents vécurent là sans que je me décide à faire le déplacement. Je ne vins dans cette bourgade ? comment désigner un tel endroit ? -et dans leur mai son nette qu'après que mon père l'eut quittée pour être installé par ma mère dans une clinique accueillant des per sonnes frappées par la maladie d'Alzheimer, d'où il n'allait plus sortir. Elle avait retardé ce moment le plus long temps possible, mais, épuisée et effrayée par ses soudains accès de violence ? un jour, il avait pris un couteau de cuisine et s'était précipité sur elle ?, elle avait fi ni par se rendre à l'évidence : il n'y avait pas d'autre solution. Dès qu'il fut absent, il me devint possible d'entre prendre ce voyage ou plutôt ce processus de retour auquel je n'avais pu me résoudre auparavant. De retrouver cette "contrée de moi- même", comme aurait dit Genet, d'où j'avais tant cherché à m'évader : un espace social que j'avais mis à dis tance, un espace mental contre lequel je m'étais construit, mais qui n'en constituait pas moins une part essentielle de mon être. Je vins voir ma mère. Ce fut le début d'une réconciliation avec elle. Ou, plus exactement, d'une réconciliation avec moi- même, avec toute une part de moi- même que j'avais refusée, rejetée, reniée. 

Ma mère me parla beaucoup au cours des quelques visites que je lui rendis dans les mois qui sui virent. D'elle, de son enfance, de son adolescence, de son existence de femme mariée... Elle me parla de mon père aussi, de leur rencontre, de leur relation, des existences qu'ils avaient menées, de la dureté des métiers qu'ils avaient exercés. Elle voulait tout me dire et son verbe s'emballait, intarissable. C'était comme si elle avait eu à coeur de rattraper le temps perdu, de gommer d'un coup la tristesse qu'avaient représentée pour elle les conversations que nous n'avions pas eues. Je l'écoutais, en buvant du café, assis en face d'elle. Avec attention quand elle se racontait elle- même ; avec lassitude et ennui quand elle me détaillait les faits et gestes de ses petits- enfants, mes neveux, que je n'avais jamais vus et auxquels je ne m'intéressais guère. Un lien se recréait entre nous. Quelque chose se réparait en moi. 

 

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photo©Voyelle

 

"La terre des mensonges" et "La ferme des Neshov"

de Anne.B. Radge - Editions 10/18 - 2011

traduit du norvégien par Jean Renaud


 "La terre des mensonges" T1

«Un registre de condoléances était ouvert, un stylo posé en travers de la première page. Une photo encadrée de la défunte la montrait en blouson sur une plage de galets, tenant à la main une racine d'arbre grise qui avait l'air d'un cygne.»

Après la mort de leur mère, trois frères que tout sépare se retrouvent dans la ferme familiale. Tor,
l'aîné, se consacre à l'élevage de porcs, Margido dirige une entreprise de pompes funèbres et Erlend est décorateur de vitrines à Copenhague. Les retrouvailles s'annoncent mouvementées : la tension atteint son paroxysme lorsque la question de l'héritage amène le père de famille à révéler un terrible secret.   Les premières pages 

 

"La ferme des Neshov" T2

Après l'enterrement de leur mère, les frères Neshov pensaient reprendre le cours de leur vie. Mais tout a changé : Erlend est confronté au désir d'enfant de son compagnon, Margido à sa solitude et Tor, l'aîné, vit mal son quotidien à la ferme, auprès du « père »...À leur insu, le drame couve et pour chacun d'eux, l'heure des choix a sonné.

 

EXTRAIT (p.21)

  Une heure plus tard, la petite voiture de location était pleine à craquer. C'était une Golf, Krumme l'avait louée à l'aéroport de Vaernes et ils allaient la rendre au même endroit. Torunn rentra en trombe dans le petit salon voir le grand-père, après avoir enfilé manteau et bottines. Elle voulait donner l'impression qu'ils étaient pressés maintenant. Elle avait longtemps retardé le moment de dire au revoir, fait comme si c'était une simple tasse de café qu'ils avaient bue, en dépit des allées et venues fébriles d'Erlend entre le premier étage et la voiture dans la cour, pour descendre toutes sortes de choses qu'il voulait emporter à la dernière minute.

Le grand-père était assis devant une tasse sans soucoupe, des miettes sur la table et sur les genoux – elle lui avait donné une part de gâteau fourré aux amandes. Il portait son dentier, en haut comme en bas, la télé était éteinte, elle jeta un rapide coup d'œil aux plantes vertes sur le rebord de la fenêtre, celles qu'Erlend avait achetées, et fut intimement persuadée qu'elles seraient crevées d'ici quinze jours. Ou bien complètement desséchées, ou bien trop arrosées. Elle était également persuadée qu'il ne se raserait pas avant longtemps. Ni ne changerait de caleçon. Comment vont-ils se débrouiller ? se demanda-t-elle. Et moi qui m'en vais. Mais elle pensa aussitôt qu'Erlend aussi s'en allait, et il était quand même plus proche d'eux, pour autant qu'on puisse établir une telle hiérarchie. Erlend était le frère cadet, elle était la fille : qui des deux devait avoir davantage mauvaise conscience ? Mais Margido habitait de l'autre côté de la colline, à lui maintenant de venir en aide à sa famille à Neshov ! Il y serait obligé, en tant que frère. La question était de savoir comment il pourrait s'y prendre et si Tor le laisserait faire, alors qu'il s'était tenu à l'écart de la ferme pendant sept ans.

- C'est le départ ? Demanda le grand-père.

- Oui.

Elle se pencha et appuya sa joue contre la sienne. Ça piquait. Il sentait le vieillard, les vieux habit, le renfermé, le gâteau aux amandes et le café. Elle l'embrassait pour la première fois, il parvint à lever le bras assez haut pour lui toucher la joue.

- Au revoir, murmura-t-elle.

Qu'aurait-elle pu lui dire d'autres ? Rien qu'elle puisse promettre.

- Porte-toi bien !


 Anne B. Ragde, née en 1957, a fait ses débuts en littérature en 1986 avec le livre pour la jeunesse Hallo! Her er jo! Depuis, elle a écrit plusieurs livres pour la jeunesse, dont une biographie de Sigrid Undset pour laquelle elle a reçu le Prix Brage. Son premier roman pour adulte En tiger for en engel a été publié en 1990. D’autres romans ont suivis, tout comme des polars et des recueils de nouvelles. La Terre des mensonges (dont le titre original est Berlinerpoplene), paru en 2004 a été traduit dans plus de vingt langues et a obtenu le obtenu les prix littéraires Riksmål et Booksellers' prize. La Ferme des Neshov a reçu le Prix des libraires et prix des lecteurs en Norvège.

 

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"La délicatesse" de David Foenkinos

Editions Folio - 2011

 

4ème de couverture

François pensa : si elle commande un déca, je me lève et je m’en vais. C’est la boisson la moins conviviale qui soit. Un thé, ce n’est guère mieux. On sent qu’on va passer des dimanches après-midi à regarder la télévision. Ou pire : chez les beaux-parents. Finalement, il se dit qu’un jus ça serait bien. Oui, un jus, c’est sympathique. C’est convivial et pas trop agressif. On sent la fille douce et équilibrée. Mais quel jus ? Mieux vaut esquiver les grands classiques : évitons la pomme ou l’orange, trop vu. Il faut être un tout petit peu original, sans être toutefois excentrique. La papaye ou la goyave, ça fait peur. Le jus d’abricot, ça serait parfait. Si elle choisit ça, je l’épouse…
– Je vais prendre un jus… Un jus d’abricot, je crois, répondit Nathalie.
Il la regarda comme si elle était une effraction de la réalité. »
La délicatesse a obtenu dix prix littéraires et a été traduit dans plus de quinze langues.

 

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Adaptation au cinéma (décembre 2011) par l'auteur. Avec : Audrey Tautou, François damiens, Bruno Todeschini

 

9782221112526

"Mademoiselle des palissades" T1 de Martine Marie Muller

Editions Robert Laffont - 2010

 

Résumé de l'éditeur

La figure tragique du jeune Noël de Miromesnil hantera longtemps les lecteurs de Mademoiselle des palissages - premier volet de La Trilogie des servantes de Martine Marie Muller.

Patriarche hautain et cassant, craint et révéré de tous au château, le marquis de Miromesnil est un aristocrate normand à l'esprit volontiers conservateur, qui se montre moins intéressé par la conduite des destinées humaines que par sa vigne - la Viévigne -, à laquelle il consacre le plus clair de son temps. Etrange et funeste lien que celui qui unit si inextricablement le vieil homme à sa terre plutôt qu'aux siens. Ne prétend-on pas, d'ailleurs, que : « Le vin, c'est le désordre » ?...
Noël est le petit dernier des Miromesnil - le ravisé, comme on a coutume d'appeler l'enfant non désiré, advenu sur le tard. Solitaire et mélancolique, le jeune homme éprouve une aversion profonde pour la passion exclusive et dévorante de son marquis de père. Au point qu'un jour, il en vient à souhaiter publiquement que quelque cataclysme les délivre de la tyrannie de la vigne. Peu de temps plus tard, l'hiver 1684, la malédiction prédite par le fils maudit se produit : un froid polaire s'abat durant plusieurs mois sur la Normandie ; la Viévigne ne s'en relèvera jamais.
Si le père et son fils ne sont plus là pour conter la tragédie qui s'ensuivit, la servante des Miromesnil, témoin privilégié et héroïne à part entière du drame, se souvient... « Mademoiselle des palissages », comme l'avait surnommée le marquis pour son habileté à soigner la vigne, rend le plus vibrant des hommages à l'enfant réprouvé du château, dont elle était secrètement éprise. Avec Mademoiselle des palissages, roman historique au récit haletant, Martine Marie Muller inaugure de brillante manière sa Trilogie des servantes.
 EXTRAIT EN PDF


D'origine alsacienne et béarnaise, Martine Marie Muller est professeur de lettres dans un lycée de la région parisienne. Elle a notamment publié, aux Éditions Robert Laffont, Terre-Mégère, La Porte, L'Homme de la frontière, Quai des Amériques, Les Enfants de l'Arche, La Belle Camarade, ainsi que les deux premiers volets de « La trilogie des servantes » - Mademoiselle des palissages et La Servante de Monsieur Vincent - parus l'année dernière.

 


 


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17 décembre 2011 6 17 /12 /décembre /2011 17:45

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"C'était l'âge d'or de Fécamp" de Laure Banse

 

Résumé

"C’était l’âge d’or de Fécamp" rassemble les souvenirs de jeunesse de Victor Banse, né en 1902 à Fécamp. C’est un témoignage direct, unique sur la vie quotidienne au début du XXème siècle dans la cité des terre-neuvas.
Ce livre a trouvé deux sources pour se construire. Tout d’abord les notes que Victor Banse a écrites au moment où il s’est arrêté de travailler à l’imprimerie en 1982 complétées par la lecture des journaux de l’époque lors de ses nombreuses visites à la Bibliothèque du fond ancien. D’autre part, les discussions avec sa petite fille par alliance, Laure Banse, qui, fascinée par ce que lui racontait Victor, a décidé après dix ans de gestation de réunir l’ensemble de ses souvenirs. Le plan du livre, chronologique, part de son enfance et va jusqu’à son entrée dans l’âge adulte vers 1922. De nombreuses photos issues du fond familial mais aussi de collectionneurs privés ainsi que quelques cartes postales illustrent les propos de Victor.

 

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"Juste avant" de Fanny Saintenoy

Editions Flammarion - 2011

 

4ème de couverture

Voici un texte qui alterne poésie douce et drôlerie franche.
Par la voix d'une très vieille dame sur son lit de mort, et par celle de son arrière-petitefille, une jeune femme que la vie moderne bouscule, cinq générations parlent. Face aux duretés de la vie, face à la mort qui sème la zizanie, leurs histoires transmettent une gaieté indéfectible.
Un premier roman, un récit court qui traverse le siècle, réussite rare de vigueur et de simplicité.

 

« Chère Fanny,
C'est un beau et juste texte, et d'une gaieté étrange, qui tient, je crois, à la façon dont vous rendez le
bonheur d'être chez quelqu'un qui n'a pas été gâté en bonheur de vivre. »

Daniel Pennac

 

EXTRAIT

Bizarrement, c'est le retour qui a été très difficile, après la folie de la Libération. Le jour où de Gaulle a descendu les Champs-Élysées, on aurait dit que la France entière était là, de chaque côté du trottoir. On s'était mises sur notre trente et un avec ma fille. J'avais fait une folie pour l'occasion, je m'étais payé un beau chapeau, avec une plume sur le côté, très chic. Y avait des sacrées bousculades, d'une main je tenais fort ma fille, de l'autre mon chapeau, mais ma plume est tombée et ça m'a fait du souci toute la journée. L'histoire des grands jours envolée par la légèreté de ma plume, une si petite chose.

 

C'était beau cette euphorie générale mais il fallait reprendre sa vie. Paris avait des airs de ville en fête, et pourtant les gens n'étaient plus comme avant ; ça se voyait sur les visages. On apprenait, jour après jour, tout ce qui s'était passé, tout ce qu'on n'aurait jamais voulu savoir. J'ai essayé de retrouver mon mari. Un type m'a dit qu'il était à Buchenwald avec Louis, que mon mari faisait toujours le pitre, qu'il racontait toujours autant de bêtises. Ça m'a rassurée, je me suis dit qu'ils avaient pas réussi à le pourrir. Un autre m'a raconté qu'il était vivant le jour de la libération du camp, par les Russes, paraît-il. Un jour j'ai cru le reconnaître, un monsieur qui lui ressemblait. Je me suis rendu compte que j'avais presque oublié son visage.

 

Vidéo de présentation chez l'éditeur.

 

 

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photo©Voyelle

 

"Un peu de respect j'suis ta mère" de Hernan Casciari

Editions Calmann-Levy - 2009

Traduit de l'espagnol ( Argentine) par Alexandra Carrasco

 

Résumé de l'éditeur

Peut-on avoir des orgasmes quand son mari, au chômage, passe son temps devant le foot à la télévision ? Peut-on paisiblement entrer dans le troisième âge lorsque son beau-père de quatre-vingts ans se retrouve en prison pour détention de marijuana ? Et peut-on dormir tranquille lorsque son fils aîné est tantôt gai, tantôt pas ?

Mirta Bertotti n’a vraiment pas la vie facile. C’est à Mercedes, dans la proche banlieue de Buenos Aires, que vit cette famille complètement allumée, mais qui pourrait bien habiter sur le même palier que vous. Pour ne pas devenir folle, Mirta a décidé de créer son blog, dans lequel elle pourra partager sa vie de dingue avec des milliers d’internautes. Ces chroniques, tendres et désopilantes, évoquent à la fois l’univers des Simpsons et de South Park

Un peu de respect, j’suis ta mère ! vient d’être adapté pour le théâtre (2009) et le sera au cinéma en 2010, avec l’actrice Carmen Maura dans le rôle de Mirta Bertotti. Ce blogonovela ["blog-roman"] a été élu meilleur du monde en 2004 par la radiotélévision publique internationale allemande Deutsche Welle.

 

Extrait
Cet après midi, j'ai enfin pu coincer Sofi toute seule dans la maison et j'en ai profité pour lui demander des comptes sur la culotte à dentelle que j'ai trouvée (je n'avais pas perdu de vue ce mystère).
Je lui dis :
- Oublie que je suis ta mère, aujourd'hui je suis ton amie. Tu couches avec un garçon pas vrai ?
Non, enfin oui, mais machin et patin couffin, et la garce fini par cracher le morceau. Elle couchait pas vraiment, mais elle avait eu des attouchements avec un certain Manija, le fils du boucher.
J'ai pris une bouffée d'air :
- Merci d'être aussi sincère, Sofi... Et maintenant, oublie une seconde que je suis ton amie, lui ai-je dit en lui filant une torgnole qui l'a collée au frigo.
C'était il y a deux heures et j'ai encore mal à la main. De qui elle tient ça, d'être une traînée ?

 

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"Séquestrée" de Chevy Stevens

Editions L'Archipel -2011

 

Résumé de l'éditeur

« Un suspense psychologique d'une noirceur extrême, dense et suffocant, qui repousse les limites du genre. » Kirkus

« Lorsqu'un psychopathe joue au jeu du chat et de la souris avec sa victime. Un thriller d'une force inouïe. » Lisa Gardner

Annie O'Sullivan, 32 ans, est agent immobilier sur l'île de Vancouver. Par un beau dimanche ensoleillé d'août, alors qu'elle fait visiter une maison à un potentiel acquéreur, ce dernier lui plante le canon d'un revolver dans le dos et l'oblige à monter dans sa camionnette...
Quand Annie se réveille, elle est prisonnière dans une cabane isolée en pleine forêt. C'est le début d'un enfer qui durera plus d'un an : douze mois où le Monstre - comme Annie le surnomme - fera d'elle sa chose. Torture psychologique, abus sexuels... : tout y passera, jusqu'à ce que la jeune femme parvienne enfin à s'échapper.
Pourtant, le plus dur commence pour Annie, qui doit à présent surmonter son traumatisme, réapprendre à vivre normalement sans plus dormir enfermée dans un placard, seul lieu où elle se sent en sécurité, et, surtout, accepter l'effroyable vérité : elle connaît le commanditaire de son enlèvement...

 

Les premières pages

 

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"Désolations" de David Vann

Editions Gallmeister - 2011

Traduit de l'américain par Laura Derajinski

 

4ème de couverture

Sur les rives d’un lac glaciaire au cœur de la péninsule de Kenai, en Alaska, Irene et Gary ont construit leur vie, élevé deux enfants aujourd’hui adultes. Mais après trente années d’une vie sans éclat, Gary est déterminé à bâtir sur un îlot désolé la cabane dont il a toujours rêvé. Irene se résout à l’accompagner en dépit des inexplicables maux de tête qui l’assaillent et ne lui laissent aucun répit. Entraînée malgré elle dans l’obsession de son mari, elle le voit peu à peu s’enliser dans ce projet démesuré. Leur fille Rhoda, tout à ses propres rêves de vie de famille, devient le témoin du face-à-face de ses parents, tandis que s’annonce un hiver précoce et violent qui rendra l’îlot encore plus inaccessible.

Après Sukkwan Island, couronné par le Prix Médicis 2010, le second roman de David Vann est une œuvre magistrale sur l’amour et la solitude. Désolations confirme le talent infini de son auteur à explorer les faiblesses et les vérités de l’âme humaine. Site de l'auteur

 

Les premières pages

 

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"Le mec de la tombe d'à côté" de Katarina Mazetti

Editions Actes Sud - Collection Poche Babel - 2009

 

4ème de couverture

Désirée se rend régulièrement sur la tombe de son mari, qui a eu le mauvais goût de mourir trop jeune. Bibliothécaire et citadine, elle vit dans un appartement tout blanc, très tendance, rempli de livres. Au cimetière, elle croise souvent le mec de la tombe d’à côté, dont l’apparence l’agace autant que le tape-à-l’oeil de la stèle qu’il fleurit assidûment. Depuis le décès de sa mère, Benny vit seul à la ferme familiale avec ses vingt-quatre vaches laitières. Il s’en sort comme il peut, avec son bon sens paysan et une sacrée dose d’autodérision. Chaque fois qu’il la rencontre, il est exaspéré par sa voisine de cimetière, son bonnet de feutre et son petit carnet de poésie. Un jour pourtant, un sourire éclate simultanément sur leurs lèvres et ils en restent tous deux éblouis… C’est le début d’une passion dévorante. C’est avec un romantisme ébouriffant et un humour décapant que ce roman d’amour tendre et débridé pose la très sérieuse question du choc des cultures.


Née en 1944, Katarina Mazetti est journaliste à la radio suédoise. Auteur de livres pour la jeunesse et de romans pour adultes, elle a rencontré un succès phénoménal avec Le Mec de la tombe d’à côté, traduit en de nombreuses langues. Son oeuvre est publiée en France par les éditions Gaïa.

 

Les premières pages 

 

 

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"L'indésirable" de Sarah Waters

Editions Poche 10/18 - 2011

Traduit de l'Anglais par Alain Defossé

 

4ème de couverture

Depuis la Seconde Guerre mondiale, la demeure d'Hundreds Hall n'est plus que l'ombre d'elle-même : loin de sa splendeur passée, d'étranges événements se succèdent et distillent entre les murs un vent de terreur. Faraday, médecin de campagne, assiste la famille Ayres qui s'efforce de cacher la débâcle. À moins que le coeur du manoir ne soit rongé par un lugubre secret...

« Il semblerait qu'avec cette romancière particulièrement douée, les derniers vestiges du gothique aient fini par s'écrouler. »
François Rivière, Le Figaro littéraire

 

Née en 1966 au pays de Galles, Sarah Waters a été libraire, puis enseignante. Dès son premier roman, Caresser le velours, qui a été adapté à la télévision par la BBC, elle devient l'égérie des milieux gays. Avec son deuxième roman, Affinités, elle obtient le prix du Jeune Écrivain de l'année 2000 délivré par le Sunday Times. La publication de son troisième roman, Du bout des doigts, qui a remporté le Somerset Maugham Prize, marque sa consécration. Élue « auteur de l'année » par le Sunday Times, elle reçoit en 2003 le prix des Libraires et le British Book Awards, et figure sur la liste des « vingt meilleurs jeunes romanciers anglais » établie par la revue Granta. Sarah Waters vit aujourd'hui à Londres. L'Indésirable est son dernier roman paru.

 

EXTRAIT

J'avais dix ans quand je vis Hundreds Hall pour la première fois. C'était l'été qui suivit la guerre, les Ayres possédaient encore presque tout leur argent et demeuraient des gens importants dans la région. Nous fêtions l'Empire Day : je me tenais aligné avec d'autres enfants du village, figé dans le salut du boy-scout, tandis que Mrs Ayres et le colonel passaient devant nous, distribuant à chacun une médaille commémorative ; après quoi nous nous installâmes avec nos parents pour prendre le thé, assis à de longues tables dressées sur ce qui était, je suppose, la pelouse sud. Mrs Ayres devait avoir vingt-quatre ou vingt-cinq ans, son époux quelques années de plus ; leur petite fille, Susan, environ six ans. J'imagine qu'ils formaient une famille ravissante, mais mon souvenir est incertain. Je me souviens beaucoup mieux de la maison elle-même, qui m'apparut comme un véritable manoir. Je revois les détails architecturaux portant la trace du temps : la brique rouge patinée, les vitres inégales des fenêtres, les pierres d'angle de grès usé. Ils concouraient à rendre le bâtiment presque flou, vaguement irréel - comme une glace qui commence à fondre au soleil, me dis-je.

         Bien sûr, on ne pénétrait pas à l'intérieur. Les portes et portes-fenêtres étaient ouvertes, mais chacune barrée par une corde ou un ruban ; les toilettes destinées à notre usage étaient celles des domestiques et des jardiniers, dans la dépendance abritant les étables. Toutefois, ma mère avait conservé des amies parmi les servantes et, une fois le thé pris et les gens libres de se promener à leur guise dans le parc, elle me conduisit discrètement à l'intérieur de la maison par une porte latérale, et nous y passâmes un moment avec la cuisinière et ses aides. Cette visite m'impressionna terriblement. La cuisine se trouvait en sous-sol, et l'on y accédait par un couloir voûté, frais, qui n'était pas sans évoquer les châteaux à oubliettes. Un nombre extraordinaire de gens semblaient sans cesse aller et venir, chargés de plateaux et de paniers d'osier. Les filles de cuisine avaient une telle quantité de vaisselle à laver que ma mère roula ses manches pour les aider ; et à ma plus grande joie, je fus autorisé, en remerciement de son geste, à piocher à mon gré dans les saladiers de gelée et autres gâteaux revenus intacts de la fête au-dehors. On m'installa à une table de sapin et on me mit dans la main une cuiller tirée du tiroir personnel de la famille - une lourde cuiller d'argent terni, presque plus grande que ma bouche.

 

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"Limonov" d'Emmanuel Carrère

Editions P.O.L - 2011

 

4ème de couverture

«Limonov n’est pas un personnage de fiction. Il existe. Je le connais. Il a été voyou en Ukraine ; idole de l’underground soviétique sous Brejnev ; clochard, puis valet de chambre d’un milliardaire à Manhattan ; écrivain branché à Paris ; soldat perdu dans les guerres des Balkans ; et maintenant, dans l’immense bordel de l’après-communisme en Russie, vieux chef charismatique d’un parti de jeunes desperados. Lui-même se voit comme un héros, on peut le considérer comme un salaud : je suspends pour ma part mon jugement.

C’est une vie dangereuse, ambiguë : un vrai roman d’aventures. C’est aussi, je crois, une vie qui raconte quelque chose. Pas seulement sur lui, Limonov, pas seulement sur la Russie, mais sur notre histoire à tous depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. » E.C.

 

Les premières pages

 

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"La femme au miroir" d'Eric-Emmanuel SCHMITT

Editions Albin Michel - 2011

 

4ème de couverture

Anne vit à Bruges au temps de la Renaissance, Hanna dans la Vienne impériale de Sigmund Freud, Anny à Hollywood de nos jours. Toutes trois se sentent différentes de leurs contemporaines ; refusant le rôle que leur imposent les hommes, elles cherchent à se rendre maîtresses de leur destin. Trois époques. Trois femmes : et si c'était la même ?

 

EXTRAIT

 

Je me sens différente, murmura-t-elle. 

Personne ne prêtait attention à ses mots. Tandis que les matrones s'agitaient autour d'elle, celle-ci arrangeant un voile, celle-là une tresse, cette autre un ruban, alors que la mercière raccourcissait son jupon et que la veuve de l'arpenteur lui enfilait des chaussons brodés, la jeune fille immobile avait l'impression de devenir un objet, un objet passionnant certes, assez affriolant pour mobiliser la vigilance des voisines, un simple objet cependant. 

Anne contempla le rayon de soleil qui, jailli de la fenêtre trapue, traversait la pièce en oblique. Elle sourit. La mansarde, dont ce jet d'or trouait la pénombre, ressemblait à un sous-bois surpris par l'aube, où les paniers de linge remplaçaient les fougères, les femmes les biches. Malgré les bavardages incessants, Anne écoutait le silence voler dans la chambre, un silence étrange, paisible, touffu, lequel venait de loin et délivrait un message sous les jacasseries des commères. 

Anne tourna la tête en espérant qu'une des bourgeoises l'avait entendue mais elle n'attrapa aucun regard ; condamnée à subir leurs obsessions décoratives, elle douta d'avoir bien prononcé cette phrase : "Je me sens différente." 

Que pouvait-elle ajouter ? Elle allait se marier tout à l'heure, pourtant, depuis son éveil, elle n'était sensible qu'au printemps qui déboutonnait les fleurs. La nature l'attirait davantage que son fiancé. Anne devinait que le bonheur se cachait dehors, derrière un arbre, tel un lapin ; elle voyait le bout de son nez, elle percevait sa présence, son invite, son impatience... En ses membres, elle éprouvait une démangeaison de courir, de rouler dans l'herbe, d'embrasser les troncs, d'inspirer à pleine poitrine l'air poudré de pollen. Pour elle, l'événement du moment, c'était le jour lui-même, frais, éblouissant, généreux, non ses épousailles. Ce qui lui arrivait - s'unir à Philippe - s'avérait dérisoire par rapport à cette splendeur, avril qui affermit champs et forêts, la force nouvelle qui épanouit coucous, primevères, chardons bleus. Elle désirait fuir ce réduit où se déroulait la préparation nuptiale, s'arracher aux mains qui la rendaient plus jolie et se jeter nue dans la rivière si proche. 

A l'opposé de la croisée, le faisceau de lumière avait accroché en ombre la dentelle du rideau sur la chaux inégale. Anne n'oserait jamais troubler ce fascinant rayon. Non, lui annoncerait-on que la maison brûlait, elle resterait figée sur ce tabouret. 

Elle frémit. 

- Que dis-tu ? demanda sa cousine Ida. 

- Rien. 

- Tu rêves de lui, c'est ça ? 

Anne baissa le front. 

La future mariée confirmant ses soupçons, Ida éclata d'un rire aigu, farci de pensées lubriques. Ces dernières semaines, elle luttait contre sa jalousie et n'y parvenait qu'en la convertissant en moquerie égrillarde. 

- Anne se croit déjà dans les bras de son Philippe ! proclama-t-elle d'une voix oppressée à la cantonade. La nuit de noces va être chaude. Moi, je ne voudrais pas me trouver à la place de leur matelas ce soir. 

Les femmes grognèrent, les unes pour donner raison à Anne, les autres pour stigmatiser la trivialité d'Ida. 

Soudain la porte s'ouvrit. 

Majestueuses, théâtrales, la tante et la grand-mère d'Anne entrèrent. 

- Tu vas enfin connaître, mon enfant, ce que ton mari verra, clamèrent-elles en choeur. 

Comme si elles dégainaient un poignard des plis de leur robe noire, les veuves sortirent deux boîtes en ivoire ciselé qu'elles entrebâillèrent délicatement : chaque coffret recelait un miroir cerclé d'argent. Un bruissement de surprise accompagna cette révélation, les présentes estimant qu'elles assistaient à un spectacle hors du commun : les miroirs n'appartenant pas à leur vie quotidienne, si, par exception, l'une en possédait un, c'était un miroir d'étain, en métal poli, bombé, offrant des images embuées, bosselées, ternes ; ici, les miroirs de verre reproduisaient la réalité avec des traits nets, des couleurs vives. 

On cria d'admiration. 

Les deux magiciennes reçurent les compliments, les yeux clos, puis, sans tarder, accomplirent leur mission. Tante Godeliève se positionna en face d'Anne, grand-mère Franciska à l'arrière de sa nuque, chacune tenant son instrument à bout de bras à l'instar d'un bouclier. Solennelles, conscientes de leur importance, elles expliquèrent à la jeune fille le mode d'emploi : 

- Dans le miroir de devant, tu apercevras celui de derrière. Ainsi tu pourras te découvrir de dos ou de profil. Aide-nous à nous placer correctement. 

Ida s'approcha, envieuse. 

- Où les avez-vous dénichés ? 

- La comtesse nous les a prêtés. 

Toutes applaudirent l'astuce de l'initiative : seule une dame noble jouissait de pareils trésors car les colporteurs, par peur du chapardage, ne proposaient pas ces articles aux gens du peuple, trop pauvres. 

Anne jeta un oeil à l'intérieur du cadre rond, considéra ses traits intrigués, apprécia les savantes torsades qui pliaient ses cheveux blonds pour élaborer une coiffure raffinée, s'étonna d'avoir un cou si long, des oreilles si menues. Cependant, elle éprouvait une impression bizarre : si elle ne voyait rien de déplaisant dans le miroir, elle n'y voyait rien de familier non plus, elle contemplait une étrangère. Sa figure inversée, de face, de côté ou de dos, pouvait être la sienne autant que celle d'une autre ; elle ne lui ressemblait pas. 

- Es-tu contente ? 

- Oh oui ! Merci. 

C'était à la sollicitude de sa tante qu'Anne avait répondu ; peu vaniteuse, elle avait déjà oublié l'expérience du miroir. 

- Mesures-tu ta chance ? glapit grand-mère Franciska. 

- Que si, protesta Anne, je suis fortunée de vous avoir. 

- Non, je parlais de Philippe. On ne trouve quasi plus d'hommes de nos jours. 

Les voisines opinèrent du bonnet, graves. Rien de plus rare que les mâles à Bruges. La ville n'avait jamais subi une telle pénurie... Les hommes avaient disparu. Que restait-il ? Un gaillard pour deux femelles ? Peut-être même un pour trois. Pauvre Flandre, un phénomène mystérieux l'accablait : la disette de sexes virils. En quelques décennies, la population masculine avait diminué de façon préoccupante dans le nord de l'Europe. Beaucoup de femmes devaient se résoudre à vivre en célibataires ou ensemble en béguinage ; certaines renonçaient à la maternité ; les plus vigoureuses apprenaient des métiers d'Hercule, la ferronnerie ou la menuiserie, afin qu'on ne manquât de rien. 

Percevant un blâme dans le ton de son amie, la mercière la fixa avec sévérité. 

- C'est Dieu qui l'a voulu ! 

Grand-mère Franciska tressaillit, craignant qu'on l'accusât de blasphème. Elle se corrigea : 

- Naturellement que c'est Dieu qui nous a envoyé cette épreuve ! C'est Dieu qui a appelé nos hommes aux croisades. C'est pour Dieu qu'ils meurent en combattant les infidèles. C'est Dieu qui les noie en mer, sur la route, au fond des bois. C'est Dieu qui les tue au travail. C'est Dieu qui les rappelle avant nous. C'est Lui qui nous inflige de croupir sans eux. 

Anne comprit que grand-mère Franciska détestait Dieu ; exprimant plus d'effroi que d'adoration, elle Le décrivait comme un pillard, un bourreau, un assassin. Or il ne semblait pas à Anne que Dieu fût cela, ni qu'Il opérât là où l'aïeule Le voyait intervenir. 

- Toi, ma petite Anne, reprit la veuve, tu auras une vie de femme à l'ancienne : un homme à toi, de nombreux enfants. Tu es bienheureuse. En plus, il n'est pas vilain, ton Philippe... N'est-ce pas, mesdames ? 

Elles acquiescèrent en riant, les unes gênées, les autres émoustillées d'avoir à se prononcer sur ce genre de sujet. Philippe, seize ans, était l'exemple du robuste garçon flamand, solide, long de jambes, étroit de taille, large d'épaules, la peau beige et la toison houblon. 

Tante Godeliève s'écria : 

- Savez-vous que le fiancé est dans la rue, qu'il guette sa promise ? 

- Non ? 

- Il sait que nous la préparons, il bout sur place. De l'eau sur le feu ! Si l'on mourait d'impatience, je crois qu'il serait mort. 

Anne s'approcha de la fenêtre dont on avait ouvert le châssis en papier huilé pour laisser entrer le printemps ; prenant soin de ne pas couper le rayon lumineux, elle se pencha de côté et repéra sur le pavé gras Philippe, la gaîté aux lèvres, qui palabrait avec ses amis venus de Bruges à Saint-André, village où logeait grand-mère Franciska, à une lieue de la grande cité. Oui, vérifiant périodiquement l'ultime étage du logis, il l'attendait, fervent et guilleret. 

Cela lui réchauffa le coeur. Elle ne devait point douter ! 

Anne habitait Bruges depuis un an. Auparavant, elle n'avait connu qu'une ferme isolée, au nord, sous les nuages écrasants, au milieu des terres plates, malodorantes, humides ; elle y avait vécu avec sa tante et ses cousines, son unique famille puisque sa mère était morte en la mettant au monde sans révéler l'identité du père. Tant que son oncle avait dirigé l'exploitation, elle ne s'en était jamais éloignée ; au décès de l'oncle, tante Godeliève avait décidé de regagner Bruges où résidaient ses frères. Non loin, sa mère Franceska coulait ses derniers jours à Saint-André. 

Si, pour Godeliève, Bruges avait représenté un rassurant retour aux sources, pour Anne, Ida, Hadewijch et Bénédicte - ses trois cousines -, cela avait constitué un choc : de campagnardes, elles étaient devenues citadines ; et de filles, jeunes filles. 

Ida, l'aînée, déterminée à vite lier son sort à un homme, avait abordé les rares garçons disponibles avec une fougue et une audace quasi viriles qui l'avaient desservie. Ainsi Philippe, courtisé dans l'échoppe de souliers où il travaillait, après avoir répondu aux saluts d'Ida, entreprit la conquête d'Anne, lui offrit chaque matin une fleur, révélant sans vergogne à Ida qu'elle lui avait servi de marchepied pour atteindre sa cousine. 

Face à cette manoeuvre - somme toute banale -, Ida avait conçu davantage de dépit qu'Anne de fierté. Celle-ci ne portait pas le même regard sur les êtres que ses compagnes : alors que les demoiselles voyaient un éclatant gaillard dans l'apprenti cordonnier, Anne apercevait un enfant qui venait de grandir, haut perché sur ses jambes, surpris par ce nouveau corps qui se cognait aux portes. Il l'apitoyait. Elle décelait en lui ce qu'il tenait d'une fille - ses cheveux, sa bouche tendre, son teint pâle. Sous sa voix basse, timbrée, elle entendait, au détour d'une inflexion, dans l'hésitation de l'émotion, les échos de la voix aiguë du gamin qu'il avait été. Lorsqu'elle allait au marché en sa compagnie, elle contemplait en lui un paysage humain, ondoyant, instable, qui se transformait ; et c'était à cela, surtout, qu'elle s'attachait, elle que passionnait la pousse d'une plante. 

"Veux-tu me rendre heureux ?" Un jour, Philippe lui avait posé cette question. En rougissant, elle avait réagi, prompte, sincère : 

"Oui, bien sûr ! 

- Heureux, heureux ? implora-t-il. 

- Oui. 

- Sois ma femme." 

Cette perspective l'enchanta moins : quoi, lui aussi ? Voilà qu'il raisonnait comme sa cousine, comme les gens qui l'assommaient, qui l'ennuyaient. Pourquoi cette convention ? Spontanément, elle négocia : 

"Ne crois-tu pas que je puisse te rendre heureux sans t'épouser ?" 

Il s'écarta, suspicieux. 

"Es-tu ce genre de fille ? 

- De quoi parles-tu ?" 

Parfois, les garçons montraient des réactions incompréhensibles... Qu'avait-elle dit de scandaleux ? Pourquoi fronçait-il les sourcils en la dévisageant ? 

Après une pause, il sourit, soulagé de constater qu'aucune malice ne se cachait derrière la proposition d'Anne.

Il reprit : 

"Je souhaiterais me marier avec toi. 

- Pourquoi ? 

- Tout homme a besoin d'une femme. 

- Pourquoi moi ? 

- Parce que tu me plais. 

- Pourquoi ? 

- Tu es la plus jolie et... 

- Et ? 

- Tu es la plus jolie ! 

- Alors ? 

- Tu es la plus jolie !" 

Puisqu'elle l'avait sondé sans coquetterie, le compliment n'engendra nulle vanité en elle. De retour chez sa tante, ce soir-là, elle s'interrogea seulement : "Jolie, cela suffit-il ? Lui beau, moi jolie." 

Le lendemain, elle le pria d'éclaircir sa pensée : 

"Pourquoi toi et moi ? 

- Toi et moi, avec nos physiques, nous fabriquerons des enfants magnifiques !" s'exclama-t-il. 

Allons bon, Philippe confirmait ce qu'elle redoutait ! Il tenait un langage d'éleveur, celui du fermier accouplant ses meilleures bêtes afin qu'elles se multiplient. Entre les humains, c'était donc cela, l'amour ? Rien d'autre ? Si elle avait eu une mère pour en discuter... 

Se reproduire ? Voilà ce pour quoi les femmes qui l'entouraient affichaient tant d'impatience. Même l'indomptable Ida ? 

A cette demande en mariage, Anne, songeuse, ne répondit pas. L'ardent Philippe lut un consentement dans cette placidité. 

Avec ivresse, il commença à annoncer leur union, confiant son aubaine à chacun. 

Dans la rue, on félicita Anne, laquelle, surprise, ne démentit pas. Ensuite, ses cousines la congratulèrent, y compris Ida qui se réjouissait que sa séduisante cousine disparût du marché des rivales. Enfin, tante Godeliève battit des mains, jubilante, les paupières débordant de larmes, apaisée d'avoir accompli son devoir - emmener la fille de sa regrettée soeur jusqu'à l'autel. En face de cette âme charitable, pour éviter de la décevoir, Anne, piégée, se contraignit au mutisme. 

Ainsi, faute de déni, le malentendu prit les couleurs d'une vérité : Anne allait épouser Philippe. 

Chaque jour, elle trouvait plus farfelu que ses proches manifestassent un tel enthousiasme. Persuadée qu'un élément essentiel lui échappait, elle laissa Philippe s'enhardir, l'embrasser, la serrer. 

"Tu n'aimeras que moi, rien que moi ! 

- Impossible, Philippe. J'en aime déjà d'autres. 

- Pardon ? 

- Ma tante, mes cousines, grand-mère Franciska. 

- Un garçon ? 

- Non. Mais j'en connais peu, j'ai manqué d'occasions." 

Quand elle lui fournissait ces précisions, il la considérait, méfiant, incrédule ; puis, parce qu'elle soutenait son regard sans ciller, il finissait par éclater de rire. 

"Tu me fais marcher et moi je galope ! Oh, la vilaine qui m'effraie... Quelle rusée ! Tu sais te débrouiller, toi, avec un homme, pour qu'il s'entête, qu'il s'entiche davantage, qu'il ne pense qu'à toi." 

Saisissant mal son raisonnement, elle n'insistait pas, d'autant que, dans cet état de trouble, il se collait à elle, l'oeil brillant, la lèvre frémissante ; or elle prenait plaisir à fondre entre ses bras, elle appréciait sa peau, son odeur, la fermeté de son corps fiévreux ; plaquée contre lui, enivrée, elle éloignait ses doutes. 

Dans la mansarde, une ombre s'étira. La densité de la chambre avait changé. 

 

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"Le chemin de Corinthe" d'Andrzej Kusniewicz

Editions Albin Michel - 1992

Traduit du Polonais par H.A.Clément

 

Romancier et poète polonais, Andrzej Kuśniewicz est né à Sambor, en Galicie orientale. Après avoir voyagé en Autriche, en France, en Italie et en Afrique du Nord, il fait son droit à Cracovie et entre en 1936 dans la carrière diplomatique. Il retrouve l'étranger avec la Tchécoslovaquie, la Hongrie et la France, où la guerre le surprend. Engagé dans la Résistance française, il est arrêté par les Allemands en 1943 et envoyé en camp de concentration. À la Libération, il reprend ses activités de diplomate avant de rentrer définitivement en Pologne en 1950. En 1969, il est admis à la rédaction de la revue littéraire Miesiecznik literacki.

 

en savoir plus et extraits

 


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24 novembre 2011 4 24 /11 /novembre /2011 16:18

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Un instant d'éternité de E.M Forster (nouvelles)

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Résumé

Le 8 avril 1922, après avoir brûlé quantité de ses nouvelles qu'il nommait dédaigneusement " fantaisies " ou " écrits indécents ", E.M.
Forster note dans son journal : " Il ne s'agit pas de repentir moral mais du point de vue artistique, je crains de m'engager dans une impasse. Je n'ai pas écrit ces textes pour m'exprimer mais pour m'exciter... Au début il doit y avoir une quinzaine d'années, j'avais le sentiment que ce genre d'expérience mettait en péril ma carrière de romancier. " Féru de respectabilité, considéré comme un second Kipling, l'auteur de Route des Indes veillait à dissimuler ses frasques et les œuvres qu'elles lui inspiraient contre son gré.
Il utilisait certains de ses textes comme défouloir et gardait pour lui ces instants d'éternité qui paraissent aujourd'hui. Heureuse trahison puisque plusieurs des nouvelles, qui n'avaient pas été publiées du vivant de l'auteur, nous donnent de lui une image de grande liberté, même si celle-ci resta dissimulée. Mais attention, avec Forster rien n'est innocent, surtout lorsque ses descriptions semblent anodines ou se parent du vernis de l'observateur objectif.

   

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"La terre fredonne en si bémol" de Mari Strachan

Editions Nil -2011 

Traduit de l'Anglais (Pays de Galles) par Aline AZOULAY-PACVON


Résumé de l'éditeur

Agée d'une dizaine d'années, Gwenni Morgan grandit dans un petit village du pays de Galles. Friande de romans policiers, elle se pose beaucoup de questions sur sa famille et la petite communauté au sein de laquelle elle évolue. Face aux énigmes et aux secrets du monde adulte, elle décide un jour de lancer son enquête, comme les détectives de ses livres préférés. Ou est donc passé Ifan Evans, ce berger au visage tout rouge dont elle s'est toujours méfiée ? Pourquoi son épouse, la douce Mme Evans, semble-t-elle si mystérieuse et si troublée depuis quelque temps ? Et que veulent dire ses filles, la petite Catrin et sa soeur Angharad, lorsqu'elles répètent que leur père est parti avec un gros chien noir ?
Lorsque le corps d'Ifan Evans est retrouvé, flottant dans le réservoir d'eau, c'est toute la petite communauté qui est soudain en émoi. S'agit-il d'un drame passionnel ou d'un crime commis par Guto, l'idiot du village ? Les langues commencent à se délier. Alwenna, la meilleure amie de Gwenni, bien « trop délurée » aux yeux de tous, semble disposer d'informations cruciales au sujet de sa grand-mère.
Le soir, portée par le murmure de la Terre, Gwenni s'envole de son lit pour parcourir la campagne, et alors certaines réponses se dessinent.

 

Mari Strachan

 À travers le regard fantaisiste d'une enfant un peu précoce, Mari Strachan nous montre combien il est difficile de construire son histoire dans un monde ou tout se sait mais rien ne se dit. Lorsque la vérité éclate enfin au grand jour, les secrets de famille brisent l'harmonie apparente du petit village paisible de l'après-guerre. Mais Gwenni a compris depuis longtemps qu'il faut sortir des sentiers battus pour créer la carte géographique de sa propre vie...

Mari Strachan a toujours été entourée de livres. Elle a été bibliothécaire dans des écoles privées, publiques, des institutions et même des prisons. Elle a également été lectrice, traductrice et éditrice. Elle vit avec son mari la moitié du temps dans une petite maison perchée sur les collines de Ceredigion, à l'ouest du pays de Galles, et l'autre moitié sur une étroite péniche amarrée à un canal de Londres, ou elle a écrit une bonne partie de son premier livre, La Terre fredonne en si bémol.  

 

Les premières lignes  et Voyelle en parle

 

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"Les vaches de Staline" de Sofi Oksanen

Editions Stock 2011 Collection La Cosmopolite

Traduit du finnois par Sébastien Cagnoli

Résumé de l'éditeur

Les « vaches de Staline », c’est ainsi que les Estoniens déportés désignèrent les maigres chèvres qu’ils trouvèrent sur les terres de Sibérie, dans une sorte de pied de nez adressé à la propagande soviétique qui affirmait que ce régime produisait des vaches exceptionnelles. C’est aussi le titre du premier roman de Sofi Oksanen, dont l’héroïne, Anna, est une jeune Finlandaise née dans les années 1970, qui souffre de troubles alimentaires profonds. La mère de celle-ci est estonienne, et afin d’être acceptée, cette femme a tenté d’effacer toute trace de ses origines, et de taire les peurs et les souffrances vécues sous l’ère soviétique. Ne serait-ce pas ce passé qui hante encore le corps de sa fille ? 


Sofi Oksanen fait preuve d’une grande puissance d’évocation quand elle décrit les obsessions de ces deux femmes. Il y a la voix d’Anna qui tente de tout contrôler, son corps, les hommes, et le récit plus distant de la mère qui se souvient de la rencontre avec « le Finlandais », à Tallinn, dans les années 1970, sous un régime de terreur et de surveillance.

 

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"Loup, y est-tu ?" de Janine Boissard

Editions Pocket 2011

Résuméde l'éditeur

Un petit garçon de quatre ans, les cheveux en bataille, sale comme un peigne, roulé en boule sur le paillasson : voilà ce que découvre Manon sur son palier. Avec pour seul indice un dramatique « Sauvez-le ! ». Qui est cet enfant ? Est-il vraiment en danger ? Avant même d'avoir décidé de mener l'enquête, la jeune femme le sent au fond d'elle : cette aventure qui va bouleverser sa vie est une véritable chasse au trésor...

 

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"Toxique" de Françoise Sagan

Editions le livre de Poche - 2011

Résumé de l'éditeur

Lors de son hospitalisation après son accident de voiture de l'été 1957, Françoise Sagan reçut quotidiennement un succédané de la morphine, pendant trois mois. Après ces trois mois, elle dut passer quelques jours dans une clinique de désintoxication. Elle y écrivit ce journal.


EXTRAIT

J'ai dû aller chercher l'infirmière en bas. Je ne suis retrouvée assise sur les marches de l'escalier; effondrée, lui répétant d'une voix que je sentais enfantine qu'il y avait plus de six heures que... En remontant avec elle, j'ai eu le sentiment de ce que pouvait être le sentiment de la déchéance. 

Me voici punie, moi qui ne crois pas aux punitions. Mes frères alcooliques, aimable tribu débonnaire des nuits de Paris, je ne pourrais plus vous suivre, de bar en bar, de voiture en voiture, ou bien à jeun. Et je crains que ça ne marche pas.

J'ai une crampe, j'ai une crampe dans la main droite qui me terrorise. [...] J'ai peur depuis 4 mois. J'ai peur et je suis lasse d'avoir peur.

 

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"Les gens" de Philippe Labro

Editions Gallimard - 2009 

 

"Le sage doit rechercher le point de départ de tout désordre. Où ? Tout commence par le manque d'amour." (Mo-Tzu, philosophe chinois)

 

Résumé de l'éditeur

Trois destins parallèles s'entrecoisent, trois vies dont le seul point commun est le manque d'amour : Maria, une jeune orpheline californienne d'une beauté rare, Caroline, une Parisienne trentenaire, enfin Marcus Marcus, célébrité de la télévision, mégalo et parano. Autour d'eux, vont graviter toutes sortes de gens : la femme de l'ambassadeur américain en France, une intraitable executive woman, un détective privé, une coach sans scrupule, des loups et des agneaux ...

Philippe Labro nous offre, de San Francisco jusqu'aux cercles de pouvoir parision, une ronde étourdissante. Pour dresser de manière drôle, critique et profondément attachante, un portrait captivant de nos contemporains.

 

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"Occupe-toi d'Arletty" de Jean-Pierre de Lucovich

Editions Plon - 2011

 Résumé de l'éditeur

1942. Qui envoie des petits cercueils et des lettres de menaces à Arletty ? La Résistance ? La vedette d'"Hôtel du Nord" vit une histoire d'amour avec un officier allemand, et ne s'en cache pas. Est-ce lui qui est visé ? Appelé à son secours, Jérôme Dracéna, un ancien flic de la Crim' devenu détective privé, va enquêter dans le Paris de l'Occupation et découvrir que les auteurs des menaces ne sont pas ceux qu'il croyait. Des boîtes de Pigalle au Fouquet's en passant par le fameux One Two Two et les cocktails du "gratin" de la collaboration, Jérôme fait des rencontres à haut risque : Henri Lafont, le chef de la Gestapo française de la rue Lauriston à l'amitié encombrante, la belle comtesse Tchernycheff, une aventurière vénéneuse, Lionel de Wiet, faux marquis et vrai trafiquant de haut vol... Armé de son charme insolent et de son goût pour la boxe française, Jérôme Dracéna parviendra-t-il à neutraliser le tueur qui menace Arletty et son officier allemand ? Atmosphère, atmosphère...


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24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 15:08

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"Chimères" de Nuala O'Faolain

Editions Sabine Wespieser - 2003

Récit traduit de l'anglais (Irlande) par Stéphane Camille - Titre original : My Dream of You
Ouvrage traduit avec le soutien de l'Ireland Literature Exchange et du Centre national du livre

 

4ème de couverture

A vingt ans, Kathleen quitte sa terre natale sans se retourner. Croyant se libérer d'une Irlande qui peut briser les femmes et les enterrer vives sous le poids des traditions, elle rejoint Londres pour mener sa vie d'adulte du côté du vainqueur. Jusqu'au jour où, devenue journaliste, elle rentre au pays enquêter sur un scandale qui ne cesse de la fasciner: la liaison entre une aristocrate anglaise et son palefrenier irlandais au temps de la famine. Une passion folle, symbole de la revanche sociale de tout un peuple, qui ne tarde pas à se muer en questionnement sur le désir, l'exil, l'identité, la vérité...


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Biographie de l'auteur
Née en Irlande au début des années quarante, Nuala O'Faolain est désormais un auteur internationalement reconnu. Elle a publié deux récits autobiographiques -On s'est déjà vu quelque part ?, J'y suis presque (Sabine Wespieser, 2005) - et deux romans - Chimères et L'Histoire de Chicago May (Sabine Wespieser, 2006). Nuala O'Faolain partage son temps entre l'Irlande et New York où elle enseigne l'écriture à l'Université.

 

 

EXTRAIT

On peut difficilement imaginer deux personnes moins susceptibles de se rencontrer que l’épouse d’un landlord anglo-irlandais et un garçon d’écurie irlandais. Chacune d’elle venait d’une culture forte au cœur même de laquelle l’autre était définie comme une culture étrangère. Mais ils s’étaient dépouillés de ces deux cultures afin de s’atteindre l’un et l’autre. Ils n’avaient même pas de langue maternelle en commun, et cependant ils ont transpercé les différentes strates de la coutume, bravé toutes les sanctions, poussés par le besoin de s'exprimer qui sous-tend le désir.
Je connaissais tout de l'amour en tant que non-évènement, mais j'étais encore persuadée que c'était l'acte grâce auquel un individu pouvait vraiment apprendre à en connaître un autre et bâtir quelque chose à partir de ce qu'ils apprenaient. Il me semblait que William Mullan et Mme Talbot avaient été des bâtisseurs - avaient fait l'amour au sens littéral de "faire"-, ils avaient fabriqué l'amour. Leur passion menait à l'amour. Le jugement était plein des petites attentions qu'elle avait pour lui. Et lui -les trois ans qu'il avait passés avec elle étaient les trois mêmes années pendant lesquelles son monde à lui se convulsait et expulsait son propre peuple, mais il était resté avec elle alors qu'il ne pouvait y trouver, en fin de parcours que le châtiment. D'autant plus que je n'avais jamais réussi à faire ce voyage de l'amour; je croyais que le corps menait directement au chemin du coeur et que le coeur menait au chemin de l'âme.

 

LES PREMIERES PAGES : ICI

 

 

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"Les âmes soeurs" de Valérie Zenatti

Editions de l'olivier - 2010

 

"Elle n'avait qu'une hâte : retrouver le livre, se sentir absorbée par lui, reprendre place dans cette vie secrète etintense où tout lui était possible, où tout était vivable. "

 

4ème de couverture

« Rien ne doit gâcher la journée qui s’ouvre, telle une fleur fragile et rare. Le temps s’écoule seconde après seconde et il devient précieux. 9 heures 05. »

Ce matin-là, Emmanuelle a décidé de tout envoyer promener : enfants, mari, travail… et de prendre sa journée. Pour elle, pour vivre quelques heures de liberté absolue. Et pour lire le roman qu’elle vient de commencer et que nous découvrons avec elle : la confession d’une photographe, une passion fulgurante, des images de guerre.

Elle marche dans Paris, obsédée par cette femme qu’elle ne connaît pas mais qui touche en elle ce qu’elle a de plus intime, des peines assourdies et des amours non vécues. Son errance se double alors d’un voyage intérieur à travers les fragments d’un passé soudainement libéré.

 

1er EXTRAIT
Enhardie par ses confidences, elle avait tourné autour du trou noir qu'elle visualisait chaque matin en regardant son ventre. Elle avait raconté comment elle avait mystérieusement survécu à la mort de sa mère, combien cela lui avait paru facile, la plupart du temps, puisqu'elle ne ressentait plus rien. Comme si on l'avait trempée dans un bain glacé pour figer toute émotion. Elle avait honte de sentir sur elle ces regards apitoyés. La pauvre petite. C'est si dur de perdre sa mère, à cet âge. Mais ce n'était pas dur puisqu'elle y arrivait, du haut de ses dix ans.
Plus encore que le manque de sa mère, elle avait le manque de la peine qu'elle aurait dû ressentir. La petite fille assise à l'avant de la voiture sur une route en lacets s'était enfuie en emportant son chagrin, etEmmanuelle  ne savait pas où la chercher. Elle l'imaginait échevelée, vivant au coeur d'une forêt lointaine, mi-recluse, mi prisonnière, se nourrissant de baies et de champignons, creusant la terre à mains nues pour enfouir son chagrin par petits paquets qui, mêlés aux brindilles et à la mousse, donnaient vie à des fleurs géantes et rouges, vénéneuses, invisibles pour tous sauf pour la petite fille. - page : 99

 

2ème EXTRAIT

Un jour, je n'ai plus rien supporté : les meubles des années 60 dont les portes fermaient mal et qu'il fallait caler avec un rectangle en carton, la nappe au crochet sur la table du salon, l'odeur de légumes boullis mélangée à celle du tabac. Et l'album photo de maman.
Surtout l'album photo.
Peuplé de gens que je n'avais pas connu, qui avaient vécu et étaient morts bien avant moi, dont j'avais du mal à retenir les prénoms compliqués - personne ne s'appelait comme ça autour de moi, personne ne portait ces noms dans les livres que je lisais, les films que je voyais : Bluma, Olga, Yehiel, Rivka, Eliezer, Yitzhok, Myriam, Saralé, Shlomo,j'avais envie de mordre l'index de ma mère qui pointait les poitrines, de le croquer jusqu'à l'os. Elle psalmodiait des mots qui valsaient comme de la poussière dans un rayon de soleil : oncle, tante, cousin, grand-père, grand-mère, petit cousin...

Parfois, je m'imaginais jeter l'album dans la Seine. Les photos flottaient quelques secondes avant de disparaître. Je me sentais légère, aérienne, débarassée de ces inconnus aux sourires figés et plein de reproches. - page : 114

 

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"Grâce et dénuement" d'Alice FERNEY

Editions Acte sud / Poche Babel - 2000

 

Présentation de l'éditeur

Dans un décor de banlieue, une libraire est saisie d’un désir presque fou : celui d’initier à la lecture des enfants gitans privés de scolarité. Elle se heurte d’abord à la méfiance, à la raillerie et au mépris qu’inspirent les gadjé. Mais elle finit par amadouer les petits illettrés, en même temps qu’elle entrevoit le destin d’une famille sur laquelle règne une veuve mère de cinq fils.
Dans ce troisième roman, récompensé par le prix "Culture et bibliothèques pour tous", Alice Ferney excelle à faire entendre les voix intérieures de ses personnages, leurs sentiments inavoués, leurs désirs brimés, leurs solitaires affrontements avec la fatalité.

 

Extrait :

"Un peu plus loin, du côté des caravanes, les femmes étaient aussi entre elles , groupées autour du feu comme autour de leurs secrets, qui n’étaient pas tant ce qu’elles savaient ou fabriquaient, et qu’elles auraient voulu taire, mais ce qu’elles ressentaient et qu’elles ne pouvaient pas dire. Parce qu’on a beau vouloir croire le contraire, un homme, un mari, ça ne comprend pas tout. Ca ne comprend rien ! disait Angéline, qui pensait à ses nuits de désir muet que l’époux n’avait pas soupçonnées, lui qui avait pu dormir à côté d’elle sans la toucher. Oh mais oui ! Il avait refusé de voir cette nature flamboyante qui avait fait cinq fils sans se coucher. Elle le répétait : les hommes et les femmes, c’est rien de commun, et ça tient toujours à cause des femmes. Parce qu’elles en finissent assez vite de s’aveugler et de vouloir. Elles voient, après la chair, l’amour et les caresses, qu’ils s’arrêtent jamais de prendre, et qu’il y a rien d’autre à faire que donner. Et ce qu’elle-même avait donné, non décidément elle ne l’avait plus, pensait Angéline., son ventre, sa douceur de nid, son élan pour diriger la vie sur un bon chemin et la gaieté d’avoir à le faire. Toute cette grâce pour vivre s’était diluée dans une grande fatigue. L’épuisement était entré en elle imperceptiblement, un jour derrière l’autre à se dire qu’elle se sentirait mieux le lendemain, un mois glacé après un autre, une année mauvaise suivant une qui n’avait pas été facile (on passe son temps à attendre au lieu d’être). L’épuisement avait d’abord emporté la fraîcheur de son visage – sans que personne n’y vît rien car elle continuait de sourire et elle était encore jolie. Puis la force incroyable de son corps, la vitalité inaltérable qui le portait vers une tâche, cela s’était perdu ensuite. Son visage alors était devenu ridé et gris (lui qui avait été rond et fruité) et ses yeux étaient entrés dans deux petites cavernes bleues dont ils ne sortiraient plus jamais, et elle avait grossi à force de moins se remuer. Pour finir il n’était rien resté de ce qui avait fait la femme et la mère. Quand l’immense appétit (de plaisir et d’enfant, de vin, de fêtes, de bon sommeil et de vie) s’était usé contre le mari endormi, affalé, mort enfin, elle était restée seule avec une étrangère : elle-même veuve et vieillie. Elle était lasse maintenant, et lui, ce mari qui l’avait prise et gardée, tout de même n’en était pas venu à bout : il était mort avant elle. Elle n’en avait pas choisi d’autre. Non qu’elle n’eût pas une nouvelle envie d’amour, mais c’était une envie simple et minuscule, elle aurait voulu cette fois ne donner que sa peau. Or sa peau ne pouvait suffire (ça ne suffisait jamais d’ailleurs), elle était fripée depuis longtemps. Que la vie est triste se disait quelquefois Angéline, on ne fait que décliner après avoir travaillé, et nous, les Gitanes, on a pas le temps d’apprendre quelque chose, un métier, le monde comment il est tourné, que déjà on se trouve grosse, accaparée par les enfants et le mari.

Alors, les jours noirs, Misia disait à Milena : Les hommes c’est rien même la vieille elle le croit." (Pages 46 - 47)

 

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"Marie sans terre"" d'Yves Jacob

Présentation de l'éditeur

L'authentique histoire de Marie, jeune Normande du Bessin, au cours du 20e siècle. Un émouvant roman témoignage du passé.

1920, en Normandie. Une fillette de trois ans vagabonde avec son jeune frère et une mère alcoolique sur les plages et dans les chemins du Bessin. Ils survivent en récoltant moules et escargots qu'ils revendront au plus offrant. Ils dorment dans les fossés ou sur la paille des granges. A onze ans, Marie devient apprentie puis trayeuse de vaches dans une ferme. A seize ans, elle touche son premier salaire. Sa rencontre avec Julien à la veille de la déclaration de guerre bouscule définitivement sa vie.

 

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"Le Premier jour " de Marc Levy

Editions Pocket - 2010

4ème de couverture

Une grande histoire d'amour
Un grand roman d'aventures
Un étrange objet trouvé dans un volcan éteint va révolutionner tout ce que l'on croit savoir de la naissance du monde.
Il est astrophysicien, elle est archéologue. Ensemble, ils vont vivre une aventure qui va changer le cours de leur vie et de la nôtre.

 

Lire le premier chapitre

 

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"Les énervés de Jumièges" de Dominique Bussillet

Editions Cahiers du Temps - 2007

 

4ème de couverture

Inspiré par un épisode légendaire de notre histoire, le tableau d'Évariste Vital Luminais « Les Énervés de Jumièges » n'a pas cessé d'exercer une étrange fascination. La légende et le tableau ont fait couler beaucoup d'encre. Ronsard, Marcel Proust, Simone de Beauvoir, Salvador Dali se sont exprimés en leur temps sur le sujet.
Dominique Bussillet a ressenti un tel choc émotionnel en découvrant le tableau au musée des Beaux-Arts de Rouen qu'elle a voulu en savoir plus sur cette toile et l'insolite présence de ces deux personnages dérivant sur la Seine vers l'abbaye de Jumièges.

 

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"Stoner" de John Williams

Editions La dillettante - 2011

Traduit par Anna Gavalda

 

Né pauvre dans une ferme du Missouri en 1891, le jeune William Stoner est envoyé à l’université par son père – et au prix de quels sacrifices –, pour y étudier l’agronomie. Délaissant peu à peu ses cours de traitement des sols, ce garçon solitaire découvre les auteurs, la poésie et le monde de l’esprit.

 

4ème de couverture

C’est en lisant une interview de Colum McCann parue dans le quotidien anglais The Guardian il y a quelques années que j’ai découvert Stoner de John Williams. McCann affirmait que ce roman, publié en 1965, était un grand oublié de la littérature américaine, ajoutait qu’il en avait déjà acheté plus d’une cinquantaine d’exemplaires pour l’offrir à ses amis et que c’était un texte qui touchait autant les écrivains que les simples lecteurs. Cette précision m’avait mis la puce à l’oreille et je m’étais empressée de le lire. De le lire, de l’aimer et d’avoir envie de le partager à mon tour. Hélas, il n’avait jamais été édité en français. La suite est simple : j’ai demandé à mon éditeur d’en acquérir les droits, ai vaguement cherché un traducteur patenté et ai fini par m’avouer ce que je savais déjà, à savoir que William Stoner, c’était moi, et que c’était à moi de m’y coller. Pour le meilleur, pour ce « vertige de l’orpailleur » évoqué dans le chapitre IX – expression qui n’est pas dans le texte original et que je me sais gré d’avoir inventée – ceux qui liront jugeront, et pour le pire: des heures et des heures passées arc-boutée sur un bout de phrase que je comprenais, que je « voyais » mentalement, mais qu’il m’était impossible de traduire… Pourquoi tant d’enthousiasme et tant de peines ? Je ne sais pas. Voilà un roman qui n’a rien de spectaculaire. Le récit d’une vie âpre, austère, une vie de prof, une vie passée sous silence et tout entière consacrée à la littérature, bref pas très sexy, j’en conviens et n’en espère aucun miracle, mais je suis bien heureuse d’avoir été au bout de ce projet. D’une part parce qu’il m’a beaucoup appris sur « le métier », toutes ces histoires de légitimité, de liberté, de respect dû à une voix plutôt qu’à une langue m’ont passionnée, d’autre part parce c’est un roman qui ne s’adresse pas aux gens qui aiment lire, mais aux êtres humains qui ont besoin de lire. Or, avoir besoin de lire n’est pas forcément un atout, ce peut être, même, souvent, un handicap. Se dire que la vie, bah… tout compte fait, n’est pas si importante que ça et que les livres pareront à ses manquements, c’est prendre le risque, souvent, de passer à côté. William Stoner donne cette impression de gâchis. D’ailleurs c’est une question qui le hante au moment de sa mort : parce que j’ai aimé lire plus que tout, j’ai déçu mes parents, perdu des amis, abîmé ma famille, renoncé à ma carrière et eu peur du bonheur, ai-je raté ma vie ?
Quelques battements de cils plus tard, il y répond et, en essayant de le servir le mieux possible, j’y ai répondu aussi. Car en vérité, et nous pouvons l’avouer, que nos vies soient ratées ou pas nous importe moins que cette question posée par un professeur à ce jeune homme gauche, fruste et solitaire qui n’a encore jamais mis les pieds dans une bibliothèque et qui deviendra mon héros :
« M.Stoner, M.Shakespeare s’adresse à vous à travers trois siècles. L’entendez-vous ? »
Anna Gavalda

 

« Au cours de sa quarante-troisième année, William Stoner apprit ce que d’autres, bien plus jeunes, avaient compris avant lui : que la personne que l’on aime en premier n’est pas celle que l’on aime en dernier et que l’amour n’est pas une fin en soi, mais un cheminement grâce auquel un être humain apprend à en connaître un autre. »


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